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Ainsi nous ne pouvons bien connaître Dieu qu'en connaissant nos iniquités.

Aussi ceux qui ont connu Dieu sans connaître leur misère ne l'ont pas glorifié, mais s'en sont glorifiés. Quia non cognovit per sapientiam, placuit Deo per stultitiam prædicationis salvos facere1.

8.

Non-seulement nous ne connaissons Dieu que par JésusCHRIST, mais nous ne nous connaissons nous-mêmes que par JÉSUS-CHRIST. Nous ne connaissons la vie, la mort, que par JÉSUS-CHRIST. Hors de JÉSUS-CHRIST, nous ne savons ce que c'est que notre vie, ni que notre mort, ni que Dieu, ni que nous-mêmes.

Ainsi, sans l'Écriture, qui n'a que JÉSUS-CHRIST pour objet, nous ne connaissons rien, et ne voyons qu'obscurité et confusion dans la nature de Dieu et dans la propre nature.

9.

Sans JÉSUS-CHRIST, il faut que l'homme soit dans le vice et dans la misère; avec JÉSUS-CHRIST, l'homme est exempt de vice et de misère. En lui est toute notre vertu et toute notre félicité. Hors de lui, il n'y a que vice, misère, erreurs, ténèbres, mort, désespoir.

10.

Sans JÉSUS-CHRIST, le monde ne subsisterait pas; car il faudrait, ou qu'il fût détruit, ou qu'il fût comme un enfer.

REMARQUES SUR L'ARTICLE XXII

Fragment 2. - « J'admire avec quelle hardiesse ces personnes entreprennent de parler de Dieu, en adressant leurs discours aux impies. Leur premier chapitre est de prouver la divinité par les ouvrages de la nature.

1. I Cor. 1, 21. Le texte est : Nam quia in Dei sapientia non cognovit mundus per sap. Deum, pl. Deo per stult. præd. salv. fac. credentes. Le monde, avec sa sagesse, ayant méconnu Dieu dans sa sagesse divine, il a plu à Dieu de sauver par la folie de la prédication ceux qui croiront. J'ai cité ailleurs la traduction de ce passage par Montaigne (notes sur x, 1). En titre dans l'autographe, Dieu par Jésus-CHRIST.

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>> Je ne m'étonnerais pas de leur entreprise s'ils adressaient leurs discours aux fidèles, car il est certain [que ceux] qui ont la foi vive dedans le cœur voient incontinent que tout ce qui est n'est autre chose que l'ouvrage du Dieu qu'ils adorent. >>

ainsi ce

commencement :

L'édition de Port-Royal transforme « La plupart de ceux qui entreprennent de prouver la divinité aux impies commencent d'ordinaire par les ouvrages de la nature, et ils y réussissent rarement. Je n'attaque pas la solidité de ces preuves, consacrées par l'Écriture sainte; elles sont conformes à la raison; mais souvent elles ne sont pas assez conformes et assez proportionnées à la disposition de l'esprit de ceux pou qui elles sont destinées. Car il faut remarquer qu'on n'adresse pas ce discours à ceux qui ont la foi vive dans le cœur, et qui voient incontinent que tout ce qui est n'est autre chose que l'ouvrage du Dieu qu'ils adorent. C'est à eux que toute la nature parle pour son auteur et que les cieux annoncent la gloire de Dieu. Mais pour ceux, etc. » Rien de plus infidèle que ces additions au texte de Pascal. C'était bien attaquer la solidité de ces preuves que de déclarer qu'elles ne convainquent que ceux qui sont déjà persuadés. Et en effet il les attaque, non-seulement ici, mais dans d'autres fragments qui appartenaient sans doute à la même préface (x, 5, 6; et plus loin). Au lieu de les croire consacrées par l'Ecriture sainte, il soutenait contre les philosophes que l'Écriture ne les a jamais employées. Loin de les juger conformes à la raison, il dit plus bas qu'il voit par raison que rien n'est plus propre à rendre la religion méprisable. Port-Royal, sous l'influence de la philosophie de Descartes, fait parler Pascal en cartésien.

Ce n'est pas non plus la nature qui parle de Dieu à Pascal, c'est lui, si l'on peut s'exprimer ainsi, qui en parle à la nature, qui rapporte la nature au Dieu qu'il trouve dans son cœur. La nature elle-même est muette, ou tout au moins équivoque (xiv, 2, xx, 2; etc).

<< Mais pour ceux en qui cette lumière est éteinte, et dans lesquels on a dessein de la faire revivre, ces personnes destituées de foi et de grâce, qui, recherchant de toute leur lumière tout ce qu'ils voient dans la nature qui les peut mener à cette connaissance, ne trouvent qu'obscurité et ténèbres : dire à ceux-là qu'ils n'ont qu'à voir la moindre des choses qui les environnent, et qu'ils verront Dieu à découvert, et leur donner, pour toute preuve de ce grand et important sujet, le cours de la lune et des planètes, et prétendre avoir achevé sa preuve avec un tel discours, c'est leur donner sujet de croire que les preuves de notre religion sont bien faibles, et je vois par raison et par expérience que rien n'est plus propre à leur en faire naître le mépris. » Port-Royal

donne : « Mais pour ceux en qui cette lumière est éteinte, et dans lesquels on a dessein de la faire revivre, ces personnes destituées de foi et de charité, qui ne trouvent que ténèbres et obscurité dans toute la nature, il semble que ce ne soit pas le moyen de les ramener, que de ne leur donner pour preuve de ce grand et important sujet que le cours de la lune ou des planètes, ou des raisonnements communs, et contre lesquels ils se sont continuellement raidis. L'endurcissement de leur esprit les a rendus sourds à cette voix de la nature qui a retenti continuellement à leurs oreilles et l'expérience fait voir, que bien loin qu'on les emporte par ce moyen, rien n'est plus capable au contraire de les rebuter, et de leur ôter l'espérance de trouver la vérité, que de prétendre les en convaincre seulement par ces sortes de raisonnements, et de leur dire qu'ils y doivent voir la vérité à decouvert. » En supprimant ces mots, destitués de grâce, Port-Royal ôtait à ce morceau la marque essentielle du jansénisme. Les jansénistes seuls soutenaient que la grâce pouvait manquer à quelqu'un, et on se serait choqué de l'entendre répéter dans les Pensées. Le monde disait alors volontiers comme Anne d'Autriche à une autre époque: Fi, fi de la grâce! Cette autre phrase, recherchant de toute leur lumière, a paru aussi trop contraire au mot de l'Evangile : Cherchez et vous trouverez (Math. vII, 7). Dans le reste, Pascal est également désavoué, ou, tout au moins, adouci et, comme dirait Montaigne, assagi. On n'y voit plus cette fougue d'un grand logicien, plein de dédain pour la logique et pour les systèmes des autres, et tellement emporté qu'il ne prend plus garde si ses paroles indiscrètes ne découvrent pas ce qu'il défend.

Ainsi dans Pascal : « La moindre des choses... Dieu a découvert : » Port-Royal fait disparaître le sarcasme qui est dans cette antithèse.

« Elle dit au contraire que Dieu est un Dieu caché. » Port-Royal a cru que ces paroles avaient encore besoin d'explication et de correctifs : « Elle nous dit bien que la beauté des créatures fait connaître celui qui en est l'auteur, mais elle ne nous dit pas qu'elles fassent cet effet dans tout le monde. Elle nous avertit au contraire, que quand elles le font, ce n'est pas par elles-mêmes, mais par la lumière que Dieu répand en même temps dans l'esprit de ceux à qui il se découvre par ce moyen. Quod notum est Dei, manifestum est in illis. Deus enim illis manifestavit (Rom. 1, 19). Elle nous dit généralement que Dieu est un Dieu caché, Vere tu es Deus absconditus. » On voit que Port-Royal essaie habilement de concilier Pascal avec l'Écriture, et de l'autoriser d'elle; mais Pascal en est réellement bien loin.

Dans un article sur les Pensées de Pascal, publié à l'occasion de mon édition dans le Constitutionnel du 29 mars 1852, M. Sainte-Beuve,

après avoir cité le début de ce fragment, ajoutait ce qui suit : « Il est curieux de remarquer que la phrase un peu méprisante de Pascal, J'admire, etc..., avait d'abord été imprimée dans la première édition de ses Pensées, et la Bibliothèque nationale possède depuis peu un exemplaire unique, daté de 1669, où on lit textuellement cette proposition (page 150). Mais bientôt les amis, ou les examinateurs et les approbateurs du livre, etc. » Voici le texte entier de ce passage dans l'édition de 1669 « J'admire avec quel'e hardiesse quelques personnes entreprennent de parler de Dieu en adressant leurs discours aux impies. Leur premier chapitre est de prouver la divinité par les ouvrages de la nature. Je n'attaque pas la solidité de ces preuves, mais je doute beaucoup de l'utilité et du fruit qu'on en peut tirer; et, si elles me paraissent assez conformes à la raison, elles ne me paraissent pas assez conformes et assez proportionnées à la disposition de l'esprit de ceux pour qui elles sont destinées. » On voit que ce texte de 1669, qui a paru devoir encore être corrigé, était pourtant bien éloigné déjà de la pensée véritable de Pascal. En général, le travail d'épuration entrepris par MM. de Port Royal était déjà entièrement accompli dans le texte de 1669, comme je m'en suis assuré en le parcourant.

Fragment 3. « Mais le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob, le Dieu des chrétiens. » Port-Royal met seulement : Mais le Dieu d'Abraham et de Jacob, le Dieu des chrétiens. Il y a un bien autre élan dans les invocations répétées du texte. Le meilleur commentaire ici est le fameux papier touvé dans l'habit de Pascal.

-

D

Fragment 6. « Ou dans l'athéisme ou dans le déisme, qui sont deux choses que la religion chrétienne abhorre presque également. Là est le fond de l'irritation de Pascal contre Descartes et la philosophie. Il semble que dans le déisme, de Descartes Pascal ait pressenti celui de Voltaire.

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...

Les miracles discernent la doctrine, et la doctrine dis

cerne les miracles.

Il y a de faux et de vrais. Il faut une marque pour les connaître; autrement, ils seraient inutiles. Or, ils ne sont pas inutiles, et sont au contraire fondement. Or, il faut que la règle qu'il nous donne soit telle, qu'elle ne détruise pas la preuve que les vrais miracles donnent de la vérité, qui est la fin principale des miracles1.

Moïse en a donné deux que la prédiction n'arrive pas, Deut. xvIII [22], et qu'ils ne mènent point à l'idolâtrie, Deut. XIII [4]; et JÉSUS-CHRIST Une 2.

Si la doctrine règle les miracles, les miracles sont inutiles pour la doctrine. Si les miracles règlent 3...

1 bis.

Si les miracles sont vrais, pourra t-on persuader toute doctrine? Non, car cela n'arrivera pas. Si angelus *...

1 ter.

Règle. Il faut juger de la doctrine par les miracles, il faut juger des miracles par la doctrine. Tout cela est vrai, mais cela ne se contredit pas. Car il faut distinguer les temps.

2.

... Dans le Vieux Testament, quand on vous détournera de Dieu. Dans le Nouveau, quand on vous détournera de JÉSUSCHRIST. Voilà les occasions d'exclusion à la foi des miracles marquées. Il ne faut pas y donner d'autres exclusions.

... S'ensuit-il de là qu'ils avaient droit d'exclure tous les prophètes qui leur sont venus? Non. Ils eussent péché en n'excluant pas ceux qui niaient Dieu, et aussi péché d'exclure ceux qui ne niaient pas Dieu.

D'abord donc qu'on voit un miracle, il faut, ou se soumettre, ou avoir d'étranges marques du contraire. Il faut voir s'il nie un Dieu, ou JÉSUS-CHRIST, ou l'Église.

1. Qu'il nous donne; qui, il? Pascal parle-t-il de Dieu, ou bien de quelque adversaire qu'il réfute?

2. Voir Marc, Ix, 38: Il n'est pas possible qu'un homme fasse un miracle en mon nom, et qu'en même temps il parle mal de moi.

3. En titre dans l'autographe, Commencement.

4. Paul, Gal. 1, 8: Sed licet nos, aut angelus de cœlo, etc.

vous annoncerait un autre Évangile, qu'il soit anathème. ▾

Quand un ange du ciel

5. C'est-à-dire, de la recommandation que Moïse fait aux Juifs de ne pas croire les faux prophètes. Leur disait-il par là qu'ils auraient droit d'exclure, etc.?

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