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40.

La foi est un don de Dieu : ne croyez pas que nous disions que c'est un don de raisonnement. Les autres religions ne disent pas cela de leur foi; elles ne donnaient que le raisonnement pour y arriver, qui n'y mène pas néanmoins.

41.

Les figures de la totalité de la rédemption, comme, que le soleil éclaire à tous, ne marquent qu'une totalité; mais les figures des exclusions, comme des Juifs élus à l'exclusion des Gentils, marquent l'exclusion 1.

« JÉSUS-CHRIST rédempteur de tous 2. »Oui, car il a offert, comme un homme qui a racheté tous ceux qui voudront venir à lui. Ceux qui mourront en chemin, c'est leur malheur; mais quant à lui, il leur offrait rédemption. Cela est bon en cet exemple, où celui qui rachète et celui qui empêche de mourir sont deux, mais non pas en JÉSUS-CHRIST, qui fait l'un et l'autre. Non, car JÉSUS-CHRIST, en qualité de rédempteur, n'est pas peut-être maître de tous; et ainsi, en tant qu'il est en lui, il est rédempteur de tous.

42.

Les miracles ne servent pas à convertir, mais à condamner. Ip. q. 113, a. 10, ad 23,

43.

Quand Épictète aurait vu parfaitement bien le chemin, il dit aux hommes, Vous en suivez un faux; il montre que c'en est un autre, mais il n'y mène pas. C'est celui de vouloir ce que Dieu veut; JÉSUS-CHRIST Seul y mène : Via, veritas [Jean, xiv, 6]. 44.

Je considère JÉSUS-CHRIST en toutes les personnes et en nousmêmes. JÉSUS-CHRIST comme père en son père, JÉSUS-CHRIST comme frère en ses frères, JESUS-CHRIST Comme pauvre en les pauvres, JÉSUS-CHRIST comme riche en les riches, JESUS-CHRIST comme docteur et prêtre en les prêtres, JÉSUS-CHRIST Comme

1. « Que le soleil éclaire à tous. » Ecclésiastique, XLII, 16; Matthieu, v, 45. Et Jean, I, 9, parlant du Verbe: « Il était la vraie lumière, qui éclaire tout homme venant en ce monde. Voir xxiv, 11, et la note.

2. Jesu redemptor omnium. C'est le premier vers de l'hymne des vêpres de Noël. 3. Ces renvois se rapportent à la Somme de Thomas d'Aquin : Primæ partis (c'est la prima secunde) quæst. 113, artic. 10, ad 2 (c.-à-d. réponse à la 2o objection).

souverain en les princes, etc1. Car il est par sa gloire tout ce qu'il y a de grand, étant Dieu, et est par sa vie mortelle tout ce qu'il y a de chétif et d'abject; pour cela il a pris cette malheureuse condition, pour pouvoir être en toutes les personnes, et modèle de toutes conditions.

45.

Les psaumes chantés par toute la terre.

Qui rend témoignage de Mahomet? Lui-même. JÉSUS-CHRIST veut que son témoignage ne soit rien".

La qualité de témoins fait qu'il faut qu'ils soient toujours et partout, et, misérable, il est seul '1

46.

Ce n'est pas une chose rare qu'il faille reprendre le monde de trop de docilité; c'est un vice naturel comme l'incrédulité, et aussi pernicieux. Superstition.

47.

Il y a peu de vrais chrétiens, je dis même pour la foi. Il y en a bien qui croient, mais par superstition; il y en a bien qui ne croient pas, mais par libertinage : peu sont entre deux.

Je ne comprends pas en cela ceux qui sont dans la véritable piété de mœurs, et tous ceux qui croient par un sentiment du

cœur.

48.

Ceux qui n'aiment pas la vérité prennent le prétexte de la contestation de la multitude de ceux qui la nient. Et ainsi leur erreur ne vient que de ce qu'ils n'aiment pas la vérité ou la charité; et ainsi ils ne sont pas excusés.

49.

Tant s'en faut que d'avoir ouï dire une chose soit la règle de votre créance, que vous ne devez rien croire sans vous mettre en l'état comme si jamais vous ne l'aviez ouï. C'est le consen

1. Son père, ses frères, ce n'est pas le père de JÉSUS-CHRIST ou les frères de JésusCHRIST; ces pronoms se rapportent à un on sous-entendu, comme s'il y avait : On retrouve JESUS-CHRIST comme père en son père, comme frère en ses frères; c'est-à-dire, que chacun de nous, dans son père et dans ses frères, retrouve JÉSUS-CHRIST.

2. Jean, v, 31: « Si c'est moi-même qui rends témoignage de moi, mon témoignage n'a point de vérité. >

3. En titre dans l'autographe, Différence entre Jésus-Christ et Mahomet. Voir XIX, 7 @ suivants.

tement de vous à vous-même, et la voix constante de votre raison, et non des autres, qui vous doit faire croire.

Le croire est si important! Cent contradictions seraient vraies1.

Si l'antiquité était la règle de la créance, les anciens étaient donc sans règle. Si le consentement général, si les hommes étaient péris?

Fausse humilité, orgueil. Levez le rideau. Vous avez beau faire; si faut-il ou croire, ou nier, ou douter. N'aurons-nous donc pas de règle? Nous jugeons des animaux qu'ils font bien ce qu'ils font n'y aura-t-il point une règle pour juger des hommes? Nier, croire, et douter bien, sont à l'homme ce que le courir est au cheval.

Punition de ceux qui pèchent, erreur".

50.

Notre religion est sage et folle. Sage, parce qu'elle est la plus savante, et la plus fondée en miracles, prophéties, etc. Folle, parce que ce n'est point tout cela qui fait qu'on en est; cela fait bien condamner ceux qui n'en sont pas, mais non pas croire ceux qui en sont. Ce qui les fait croire, c'est la croix, ne evacuata sit crux 3. Et ainsi saint Paul, qui est venu en sagesse et signes, dit qu'il n'est venu ni en sagesse ni en signes, car il venait pour convertir. Mais ceux qui ne viennent que pour convaincre peuvent dire qu'ils viennent en sagesse et signes*.

51.

La loi obligeait à ce qu'elle ne donnait pas. La grâce donne ce à quoi elle oblige 5.

52.

Ce que les hommes, par leurs plus grandes lumières, avaient pu connaître, cette religion l'enseignait à ses enfants o.

1. Si la règle était l'autorité. Car il y a sur toutes choses des autorités en sens contraire. 2. En titre dans l'autographe, L'autorité.

3. Voir le fragment 42 de l'article xxiv.

4. I Cor. 1, 22: « Les Juifs demandent des signes et les Grecs de la sagesse. Nous, nous prêchons le Christ crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les Gentils. Mais pour les élus d'entre les Juifs et les Grecs, le Christ est la vertu même de Dieu, et la sagesse de Dieu.» L'expression d'être venu en sagesse est prise du verset premier da chapitre suivant: Veni, non in sublimitate sermonis aut sapientiæ.

5. Voyez Paul, Rom. vii, 7.

6. C'est-à-dire, même aux enfants qui sont dans son sein.

53.

Que je hais ces sottises, de ne pas croire l'Eucharistie, etc...! Si l'Évangile est vrai, si JÉSUS-CHRIST est Dieu, quelle difficulté y a-t-il là?

54.

Le juste agit par foi dans les moindres choses: quand il reprend ses serviteurs, il souhaite leur conversion par l'esprit de Dieu, et prie Dieu de les corriger, et attend autant de Dieu que de ses répréhensions, et prie Dieu de bénir ses corrections. Et ainsi aux autres actions.

54 bis.

... De tout ce qui est sur la terre, il ne prend part qu'aux déplaisirs, non aux plaisirs. Il aime ses proches, mais sa charité ne se renferme pas dans ces bornes, et se répand sur ses ennemis, et puis sur ceux de Dieu.

55.

Pourquoi Dieu a établi la prière. -1° Pour communiquer à ses créatures la dignité de la causalité. 2o Pour nous apprendre de qui nous tenons la vertu. 3° Pour nous faire mériter les autres vertus par travail; mais pour se conserver la prière, Dieu donne la prière à qui il lui plaît. - Objection. Mais on croira qu'on tient la prière de soi. Cela est absurde, car puisque, ayant la foi, on ne peut pas avoir les vertus, comment aurait-on la foi? Y a-t-il pas plus de distance de l'infidélité à la foi que de la foi à la vertu1?

55 bis.

-

Dieu ne doit que suivant ses promesses. Il a promis d'accorder la justice aux prières : jamais il n'a promis les prières qu'aux enfants de la promesse3.

1. Racine a dit encore, contraint par la gêne du vers, il est vrai :

Vois-je pas, au travers de son saisissement,

Un cœur dans ses douleurs content de son amant?

et dans Esther:

Esther, que craignez-vous, suis-je pas votre frère? 2. Demandez et vous recevrez. » Matth., VII, 7. 3. Expression de Paul, Rom. 1x, 8, pour dire, les élus.

56.

M. de Roannez disait : Les raisons me viennent après, mais d'abord la chose m'agrée ou me choque sans en savoir la raison, et cependant cela me choque par cette raison que je ne découvre qu'ensuite. Mais je crois, non pas que cela choquait par ces raisons qu'on trouve après, mais qu'on ne trouve ces raisons que parce que cela choque.

57.

Il n'aime plus cette personne qu'il aimait il y a dix ans. Je crois bien elle n'est plus la même, ni lui non plus. Il était jeune et elle aussi; elle est tout autre. Il l'aimerait peut-être encore, telle qu'elle était alors.

58.

Craindre la mort hors du péril, et non dans le péril, car il faut être homme1.

59.

Mort soudaine seule à craindre, et c'est pourquoi les confesseurs demeurent chez les grands.

60.

Il faut se connaître soi-même : quand cela ne servirait pas à trouver le vrai, cela au moins sert à régler sa vie, et il n'y a rien de plus juste2.

61.

Que je hais ceux qui font les douteurs des miracles! Montaigne en parle comme il faut dans les deux endroits. On voit en l'un combien il est prudent, et néanmoins il croit en l'autre, et se moque des incrédules 3.

61 bis.

Montaigne contre les miracles. Montaigne pour les miracles.

62.

Quand on veut poursuivre les vertus jusqu'aux extrêmes de part et d'autre, il se présente des vices qui s'y insinuent insen

1. Il faut être homme, c'est-à-dire, homme de cœur.

2. Pascal parle tout différemment dans le fragment 23 de l'article vi.

3. En titre dans l'autographe, Miracles. Voir dans Montaigne I, 26 et III, 11.

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