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X. Un si grand changement fut opéré par l'intervention d'un seul homme. L'armée, peu auparavant victorieuse, fut taillée en pièces par celle qui avait été vaincue; et le général qui avait battu et mis en fuite le consul, fut à son tour amené lui-même prisonnier : spectacle imposant pour le peuple romain, ornement brillant pour le triomphe du consul, qui, l'année suivante, à son retour à Rome, obtint cet honneur d'une voix unanime. Tandis que les Fabius remportent de tels succès dans le Samnium, D. Brutus, l'autre consul, n'était pas moins heureux dans le pays des Falisques, qui lui était échu pour département. En effet, aidé de Sp. Carvilius, que le sénat lui avait aussi donné pour lieutenant, comme un homme qui savait la guerre et connaissait bien l'ennemi, puisque, l'année précédente, il l'avait vaincu dans son consulat, il ravagea entièrement une grande partie de l'Étrurie, et vainquit dans une bataille les Falisques qui avaient osé marcher à sa rencontre.

XI. A Rome, à la nouvelle de ces victoires, comme le temps des comices était venu, et qu'il semblait préjudiciable à la république de détourner les consuls de leurs expéditions, on créa interroi L. Postumius Megellus, qui se fit nommer consul dans l'assemblée qu'il présidait lui-même ; conduite sans exemple jusqu'alors, si l'on excepte celui qu'avait donné Appius Claudius, mais que pas un homme de bien n'avait approuvé. Postumius afficha dans sa magistrature la même arrogance qui l'y avait fait entrer. Sottement fier de sa noblesse et du consulat qu'il exerçait alors pour la troisième fois, il méprisait son collègue C. Junius Brutus, plébéien, qu'il regardait comme fort au dessous de lui. Dès qu'il fut question des provinces, il ne voulut ni s'entendre avec Brutus, ni les

provinciis agi cœptum est, neque comparare cum Bruto, neque sortiri voluit, « administrationem samnitici belli extra ordinem » poscens, «< tanquam sibi debitam,» quod duobus prioribus consulatibus res sese magnas adversus eumdem illum hostem gessisse » diceret. Multis in senatu contentionibus jactato negotio quum C. Junius se hominem novum adversus gratiam et potentiam collega jus suum obtinere non posse videret, ad extremum, « ne discordia consulum bono publico fraudi esset, sponte se cedere » testatus est.

XII. Premebat adhuc Urbem agrosque pertinax contagionis malum, quod, tertium jam annum, expertis omnia, neque divina ope ulla, neque humana pelli potuerat. Igitur sive Sibyllinis ex libris, sive delphici oraculi admonitu (nam, hoc quoque traditur), decem legati missi sunt, qui Esculapium ab Epidauro, qua in urbe natus esse credebatur, Romam arcesserent. Quanquam enim perplexum satis responsum erat, neque providere eventum rei patres poterant, obsequendum tamen diis statuerunt; ipsos viam explicaturos esse rati, qua possent eorum fata procedere. Res inde mira dictu sequitur; sed multis fidisque auctoribus, ipsaque structura ædis, quæ tum in Tiberis insula facta dedicataque est, compertæ veritatis. Quum apud Epidaurios mandata legati romani edidissent, excepti quidem benigne ;

tirer au sort, demandant «qu'on lui confiât extraordinairement la conduite de la guerre des Samnites, honneur qui lui était dû à cause des succès éclatans qu'il avait, disait-il, obtenus dans ses deux premiers consulats contre ces mêmes ennemis. » L'affaire suscita de longs débats parmi les sénateurs; enfin C. Junius, voyant qu'un homme nouveau, comme lui, ne pouvait faire prévaloir son droit contre le crédit et la puissance de son collègue, déclara «que, pour faire cesser une discorde susceptible de porter atteinte au bien public, il abandonnait de plein gré ses prétentions. >>

XII. La ville et les campagnes étaient encore désolées par un fléau destructeur, contre lequel on avait, depuis trois ans, inutilement imploré le secours des dieux et des hommes. Aussi, d'après la réponse des livres Sibyllins, ou de l'oracle de Delphes, comme le prétendent certains auteurs, on fit partir dix députés avec ordre d'aller chercher le dieu Esculape à Épidaure, lieu présumé de sa naissance, et de l'amener à Rome. En effet, bien que la réponse de l'oracle fût obscure, et que la réussite du voyage parût incertaine aux sénateurs, ils résolurent cependant d'obéir aux dieux, qui ne manqueraient pas sans doute d'indiquer les moyens de conjurer les rigueurs de la destinée. On rapporte ensuite un fait miraculeux, mais que l'on ne peut refuser de croire, sur le témoignage d'un grand nombre d'auteurs graves, et à la vue de la structure seule du temple alors bâti et dédié dans une île formée par le Tibre. Les députés romains, à leur arrivée, exposèrent l'objet de leur mission, et furent reçus avec bienveillance par les habitans d'Épidaure; mais

sed quia parum liquebat quid concedi posset, ut ipsi deportarent, quidquid ex usu videretur, in templum Esculapii deducti sunt.

XIII. Apud Græcos ferme locis apricis excelsisque numinis istius constitutæ sedes sunt : Epidaurii quoque quinque millibus passuum ab urbe distaus templum habebant, celeberrima iis temporibus fama, donisque hominum, qui valetudinem credebant ibi recepisse, prædives. Huc adducti, dum ingentis molis simulacrum, Thrasymedis Parii nobili ingenio fabrefactum, admirantur; ingens repente serpens ex ipsis adytis prolapsus animos omnium horrore summo et religione perfudit. Sacerdotes enim venerabundi, « ipsum in hoc angue numen esse, et nonnunquam hac forma conspici, salutari semper ostento, » clamitabant. Biduo conspectus in templo serpens, deinde iterum reconditus est: tertio die, per medios spectantium venerantiumque cœtus recta perrexit ad portum, ubi romana triremis stabat; quam ingressus, in tabernaculo Q. Ogulnii, qui princeps legationis erat, multiplici spirarum orbe se composuit. Ferebatur antiquitus fabula, «< eumdem illum Æsculapium forma serpentis indutum, aliquando Epidauro Sicyonem mularum jugis deportatum fuisse, Nicagora quadam, Echetimi uxore, deducente. >>

XIV. Læti ergo prodigio Romani, tanquam præsen

comme ces derniers ne savaient trop ce qu'ils pouvaient concéder aux ambassadeurs, ils les conduisirent dans le temple d'Esculape, pour les mettre à portée de choisir eux-mêmes ce qui serait à leur convenance.

XIII. Chez les Grecs, c'est presque toujours dans des lieux découverts et sur des hauteurs que sont bâtis les temples de cette divinité. Celui des Épidauriens, situé à cinq milles environ de leur ville, était, à cette époque, le plus renommé et le plus riche par les offrandes de ceux qui croyaient y avoir trouvé une guérison miraculeuse. Introduits dans ce temple, les Romains admiraient une statue colossale, chef-d'œuvre du génie créateur de Thrasymède de Paros, lorsque tout à coup un énorme serpent, sorti du fond du sanctuaire, frappa les assistans d'une profonde et religieuse horreur; et les prêtres, dans leur pieuse vénération, de s'écrier «Que c'était Esculape lui-même qui se montrait sous la forme de ce serpent, comme il l'avait fait plus d'une fois, apparition toujours favorable et salutaire. » Le reptile fut aperçu deux jours de suite dans le temple, puis il disparut de nouveau : le troisième jour, traversant la foule saisie d'un saint respect, il alla droit au port, où la trirème des Romains était à l'ancre; il y pénétra, fut se placer dans le pavillon de Q. Ogulnius, chef de l'ambassade, et s'y établit après s'être roulé en plusieurs replis. Un vieux récit fabuleux apprenait «< Que le même Esculape, sous la figure d'un serpent, avait été porté d'Épidaure à Sicyone sur un char traîné par des mules, et conduit par une certaine Nicagora, femme d'Échétime. »

XIV. Charmés du prodige, les Romains mirent à la

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