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Christ tout l'honneur que nous lui avons refusé jusqu'à présent, et qui lui étoit dû par tant de titres. Pensée solide et touchante; pensée qui répond parfaitement aux vues de l'Église, et qui nous doit être toujours présente, si nous voulons célébrer cette fête en esprit et en vérité.

IV. Cependant il ne suffit pas que nous ayons ce zèle en général; mais pour en venir à la pratique et aux réparations particulières que Jésus-Christ attend de nous, elles se réduisent à deux chefs : l'un, qui regarde l'Eucharistie comme sacrement; l'autre, qui la regarde comme sacrifice : le premier, fondé sur le mauvais usage que nous avons fait de la communion; le second, sur la manière peu chrétienne avec laquelle nous avons tant de fois assisté au sacrifice de la messe. Car c'est à ce sacrifice et à ce sacrement que se rapportent tous les péchés dont nous nous sommes rendus coupables envers le corps de Jésus-Christ; et par une miséricorde infinie de Dieu, c'est dans ce même sacrement et ce même sacrifice que nous trouvons de quoi lui en faire une pleine satisfaction. Toute autre satisfaction que nous pourrions imaginer ne seroit ni égale à l'offense que nous avons commise, ni conforme aux inclinations de ce Dieu Sauveur, dont la gloire est inséparable de notre salut. Et voilà l'excellent secret que la religion nous enseigne. Voilà ce que nous devons désormais pratiquer avec Loute la ferveur dont nous sommes capables. Secret qui consiste à hỏnorer le corps de Jésus-Christ, par où nous l'avons si long-temps peut-être et si souvent profané.

SI. Comment nous devons réparer les outrages que nous avons faits à la divine Eucharistie, considérée comme sacrement.

1. Souvenons-nous d'abord, mais avec une extrême douleur, de tant de communions peut-être sacriléges, lorsqu'emportés par le torrent du monde nous vivions dans le désordre de nos passions, approchant des sacrements dans l'état d'une conscience déréglée, et avec de secrètes attaches au péché. Quel outrage, ou, comme parte saint Cyprien, quelle violence ne faisions-nous pas au Fils de Dieu, en le recevant ainsi pour notre condamnation, lui qui vouloit être notre vie? Souvenons-nous au moins de tant de communions lâches, c'està-dire de tant de communions faites avec négligence et sans préparation: communions tièdes, auxquelles nous n'avons apporté qu'un esprit dissipé, qu'un coeur froid et indifférent; communions inutiles, qui n'ont produit nul changement en nous, parcequ'elles n'avoient été précédées de nuile épreuve de nous-mêmes; communions en vertu desquelles nous n'avons été ni plus réguliers, ni plus humbles, ni plus charitables envers le prochain. Pouvons nous compter sur de télles communions, et avons-nous pu nous en faire un merite auprès de Jésus-Christ? Enfin souvenons-nous de ces éloignements de la communion où nous nous sommes entretenus, et qui ont été si injurieux à

Jésus-Christ; quand par indévotion, par insensibilité, par un attachement opiniâtre aux créatures, nous n'avons pas voulu faire le moindre effort pour surmonter les obstacles qui nous empêchoient de communier. N'étoit-ce pas mépriser ouvertement le corps de notre Dieu, quoique d'ailleurs l'esprit d'erreur, pour justifier notre conduite, nous suggérât assez de prétextes, surtout celui d'un faux respect, qui ne servoit qu'à nous endurcir davantage dans nos déréglements?

II. Il s'agit de faire à Jésus-Christ une réparation authentique de tout cela, et nous ne le pouvons que par la communion même. Car, suivant trois belles maximes de saint Chrysostome, la communion sa crilége ne peut être réparée que par de saintes communions; la communion lâche, que par des communions ferventes; et les omissions volontaires de la communion, que par la fréquentation du divin sacrement, accompagnée de toutes les dispositions requises. Il faut donc que désormais notre plus grand desir soit d'en approcher; notre plus grand soin, de nous y preparer; et notre plus grande douleur, de tomber dans un état qui nous oblige à nous en éloigner. Il faut que nous ayons un exercice de préparation, auquel nous nous aitachions inviolablement, et que l'un des motifs qui nous y engagent soit de réparer toutes nos profanations et toutes nos négligences passées. Chacun peut se prescrire à soi-même cet exercice, en le soumettant néanmoins à l'examen et au jugement d'un directeur. Quand nous nous le serons ainsi tracé nous-mêmes, nous y trouverons plus de goût, et nous y deviendrons plus fidèles. Quoi qu'il en soit, on he doit point communément approcher de la sainte table, satts avoir pris quelque temps pour rentrer dans l'intérieur de son ame, sans avoir fait quelque réflexion ou quelque lecture sur le sujet de cette importante action, sans s'y être disposé par quelqu'oeuvre de charité et dé pénitence. L'intérêt de Jésus-Christ, dont nous nous sentirons touchés, nous rendra tout facile.

IH. Mais de quelque méthode que nous usions, nous devons toujours communier avec humilité et avec amour, avec crainte et avec confiance, avec un profond respect, et un desir ardent de nous unir à Jésus-Christ. Car c'est là, c'est dans le juste tempérament de ces mouvements du cœur, contraires en apparence, mais en effet d'un merveilleux accord, que doit consister pour nous la sainteté de la communion. Ne séparons jamais l'un de l'autre. Que la crainte de communier indignement soit toujours comme le contre-poids du desir que nous avons de communier; et que la confiance et l'amour soient toujours soutenus de l'humilité et du respect. Voilà en substance toute la perfection de la communion chrétienne. Mais, pour commencer à en faire l'épreuve, ne communions point dans cette oclave que nous n'ayons fait auparavant à Jésus-Christ une amende honorable de toutes nos irrévérences, de toutes nos dissipations, de toutes

nos tiédeurs, de tous nos scandales, de toutes les injures qu'il a eu à essuyer de nous; et que, dans ce dessein, nous ne nous soyons prosternés devant son autel.

IV. Allons à lui comme l'enfant prodigue alla à son père, contrits et pénitents, la tête baissée, et n'osant même lever vers lui les yeux pour le contempler. Disons-lui, dans les mêmes sentiments de douleur et de confusion que ce fils ingrat et rebelle, mais enfin suppliant et soumis: Ah! Seigneur, puis-je encore paroître en votre présence? et par quel prodige de votre infinie bonté, souffrez-vous à vos pieds une ame criminelle, et lui permettez-vous d'approcher de votre sanctuaire? J'ai péché, mon Dieu, j'ai tant de fois péché contre le ciel, contre vous, devant vous! Oui, Seigneur, j'ai péché contre le ciel, puisque je ne pouvois pécher contre vous sans pécher contre votre Père, contre votre divin Esprit, contre tout ce qu'il y a de bienheureux dans le ciel, qui s'intéressent à votre gloire. J'ai péché contre vous, et n'est-ce pas directement à vous que je me suis attaqué, en déshonorant votre corps, en ne lui rendant pas les hommages que je lui devois, en le profanant? Mais surtout, Seigneur, j'ai péché devant vous, sous vos yeux, à votre autel, à votre table.

V. Ajoutons: Dans le repentir qui me touche et le regret que me cause la vue de tant d'infidélités, je ne demande point, ô mon Dieu, que vous me mettiez encore au nombre de vos fidèles adorateurs. Je ne suis pas digne que vous me comptiez parmi vos enfants, ni que dans votre sacré banquet vous me communiquiez les mêmes graces et me fassiez part des mêmes faveurs qu'à tant d'ames pures et ferventes..Je ne le méritai jamais; jamais il n'y eut rien en moi qui pût m'élever à ces entretiens si doux, si tendres, si intimes, et même si familiers, dont il vous plaît de les gratifier. Mais, Seigneur, vous avez plus d'une bénédiction. Il y a dans votre royaume plusieurs places, et au même autel vous parlez et vous agissez différemment. Si cette différence n'est pas sensible aux yeux, elle l'est au cœur. Traitez-moi donc, mon Dieu, j'y consens, traitez-moi comme un esclave, et le dernier de vos esclaves. Mais souvenez-vous aussi que tout méprisable et tout vil qu'est un esclave, le maître lui accorde le pain nécessaire pour le nourrir. Voilà ce que j'attends de vous, et ce que je cherche auprès de vous. De quelque manière que vous vous compor. tiez du reste envers moi, je m'estimerai toujours heureux, et je regarderai comme un avantage inestimable, si vous daignez m'admettre à la participation de votre corps et de votre sang. Qu'oserai-je prétendre au-delà; et si même je ne savois combien vous êtes libéral et bienfaisant, oserai-je me flatter d'un tel retour de votre part, et concevoir en votre miséricorde une telle confiance?

VI. Disons, encore: Que n'est-il, Seigneur, que n'est-il présentement en mon pouvoir de vous rendre tout l'honneur que je vous ai ravi que ne puis-je autant relever votre culte que je l'ai profané et

avili ! que ne puis-je le répandre par toute la terre, et vous faire connoître, vous faire adorer, vous faire aimer dans tout l'univers ! Que dis-je, Seigneur? c'est beaucoup pour moi si j'apprends bien moimême à vous connoître, et si, dans la vive connoissance de vos grandeurs et de vos innombrables perfections, je commence à vous adorer comme vous devez l'être, et à vous aimer. Agréez du moins, mon Dieu, agréez sur cela les voeux de mon cœur. Agréez les vœux de tant de fidèles, avec qui je vais me présenter pour vous recevoir, et à qui je m'unis d'intention. Tout ce qu'ils vous diront, je vous le dis, ou je veux vous le dire comme eux. Seigneur, que je puisse aussi comme eux l'éprouver au fond de mon ame, et le sentir!

N'en doutons point, Dieu écoutera cette prière. Il nous traitera de même que le père du prodigue traita son fils, dès qu'il le vit humilié devant lui et repentant. Il nous embrassera, il nous fera asseoir à son festin, il se réjouira de notre retour avec ses anges et ses élus. Nous aurons part à cette joie ; nous nous trouverons remplis d'une tendre dévotion, souvent même de la plus douce consolation. L'Église en sera édifiée, et voilà d'abord comment nous entrerons dans ses vues, et nous accomplirons le dessein qu'elle s'est proposé.

§ II. Comment nous devons réparer les outrages que nous avons faits à la divine Eucharistie, considérée comme sacrifice.

I. Après avoir considéré la divine Eucharistie comme sacrement, nous la devons considérer comme sacrifice. Sacrifice véritable, puisque c'est dans cet adorable mystère, et par cet adorable mystère, que la vraie chair et le vrai sang de Jésus-Christ sont présentés à Dieu, en qualité de victimes: et c'est en ce même sens que saint Augustin appelle l'Eucharistie la victime sainte et le sacrifice du médiateur. Sacrifice d'une valeur inestimable et d'un prix infini, puisque c'est un Dieu qui y est offert, et le même Dieu qui s'offrit sur la croix. Sacrifice de la loi nouvelle, dont tous les sacrifices de l'ancienne loi ne furent que les ombres et que les figurés. Sacrifice unique dans cette loi de grace où nous sommes. Tous les autres sacrifices sont abolis, et celui-ci en est la consommation. Car comme le Fils de Dieu disoit à son Père, par la bouche de David: Vous n'avez plus voulu, ô mon Père, du sang des animaux. Il vous falloit une hostie plus pure et plus noble: c'est moi-même. Ainsi moi-même je suis venu, et moimême je me suis sacrifié. Sacrifice non sanglant, puisque le sang Jésus-Christ n'y est plus.répandu comme dans sa passion; mais sacrifice néanmoins qui renferme toutes les graces et tous les mérites de cette passion sanglante, puisqu'il s'y fait la même oblation. Sacrifice universel et perpétuel: universel, pour tous les lieux du monde; Ferpétuel, pour tous les temps jusques à la fin des siècles. Sacrifice de louange, qui honore Dieu de la manière la plus parfaite dont il puisse être honoré; d'impétration, qui attire sur nous les bénédic

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tions de Dieu et ses dons les plus précieux ; de propitiation, qui nous rend Dieu favorable, et qui apaise sa colère: d'expiation, qui nous acquitte auprès de Dieu, et communique pour cela sa vertu aux vivants et aux morts. Voilà ce que nous appelons dans l'Église catholique le sacrifice de la messe.

II. Or, par rapport à ce sacrifice, combien est-on coupable, soit en n'y assistant pas, soit en y assistant mal? En n'y assistant pas : tant de chrétiens et de catholiques font professión d'en reconnoître la vé rité, la sainteté, la dignité, et cependant n'y assistent presque jamais! Plusieurs n'y assistent pas, même aux jours ordonnés par l'Église, ou s'en dispensent pour la plus légère incommodité. Mais du moins est-ilrien de plus commun dans le monde que de voir des personnes se faire une habitude de n'entendre jamais la messe aux jours non commandés? comme s'ils n'avoient ces jours-là nul devoir de religion à remplir; comme s'ils étoient moins catholiques, ou qu'ils dussent moins honorer Dieu; comme si Jésus-Christ avoit moins de quoi les attirer par amour, par piété, par intérêt, à un sacrifice où ce Dieu Sauveur s'immole pour nous, où il agit si efficacement pour nous auprès de son père, et où il verse si libéralement sur nous ses graces.

III. Telle est néanmoins la conduite d'une infinité de mondains. La moindre affaire, et souvent, sans nulle affaire, une molle oisiveté les arrête. Telle est surtout la conduite d'une infinité de femmes. Une delicatesse outrée, un mauvais temps, quelques pas qu'il leur en coûteroit, quelques moments qu'il y auroit à retrancher de leur sommeil, le soin de s'ajuster et de se parer, en voilà plus qu'il ne faut pour les retenir. L'Église a beau faire donner le signal pour appeler les fidèles : les temples sont déserts, et le plus auguste sacrifice est abandonné. Si c'étoit le signal d'une partie de plaisir, d'une partie de jeu, on s'y rendroit bientôt. Si c'étoit le signal d'une heure marquée pour paroître devant un roi de la terre, ou pour solliciter un juge, on y seroit attentif, et l'on ne manqueroit pas de diligence. Mais dès qu'il n'est question que d'un exercice chrétien, et en particulier de la messe, on n'y pense pas, et tout sert d'excuse pour s'en exempter. En vérité, n'est-ce pas là un mépris formel de la plus grande action du christianisme, et n'est-ce pas ainsi qu'en jugeroit un idolâtre, s'il en étoit témoin?

IV. D'autres sont plus assidus au sacrifice de la messe : ils y assistent; mais ils n'en sont guère moins criminels, parcequ'ils y assistent mal. Rappelons dans notre mémoire combien de fois nous y avons assisté sans application, sans réflexion, sans dévotion, avec une imagination distraite, tout occupés des pensées du monde, et n'y donnant aucune marque de religion. Combien de fois une femme volage et sans retenue a-t-elle fait de ce sacrifice le sujet de ses scandales; y tenant des postures indécentes, y parlant et s'y entretenant avec la même liberté que dans une assemblée toute mondaine, y satisfaisant sa va

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