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3.

S'il n'y avait point de faux miracles, il y aurait certitude. S'il n'y avait point de règle pour les discerner, les miracles seraient inutiles, et il n'y aurait pas de raison de croire. Or, il n'y a pas humainement de certitude humaine, mais raison 1.

4.

Toute religion est fausse, qui, dans sa foi, n'adore pas un Dieu comme principe de toutes choses, et qui, dans sa morale, n'aime pas un seul Dieu comme objet de toutes choses.

5.

Les Juifs avaient une doctrine de Dieu comme nous en avons une de JÉSUS-CHRIST, et confirmée par miracles; et défense de croire à tous faiseurs de miracles, et, de plus, ordre de recourir aux grands-prêtres et de s'en tenir à eux 2. Et ainsi toutes les raisons que nous avons pour refuser de croire les faiseurs de miracles, ils les avaient à l'égard de leurs prophètes. Et cependant ils étaient très coupables de refuser les prophètes, à cause de leurs miracles, et n'eussent pas été coupables s'ils n'eussent point vu les miracles: Nisi fecissem, peccatum non haberent 3. Donc toute la créance est sur les miracles.

5 bis.

La prophétie n'est point appelée miracle.

6.

Les preuves que JÉSUS-CHRIST et les apôtres tirent de l'Écriture ne sont pas démonstratives; car ils disent seulement que

1. Cette fin, retranchée dans Port-Royal comme obscure, parait se rapporter encore au miracle de la Sainte-Épine. C'est un miracle où il n'y a pas la certitude qu'il y aurait s'il n'existait pas de faux miracles, mais où il y a raison de croire, d'après la règle qui sert à discerner. Mais pourquoi ces mots, humainement, certitude humaine? Probablement parce que Pascal et les siens se croyaient assurés du miracle par une espèce de révélation supérieure à la certitude humaine.

2. Deutér. XVII, 12. Malach. 11, 7.

3. Le texte est : Si opera non fecissem in eis quæ nemo alius fecit, peccatum non haberent. Jean, xv, 24: Si je n'avais pas fait parmi eux des œuvres que personne n'a faites, ils ne seraient pas en péché.

Moïse a dit qu'un prophète viendrait, mais ils ne prouvent pas par là que ce soit celui-là, et c'était toute la question. Ces passages ne servent donc qu'à montrer qu'on n'est pas contraire à l'Écriture, et qu'il n'y paraît point de répugnance, mais non pas qu'il y ait accord. Or cela suffit, exclusion de répugnance, avec miracles.

7.

JÉSUS-CHRIST dit que les Écritures témoignent de lui, mais il ne montre pas en quoi.

Même les prophéties ne pouvaient pas prouver JÉSUS-CHRIST pendant sa vie 1. Et ainsi on n'eût pas été coupable de ne pas croire en lui avant sa mort, si les miracles n'eussent pas suffi sans la doctrine. Or ceux qui ne croyaient pas en lui encore vivant étaient pécheurs, comme il le dit lui-même, et sans excuse. Donc il fallait qu'ils eussent une démonstration à laquelle ils résistassent. Or ils n'avaient pas la nôtre, mais seulement les miracles; donc ils suffisent, quand la doctrine n'est pas contraire, et on doit y croire.

8.

JÉSUS-CHRIST a vérifié qu'il était le Messie, jamais en vérifiant sa doctrine sur l'Écriture et les prophéties, et toujours par ses miracles. Il prouve qu'il remet les péchés, par un miracle 3.

Nicodème reconnait, par ses miracles, que sa doctrine est de Dieu : Scimus quia venisti a Deo magister; nemo enim potest facere quæ tu facis, nisi fuerit Deus cum illo. Il ne juge pas des miracles par la doctrine, mais de la doctrine par les miracles.

9.

Il y a un devoir réciproque entre Dieu et les hommes. Il faut

1. Cela a été expliqué ailleurs (xix, 3).

2. Dans un passage déjà cité, Jean, xv, 22: Nunc autem excusationem non habent de peccato suo.

3. Pascal fait allusion à un passage qu'il a cité ailleurs (xvi, 9): Ut sciatis, etc. 4. Jean, 111, 2 : « Nous savons que tu es venu comme un maitre envoyé de Dieu; car personne ne peut faire les miracles que tu fais, si Dieu n'est avec lui.

lui pardonner ce mot : Quid debui1? « Accusez-moi, » dit Dieu dans Isaïe 2. Dieu doit accomplir ses promesses, etc.

Les hommes doivent à Dieu de recevoir la religion qu'il leur envoie. Dieu doit aux hommes de ne les point induire en erreur. Or ils seraient induits en erreur, si les faiseurs [de] miracles annonçaient une doctrine qui ne parût pas visiblement fausse aux lumières du sens commun, et si un plus grand faiseur de miracles n'avait déjà averti de ne les pas croire. Ainsi s'il y avait division dans l'Église, et que les ariens, par exemple, qui se disaient fondés en l'Écriture comme les catholiques, eussent fait des miracles, et non les catholiques, on eût été induit en erreur. Car, comme un homme qui nous annonce les secrets de Dieu n'est pas digne d'être cru sur son autorité privée, et que c'est pour cela que les impies en doutent; aussi un homme qui, pour marque de la communication qu'il a avec Dieu, ressuscite les morts, prédit l'avenir, transporte les mers, guérit les malades, il n'y a point d'impie qui ne s'y rende, et l'incrédulité de Pharao et des Pharisiens est l'effet d'un endurcissement surnaturel. Quand donc on voit les miracles et la doctrine non suspecte tout ensemble d'un côté, il n'y a pas de difficulté. Mais quand on voit les miracles et doctrine suspects d'un même côté, alors il faut voir quel est le plus clair. JÉSUS-CHRIST était suspect.

10.

Il y a bien de la différence entre tenter, et induire en erreur. Dieu tente, mais il n'induit pas en erreur. Tenter est procurer les occasions, qui n'imposant point de nécessité, si on n'aime pas Dieu, on fera une certaine chose 3. Induire en erreur, est mettre l'homme dans la nécessité de conclure et suivre une fausseté.

1. Isaïe, v, 4: Quid est quod debui ultra facere vineæ meæ, et non feci ei? « Qu'ai-je donc dù faire à ma vigne, que je n'aie pas fait ? Il faut pardonner ce mot de devoir à celui qui l'a employé, puisque Dieu l'emploie lui-même.

2. Isaie, 1, 18: Et arguite me, dicit Dominus.

3. C'est moins ici, je crois, un texte particulier, que ce qui résulte des divers textes. 4. Pascal mêle daus cette phrase les miracles de Moïse et ceux de Jésus.

5. Par exemple, on ne se promettra du Messie que des biens tempore's: voyez xv, 7. Ou bien on croira avec facilité celui qui appelle à l'idolâtrie et au péché par de faux miracles.

11.

Il est impossible, par le devoir de Dieu, qu'un homme cachant sa mauvaise doctrine, et n'en faisant paraître qu'une bonne, et se disant conforme à Dieu et à l'Église, fasse des miracles pour couler insensiblement une doctrine fausse et subtile; cela ne se peut. Et encore moins que Dieu, qui connaît les cœurs, fasse des miracles en faveur d'un tel.

12.

Il y a bien de la différence entre n'être pas pour JESUS-CHRIST, et le dire, ou n'être pas pour JÉSUS-CHRIST, et feindre d'en être. Les uns peuvent faire des miracles, non les autres; car il est clair des uns qu'ils sont contre la vérité, non des autres; et ainsi les miracles sont plus clairs.

13.

Les miracles discernent aux choses douteuses: entre les peuples juif et païen1; juif et chrétien ; catholique, hérétique; calomniésetcalomniateurs ; entre les deux croix 4. Mais aux hérétiques les miracles seraient inutiles, car l'Église, autorisée par les miracles, qui ont préoccupé la créance, nous dit qu'ils n'ont pas la vraie foi. Il n'y a pas de doute qu'ils n'y sont pas, puisque les premiers miracles de l'Église excluent la foi des leurs. Il y a ainsi miracle contre miracle, et premiers et plus grands du côté de l'Église 5.

14.

Contestation: Abel, Caïn. Moïse, magiciens". Élie, faux

1. Avant le Christ. Alors les miracles sont du côté des Juifs.

2. Après le Christ. Alors les miracles sont du côté des Chrétiens.

3. C'est-à-dire, dans la pensée de Pascal, entre Port-Royal et les Jésuites.

4. C'est-à-dire, entre la croix où mourait le Sauveur, et celle où un voleur était attaché à côté de lui. Port-Royal met les trois croix, parce qu'il y avait deux voleurs. Mais il n'y avait à discerner qu'entre JÉSUS-CHRIST d'une part, et ces criminels de l'autre. Ce qui a discerné, c'est le miracle qui a accompagné le dernier soupir de JÉSUS-CHRIST Matth. xxvII, 51.

5. Il semble qu'il y a là une contradiction; car il vient de dire que les miracles discernent entre les catholiques et les hérétiques. Voici, je pense, comment cela doit s'entendre. Au temps des anciennes hérésies, quand l'autorité de l'Eglise catholique n'était pas suffisamment établie encore, elle l'a été par les miracles; ils ont rendu incontestable ce qui était douteux. Maintenant il n'y a plus de doute, c'est l'Eglise qu'on doit croire, et rien, de la part des hérétiques déclarés, pas même les miracles, ne sauraient prévaloir contre elle.

6. C'est le développement de la première phrase du fragment qui précède. C'est-à-dire, les miracles ont discerné entre Abel et Caïn, entre Moïse et les magiciens, etc. Le miracle qui discerne entre Abel et Caïn, c'est Dieu qui parle, et qui déclare lui-même sa préférence. Genèse, iv, 4-7.

7. Les magiciens de Pharaon, Exode, vu.

prophètes 1. Jérémie, Ananias 2, Michée, faux prophètes, JÉSUS-CHRIST, Pharisiens. Saint Paul, Barjésu, apôtres, exorcistes, les chrétiens et les infidèles; les catholiques, les hérétiques; Élie, Énoch; Antechrist". Toujours le vrai prévaut en miracles. Les deux croix.

15.

Jamais, en la contention du vrai Dieu, la vérité de la religion, il n'est arrivé de miracle du côté de l'erreur et non de la vérité.

16.

Jean, VII, 408. Contestation entre les Juifs, comme entre les Chrétiens aujourd'hui. Les uns croyaient en Jésus-Christ, les autres ne le croyaient pas, à cause des prophéties qui disaient qu'il devait naître de Béthléem. Ils devaient mieux prendre garde s'il n'en était pas. Car ses miracles étant convaincants, ils devaient bien s'assurer de ces prétendues contradictions de sa doctrine à l'Ecriture; et cette obscurité ne les excusait pas,

1. III Rois, xviii, 38,

Des prophètes menteurs la troupe confondue

Et la flamme du ciel sur l'autel descendue.

2. Jérém. xxvIII, 16-17. Le miracle ne consiste ici que dans le fait de la prophétie qui s'accomplit; c'est pour cela peut-être que Port-Royal retranche cet exemple. De même pour celui de Michée (III Rois, XXII, 13-35).

3. Luc, v, 20-24.

4. Act. des Ap., xiii, 11.

5. Act. des Ap. XIX, 13-16: « Quelques exorcistes juifs qui parcouraient le pays essayèrent d'invoquer sur ceux qui étaient possédés des esprits malins le nom du Seigneur Jésus, en disant: Je vous adjure par Jésus que Paul annonce... Mais l'esprit mauvais leur répondit: Je connais Jésus, et je connais Paul; mais vous, qui êtesvous? Et un homme qui avait en lui un des plus méchants démons se jetant sur eux... les maltraita si fort, qu'ils s'enfuirent hors de la maison nus et blessés.

6. Il est parlé dans l'Apocalypse (x1) de deux témoins du Seigneur, qui prophétiseront à la fin des temps durant 1260 jours: Et dabo duobus testibus meis, et prophetabunt diebus mille ducentis sexaginta amicti saccis. « Quand ils auront achevé leur témoignage, la bête qui s'élève de l'abime leur fera la guerre, les vaincra et les tuera. Et leurs corps seront étendus dans les places de la grande ville...; et les tribus, les peuples, les langues et les nations verront leurs corps étendus trois jours et demi... Mais, après trois jours et demi, l'esprit de vie entra en eux de la part de Dieu; ils se relevèrent sur leurs pieds..., et ils montèrent au ciel dans une nuée à la vue de leurs ennemis. A cette même heure il se fit un grand tremblement de terre, la dixième partie de la ville tomba, et sept mille hommes périrent...; le reste fut saisi de crainte, et donna gloire à Dieu.» (Traduction de Bossuet). La tradition générale des Pères est que cette bête est l'Antechrist, et que ces deux témoins sont Élie et Énoch: voir la Préface de Bossuet, paragraphe 14.

7. C'est-à-dire, commo a mis Port-Royal, qu'il n'en soit aussi arrivé de plus grands du côté de la vérité. En la contention du vrai Dieu, c'est-à-dire, dans le débat sur la question de savoir quel était le vrai Dieu.

8. Num quid scriptura dicit quia ex semine David et ex Bethleem castello venit Christus ? Voir les remarques sur xviii, 14.

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