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Je pensais à toi dans mon agonie ; j'ai versé telles gouttes de sang pour toi 1.

C'est me tenter plus que t'éprouver, que de penser si tu ferais bien telle et telle chose absente; je la ferai en toi si elle arrive.

Laisse-toi conduire à mes règles; vois comme j'ai bien conduit la Vierge et les Saints, qui m'ont laissé agir en eux. Le Père aime tout ce que Je fais.

Veux-tu qu'il me coûte toujours du sang de mon humanité, sans que tu donnes des larmes?

C'est mon affaire que ta conversion; ne crains point, et prie avec confiance,comme pour moi.

Je te suis présent par ma parole dans l'Écriture; par mon esprit dans l'Église, et par les inspirations 2; par ma puissance dans les prêtres; par ma prière dans les Fidèles.

Les médecins ne te guériront pas; car tu mourras à la fin. Mais c'est moi qui guéris, et rends le corps immortel.

Souffre les chaînes et la servitude corporelles; je ne te délivre que de la spirituelle à présent.

Je te suis plus ami que tel et tel; car j'ai fait pour toi plus qu'eux, et ils ne souffriraient pas ce que j'ai souffert de toi, et ne mourraient pas pour toi dans le temps de tes infidélités et cruautés, comme j'ai fait, et comme je suis prêt à faire et fais, dans mes élus et au Saint-Sacrement.

Si tu connaissais tes péchés, tu perdrais cœur. - Je le perdrai donc, Seigneur, car je crois leur malice sur votre assurance. Non, car moi, par qui tu l'apprends, t'en peux guérir, et ce que je te le dis, est un signe que je te veux guérir. A mesure que tu les expieras, tu les connaîtras, et il te sera dit : Vois les péchés qui te sont remis. Fais donc pénitence pour tes péchés cachés et pour la malice occulte de ceux que tu connais 3.

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1. Ibid. 44: Et il lui vint une sueur, comme de gouttes de sang qui découlaient jusqu'à terre. Mais l'imagination émue a besoin de traits précis; Pascal s'attache à telle goutte qu'il s'applique; il se fait sa part dans le sang de JÉSUS-CHRIST.

2. C'est-à-dire, et dans les inspirations. Voir sur les inspirations le fragment ciaprès.

3. Souvenir de ces mots du psaume XVIII, 13: Ab occultis meis munda me.

Je t'aime plus ardemment que tu n'as aimé tes souillures.

Ut immundus pro luto 1.

Qu'à moi en soit la gloire, et non à toi, ver et terre.

Interroge ton directeur, quand mes propres paroles te sont occasion de mal, et de vanité ou curiosité.

3.

Je vois mon abîme, d'orgueil, de curiosité, de concupiscence. Il n'y a nul rapport de moi à Dieu, ni à JÉSUS-CHRIST juste. Mais il a été fait péché par moi 2; tous vos fléaux sont tombés sur lui. Il est plus abominable que moi, et loin de m'abhorrer, il se tient honoré que j'aille à lui et le secoure.

Mais il s'est guéri lui-même, et me guérira à plus forte raison.

Il faut ajouter mes plaies aux siennes, et me joindre à lui, et il me sauvera en se sauvant.

Mais il n'en faut pas ajouter à l'avenir.

4.

Consolez-vous : ce n'est pas de vous que vous devez l'attendre; mais au contraire en n'attendant rien de vous, que vous devez l'attendre.

5.

JÉSUS-CHRIST était mort, mais vu, sur la croix. Il est mort et caché dans le sépulcre.

JÉSUS-CHRIST n'a été enseveli que par des saints.

JÉSUS-CHRIST n'a fait aucuns miracles au sépulcre.
Il n'y a que des saints qui y entrent.

C'est là où JÉSUS-CHRIST prend une nouvelle vie, non sur la croix.

C'est le dernier mystère de la passion et de la rédemption. JÉSUS-CHRIST n'a point eu où se reposer sur la terre qu'au sépulcre *.

Ses ennemis n'ont cessé de le travailler qu'au sépulcre.

1. Comme l'homme immonde est pour s fange. Je ne sais d'où sont prises ces paroles; elles ne sont pas de l'Écriture.

2. C'est l'expression de Paul, II Cor. v, 21.

3. Il s'adresse à Dieu.

4. En titre dans l'autographe, Sépulcre de JÉSUS-CHRIST.

6.

Je te parle et te conseille souvent, parce que ton conducteur ne te peut parler; car je ne veux pas que tu manques de conducteur. Et peut-être je le fais à ses prières, et ainsi il te conduit sans que tu le voies. Tu ne me chercherais pas, si tu ne me possédais; ne t'inquiète donc pas.

7.

Ne te compare point aux autres, mais à moi. Si tu ne m'y trouves pas, dans ceux où tu te compares, tu te compares à un abominable. Si tu m'y trouves, compare-t-y. Mais qu'y compareras-tu? Sera-ce toi, ou moi dans toi? Si c'est toi, c'est un abominable. Si c'est moi, tu compares moi à moi. Or je suis Dieu en tout.

8.

Il me semble que JÉSUS-CHRIST ne laissa toucher que ses plaies, après sa résurrection: Noli me tangere1. Il ne faut nous unir qu'à ses souffrances.

9.

... Il s'est donné à communier comme mortel en la Cène, comme ressuscité aux disciples d'Emmaüs, comme monté au ciel à toute l'Église.

10.

« Priez, de peur d'entrer en tentation [Luc, xxII, 46]. » Il est dangereux d'être tenté; et ceux qui le sont, c'est parce qu'ils ne prient pas.

Et tu conversus confirma fratres tuos 2. Mais auparavant, conversus Jesus respexit Petrum 3.

Saint Pierre demande permission de frapper Malchus, et

1. Ne me touche pas. » Jean, xx, 17. Ce sont les paroles de Jésus à Marie de Magdala quand il lui apparaît au sépulcre et qu'elle le salue. Mais il fait toucher ses plaies à Thomas incrédule: ibid. 27.

2. Luc, xxII, 32. Il y a dans le texte, aliquando conversus : « Plus tard, étant retourné à moi, tu raffermiras tes frères. C'est à Pierre que Jésus parle ainsi.

3. Ibid. 61. Conversus Dominus, dans le texte. Pierre vient de renier Jésus pour la troisième fois, et le coq a chaníé. « Le Seigneur, s'étant retourné vers Pierre, le regarda; et Pierre se souvint des paroles que le Seigneur lui avait dites..., et étant sorti, il pleura amèrement. Pascal veut appuyer par ce texte la doctrine de la grâce nécessitante et prévenante il veut montrer que Pierre ne se tourne vers Jésus qu'après que Jésus s'est ourné vers lui.

frappe devant que d'ouïr la réponse; et JÉSUS-CHRIST répond après'.

11.

JÉSUS-CHRIST n'a pas voulu être tué sans les formes de la justice; car il est bien plus ignominieux de mourir par justice que par une sédition injuste.

12.

La fausse justice de Pilate ne sert qu'à faire souffrir JÉSUSCHRIST; car il le fait fouetter pour sa fausse justice, et puis le tue. Il vaudrait mieux l'avoir tué d'abord. Ainsi les faux justes. Ils font de bonnes œuvres et de méchantes pour plaire au monde, et montrer qu'ils ne sont pas tout à fait à JÉSUS-CHRIST; car ils en ont honte. Et enfin, dans les grandes tentations et occasions, ils le tuent.

Fragment 3.

REMARQUES SUR L'ARTICLE XXV

« Il ne faut pas dire qu'il y a ce qu'on ne voit pas. » Il l'a dit pourtant ailleurs intrépidement : « Qu'il y voit une infinitė d'univers, dont chacun a son firmament, ses planètes, sa terre, etc. » Article Ier, fragment 1, page 2.

Fragment 9. - « Mais ces êtres terminés se multiplient infiniment. » Mais les espaces et les temps sont-ils des êtres ?

Fragment 10. pores. »

« La petitesse des esprits qui entrent dans les

Les esprits n'entrent pas dans les pores; les nerfs qui nous font sentir la chaleur, la lumière, etc., s'épanouissent à la surface même du corps comme tous les autres. Il est vrai seulement qu'il n'y a que les nerfs de l'œil qui reçoivent l'impression de la lumière, ceux de l'oreille celle du son, etc.

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Fragment 11 bis. « L'histoire du brochet et de la grenouille de Liancourt. » On lit dans les Mémoires de Fontaine, t. II, p. 470: « M. Arnauld,.. qui était entré dans le système de Descartes sur les

1. Voilà ce qui arrive toutes les fois que l'homme pèche, c'est que la grâce ne l'a pas prévenu, que Dieu l'a laissé agir avant de lui parler.

bêtes, soutenait que ce n'était que des horloges... M. de Liancourt lui dit: J'ai là-bas deux chiens qui tournent la broche chacun leur jour; l'un s'en trouvant embarrassé, se cacha lorsqu'on l'allait prendre, et on eut recours à son camarade pour tourner au lieu de lui. Le camarade cria, et fit signe de la queue qu'on le suivit. Il alla dénicher l'autre dans le grenier et le houspilla. Sont-ce là des horloges? dit-il à M. Arnauld, qui trouva cela si plaisant, qu'il ne put faire autre chose que d'en rire. »

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Fragment 14. « La mémoire est nécessaire pour toutes les opérations de la raison. » Buffon, dans le Discours sur la nature des animaux. pose le même principe. Ensuite il soutient que les animaux, quoiqu'ils aient une faculté de réminiscence, n'ont pas véritablement la mémoire; parce qu'en se rappelant le passé, ils ne se le rappellent pas comme passé, et ne font pas entrer dans leur souvenir l'idée du temps. Il en conclut que les animaux n'ont point la puissance de réfléchir, l'entendement, la pensée. Je serais porté à croire que, quand Pascal écrivait cette phrase, c'était aussi pour arriver à cette conclusion.

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Fragment 17. « Combien de royaumes nous ignorent! » Cette pensée est développée magnifiquement dans le Songe de Sipion, mais Cicéron voulait seulement exprimer le peu qu'est la gloire humaine. L'idée de Pascal ne va-t-elle pas plus loin? Ne semble-t-il pas que cet isolement le trouble, et qu'un doute le gagne quand il songe combien peu de place tiennent dans l'étendue du monde telles lois, coutumes ou croyances qui règnent souverainement là où il est? On craint de se tromper en donnant trop de portée à quelques mots de Pascal ; mais on peut aboutir là en partant d'où il part, et c'est ce qu'a fait Voltaire (Dictionnaire philosophique, article Géographie, à la fin).

Frarment 17 bis. « Le silence éternel de ces espaces infinis m'cffraie. » Ainsi ailleurs, en regardant tout l'univers muet (x1, 8); et encore (xiv, 2): La nature ne m'offre rien qui ne soit matière de doute et d'inquiétude. Mais ces paroles sont peu de chose auprès de ce grand cri, que Port-Royal avait étouffé.

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Fragment 19. « Chacun croit être tout à tous. » Dans un sens bien autre que celui où Paul disait qu'il s'était fait tout à tous (I Cor. IX, 22). Paul tâchait de satisfaire à toutes les exigences des autres; l'homme de Pascal prétend avoir sur les autres tous les droits.

Fragment 20. « Le monde ordinaire a le pouvoir de ne pas songer, etc. » C'est comme s'il eût dit, le monde ordinaire n'est pas phi

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