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la pitié, la constance, qui sont aussi des passions. Il faut s'en servir comme d'esclaves, et, leur laissant leur aliment, empêcher que l'âme n'y en prenne; car quand les passions sont les maîtresses, elles sont vices, et alors elles donnent à l'âme de leur aliment, et l'âme s'en nourrit et s'en empoisonne.

105.

On ne s'éloigne qu'en s'éloignant de la charité. Nos prières et nos vertus sont abominables devant Dieu, si elles ne sont les prières et les vertus de JÉSUS-CHRIST. Et nos péchés ne seront jamais l'objet de la [miséricorde], mais de la justice de Dieu, s'ils ne sont de JÉSUS-CHRIST. Il a adopté nos péchés, et nous a [admis à son] alliance; car les vertus lui sont propres, et les péchés étrangers; et les vertus nous sont étrangères, et nos péchés nous sont propres.

Changcons la règle que nous avons prise jusqu'ici pour juger de ce qui est bon. Nous en avions pour règle notre volonté, prenons maintenant la volonté de Dieu tout ce qu'il veut nous est bon et juste, tout ce qu'il ne veut...

Tout ce que Dieu ne veut pas est défendu. Les péchés sont défendus par la déclaration générale que Dieu a faite, qu'il ne les voulait pas. Les autres choses qu'il a laissées sans défense générale, et qu'on appelle par cette raison permises, ne sont pas néanmoins toujours permises. Car, quand Dieu en éloigne quelqu'une de nous, et que par l'événement, qui est une manifestation de la volonté de Dieu, il paraît que Dieu ne veut pas que nous avons une chose, cela nous est défendu alors comme le péché, puisque la volonté de Dieu est que nous n'ayons non plus l'un que l'autre. Il y a cette différence seule entre ces deux choses, qu'il est sûr que Dieu ne voudra jamais le péché, au lieu qu'il ne l'est pas qu'il ne voudra jamais l'autre. Mais tandis que Dieu ne la veut pas, nous la devons regarder comme péché; tandis que l'absence de la volonté de Dieu, qui est seule toute la bonté et toute la justice, la rend injuste et mauvaise. 106.

« Je m'en suis réservé sept mille. » J'aime les adorateurs inconnus au monde, et aux prophètes mêmes 1.

1. Je me suis réservé sept mille hommes dans Israël, qui n'ont point fléchi le genou devant Baal. C'est la réponse que Dieu fait aux plaintes du prophète Élie dans la

107.

Les hommes n'ayant pas accoutumé de former le mérite, mais seulement le récompenser où ils le trouvent formé, jugent de Dieu par eux-mêmes.

...

108.

J'aurais bien pris ce discours d'ordre comme celui-ci1: Pour montrer la vanité de toutes sortes de conditions, montrer la vanité des vies communes, et puis la vanité des vies philosophiques (pyrrhoniennes, stoïques); mais l'ordre ne serait pas gardé. Je sais un peu ce que c'est, et combien peu de gens l'entendent. Nulle science humaine ne le peut garder. Saint Thomas ne l'a pas gardé. La mathématique le garde, mais elle est inutile en sa profondeur.

108 bis.

Lettre pour porter à rechercher Dieu. Et puis le faire chercher chez les philosophes, pyrrhoniens et dogmatistes, qui travaillent celui qui les recherche.

Ordre par dialogues.

109.

Que dois-je faire ? Je ne vois partout

qu'obscurités. Croirai-je que je ne suis rien? croirai-je que je suis dieu? Toutes choses changent et se succèdent.

vous trompez, il y a ..

109 bis.

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Vous

... Une Lettre, de la folie de la science humaine et de la philosophie. Cette lettre avant le Divertissement.

110.

Dans la Lettre, de l'Injustice, peut venir la plaisanterie des aînés qui ont tout. Mon ami, vous êtes né de ce côté de la montagne; il est donc juste que votre aîné ait tout. quoi me tuez-vous?

Pour

Lettre à ceux de Rome, x1, 4, où Paul altère et détourne le texte d'un passage du troisième livre des Rois, xix, 18. C'est là pour Pascal une figure de la petite église janséniste, persécutée et fidèle.

1. Il semble qu'il faille construire, J'aurais pris d'ordre, comme on dirait bien, J'aurais pris de biais. J'aurais pu prendre ce discours d'après un ordre, suivant un ordre tel que celui-ci.

2. En titre dans l'autographe, Ordre.

3. Voyez le fragment, vi, 3.

111.

Il faut mettre au chapitre des Fondements ce qui est en celui des Figuratifs touchant la cause des Figures: pourquoi JÉSUS-CHRIST prophétisé en son premier avénement; pourquoi prophétisé obscurément en la manière.

111 bis.

Parler contre les trop grands figuratifs.

112.

Nous implorons la miséricorde de Dieu, non afin qu'il nous laisse en paix dans nos vices, mais afin qu'il nous en délivre.

113.

Si Dieu nous donnait des maîtres de sa main, oh! qu'il leur faudrait obéir de bon cœur! La nécessité et les événements en sont infailliblement.

114.

Eritis sicut dii, scientes bonum et malum 1. Tout le monde fait le dieu en jugeant: Cela est bon ou mauvais; et s'affligeant ou se réjouissant trop des événements.

115.

Faire les petites choses comme grandes, à cause de la majesté de JÉSUS-CHRIST qui les fait en nous, et qui vit notre vie; et les grandes comme petites et aisées, à cause de sa toutepuissance.

116.

L'homme est naturellement crédule, incrédule; timide, téméraire.

117.

Les gens manquent de cœur, on n'en ferait pas son ami *.

118

On croit toucher des orgues ordinaires en touchant l'homme. Ce sont des orgues, à la vérité, mais bizarres, changeantes, variables. Ceux qui ne savent toucher que les ordinaires ne fe

1. < Vous serez comme des dieux, sachant le bien et le mal. Gen. III, 5. Ce sont les paroles par lesquelles le serpent tente la femme. Voir l'Augustinus de Jansénius, I, iv, 22, 2. Voyez l'Étude sur les Pensées, dans l'Introduction, pag. xxxvII.

3. Ici, ces mots barrés, dont les tuyaux ne se suivent pas par degrés conjoints.

ront pas d'accords sur celles-là, Il faut savoir où sont les [tuyaux]'.

118 bis.

Éloquence, qui persuade par douceur, non par empire; en tyran, non en roi.

118 ter.

Les raisons qui étant vues de loin semblent borner notre vue, quand on y est arrivé ne la bornent plus; on commence à voir au delà.

119.

Grandeur d'établissement, respect d'établissement. Le plaisir des grands est de pouvoir faire des heureux. Le propre de la richesse est d'être donnée libéralement. Le propre de chaque chose doit être cherché. Le propre de la puissance est de protéger. Comme Dieu est environné de gens pleins de charité, qui lui demandent les biens de la charité, ainsi... Connaissez-vous donc, et sachez que vous n'êtes qu'un roi de concupiscence, et prenez les voies de la concupiscence 3.

120.

La puissance des mouches. Elles gagnent des batailles, empêchent notre âme d'agir, mangent notre corps".

121.

Lorsqu'on est accoutumé à se servir de mauvaises raisons pour prouver des effets de la nature, on ne veut plus recevoir les bonnes lorsqu'elles sont découvertes. L'exemple qu'on en donna fut sur la circulation du sang, pour rendre raison pourquoi la veine enfle au-dessous de la ligature.

122.

Vanité, jeu, chasse, visites, comédies fausses, perpétuité de nom.

1. En titre dans l'autographe, Inconstance.

2. La raison est un roi, qui commande par une autorité légitime; mais la douceur, c'està-dire la corruption, est une violence qui ne convient qu'à un tyran.

7.

3. Sur l'opposition entre les biens de la charité et ceux de la concupiscence, voyez xv, Ce fragment sera expliqué par les Discours sur la condition des Grands, qu'on trouvera dans les Opuscules.

4. Voir Montaigne, Apol., t. I, p. 74.

Ce fragment et ceux qui suivent avaient été, dans ma première édition, relégués dans un Appendice, comme trop imparfaits, et quelquefois à peine ébauchés. Je les ai replacés dans le texte, mais je ne me suis pas astreint à les commenter avec le même soin que les précédents.

123.

Les molinistes sont gens qui connaissent la vérité, mais qui ne la soutiennent qu'autant que leur intérêt s'y rencontre, mais hors de là ils l'abandonnent 1.

124.

La nourriture du corps est peu à peu. Plénitude de nourriture, et peu de substance.

125.

Premier degré : être blâmé en faisant mal, et loué en faisant bien. Second degré : n'être ni loué ni blâmé 2.

126.

La foi reçue au baptême est la source de toute la vie des chrétiens et des convertis.

127.

OEuvres extérieures. Il n'y a rien de si périlleux que ce qui plaît à Dieu et aux hommes. Car les états qui plaisent à Dieu et aux hommes ont une chose qui plaît à Dieu, et une autre qui plaît aux hommes. Comme la grandeur de sainte Thérèse : ce qui plaît à Dieu est sa profonde humilité dans ses révélations; ce qui plaît aux hommes sont ses lumières. Et ainsi on se tue d'imiter ses discours, pensant imiter son état; et pas tant d'aimer ce que Dieu aime, et de se mettre en l'état que Dieu aime.

Il vaut mieux ne pas jeûner et en être humilié, que jeûner et en être complaisant. Pharisien, publicain [Luc, XVIII, 9].

Que me servirait de m'en souvenir, si cela peut également me nuire et me servir? et que tout dépend de la bénédiction de Dieu, qu'il ne donne qu'aux choses faites pour lui, et selon ses règles et dans ses voies, la manière étant ainsi aussi importante que la chose, et peut-être plus, puisque Dieu peut du mal tirer du bien, et que sans Dieu on tire le mal du bien.

128.

Les mots diversement rangés font un divers sens, et les sens diversement rangés font différents effets.

1. Il y a dans le manuscrit les malingres, mais ce fragment n'est pas écrit de la main de Pascal. Les molinistes est une conjecture que je propose.

2. Voyez le fragment 66.

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