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JÉSUS-CHRIST est Dieu, peut-être ils l'entendent, non par nature, mais comme il est dit, Dii estis1.

66 bis.

Si mes Lettres sont condamnées à Rome, ce que j'y condamne est condamné dans le ciel Ad tuum, Domine Jesu, tribunal appello 2.

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... J'ai craint que je n'eusse mal écrit, me voyant condamné, mais l'exemple de tant de pieux écrits me fait croire au contraire. Il n'est plus permis de bien écrire, tant l'Inquisition est corrompue ou ignorante!

...

Il est meilleur d'obéir à Dieu qu'aux hommes*.

... Je ne crains rien, je n'espère rien. Les évêques ne sont pas ainsi. Le Port-Royal craint, et c'est une mauvaise politique de les séparer, car ils ne craindront plus et se feront plus craindre. Je ne crains pas même vos censures pareilles 5, si elles ne sont fondées sur celles de la tradition. Censurez-vous tout? Quoi! même mon respect? Non. Donc dites quoi, ou vous ne ferez rien, si vous ne désignez le mal, et pourquoi il est mal. Et c'est ce qu'ils auront bien peine à faire o.

67.

La machine d'arithmétique" fait des effets qui approchent plus de la pensée que tout ce que font les animaux; mais elle ne fait rien qui puisse faire dire qu'elle a de la volonté, comme les animaux.

68.

Certains auteurs, parlant de leurs ouvrages, disent: Mon

1. Ps. LXXXI, 6, paroles de Dieu aux grands de la terre: < Vous êtes des dieux, mais vous mourrez comme des hommes. > Pascal veut dire : Que n'accusez-vous aussi bien les jansénistes d'arianisme? Il est vrai qu'ils professent que Jésus-CHRIST est Dieu, mais peut-être qu'ils ne l'entendent que par figure!

2. Je ne sais si ce latin est pris d'ailleurs. Les Provinciales avaient été condamnées à Rome le 6 septembre 1657.

3. Ces mots hardis s'adressent sans doute à la papauté elle-même.

4. C'est la réponse de Pierre et des siens au Conseil de Jérusalem, qui leur défend de prècher au nom de Jésus: Obedire oportet Deo magis quam hominibus. Act. des Ap. v, 29. 5. Allusion sans doute à une certaine censure en particulier.

6. Voyez la dix-septième Provinciale : « Je n'espère rien du monde, je n'en appréhende rien, je n'en veux rien; je n'ai besoin, par la grâce de Dieu, ni du bien, ni de l'autorité de personne. Ainsi, mon Père, j'échappe à toutes vos prises. Vous ne me sauriez prendre, de quelque côté que vous le tentiez. Vous pouvez bien toucher le Port-Royal, mais non pas moi, etc. >

7. Voir la Vie de Pascal, pages LXVII et LXVIII de l'Introduction.

livre, mon commentaire, mon histoire, etc. Ils sentent leurs bourgeois qui ont pignon sur rue, et toujours « chez moi » à la bouche. Ils feraient mieux de dire: Notre livre, notre commentaire, notre histoire, etc., vu que d'ordinaire il y a plus en cela du bien d'autrui que du leur.

69.

J'aime la pauvreté, parce qu'il l'a aimée 1. J'aime les biens, parce qu'ils donnent le moyen d'en assister les misérables. Je garde fidélité à tout le monde. Je [ne] rends pas le mal à ceux qui m'en font; mais je leur souhaite une condition pareille à la mienne, où l'on ne reçoit pas de mal ni de bien de la part des hommes. J'essaye d'être juste, véritable, sincère et fidèle à tous les hommes, et j'ai une tendresse de cœur pour ceux à qui Dieu m'a uni plus étroitement... et soit que je sois seul, ou à la vue des hommes, j'ai en toutes mes actions la vue de Dieu qui les doit juger, et à qui je les ai toutes consacrées. Voilà quels sont mes sentiments; et je bénis tous les jours de ma vie mon Rédempteur qui les a mis en moi, et qui, d'un homme plein de faiblesses, de misères, de concupiscence, d'orgueil et d'ambition, a fait un homme exempt de tous ces maux par la force de sa grâce, à laquelle toute la gloire en est due, n'ayant de moi que la misère et l'erreur.

70.

La nature a des perfections, pour montrer qu'elle est l'image de Dieu; et des défauts, pour montrer qu'elle n'en est que l'image.

71.

Les hommes sont si nécessairement fous, que ce serait être fou par un autre tour de folie, de n'être pas fou.

72.

Otez la probabilité, on ne peut plus plaire au monde; mettez la probabilité, on ne peut plus lui déplaire.

1. Ce morceau commençait d'abord par cette ligne que Pascal a effacée : « J'aime tous les hommes comme mes frères parce qu'ils sont tous rachetés : » Voyez la Vie de Pascal, page LXXXVI.

2. Nemo de suo habet nisi mendacium et peccatum, personne n'a de soi-même que mensonge et péché, a dit le deuxième concile d'Orange. Note de M. Sainte-Beuve dans son Port-Royal, t. 11, p. 158, première édition.

73.

L'ardeur des saints à chercher le vrai était inutile, si le probable est sûr.

74.

Pour faire d'un homme un saint, il faut bien que ce soit la grâce; et qui en doute, ne sait ce que c'est que saint et qu'homme.

75.

On aime la sûreté. On aime que le pape soit infaillible en la foi, et que les docteurs graves le soient dans les mœurs, afin d'avoir son assurance.

76.

Il ne faut pas juger de ce qu'est le pape par quelques paroles des Pères, comme disaient les Grecs dans un concile, règles importantes, mais par les actions de l'Église et des Pères, et par les canons.

77.

Le pape est premier. Quel autre est connu de tous? Quel autre est reconnu de tous? ayant pouvoir d'insinuer dans tout le corps, parce qu'il tient la maîtresse branche, qui s'insinue partout? Qu'il était aisé de faire dégénérer cela en tyrannie ! C'est pourquoi JÉSUS-CHRIST leur a posé ce précepte: Vos autem non sic1.

L'unité et la multitude: Duo aut tres in unum. Erreur à exclure l'une des deux, comme font les papistes qui excluent la multitude, ou les huguenots qui excluent l'unité.

78.

Il y a hérésie à expliquer toujours omnes de tous, et hérésie à ne le pas expliquer quelquefois de tous. Bibite ex hoc omnes les huguenots, hérétiques, en l'expliquant de tous. In

1. Luc, xxII, 26: Les disciples contestant entre eux sur la primauté, Jésus leur dit: Les rois des nations commandent en maîtres. Qu'il n'en soit pas ainsi parmi vous : mais que celui qui est le plus grand devienne comme le plus petit, et celui qui commande comme celui qui sert. >

2. Cela sera expliqué au fragment 84.

3. Ces paroles ne se trouvent nulle part textuellement dans l'Ecriture.

4. Buvez-en tous, car ceci est mon sang. Matth. xxv1, 27.

5. Car, suivant la doctrine de l'Église, il n'y a que ceux qui sont en état de grâce qui doivent boire le sang de JÉSUS-CHRIST dans la communion.

quo omnes peccaverunt : les huguenots, hérétiques, en exceptant les enfants des fidèles 2. Il faut donc suivre les Pères et la tradition pour savoir quand, puisqu'il y a hérésie à craindre de part et d'autre.

79.

Tout nous peut être mortel, même les choses faites pour nous servir; comme, dans la nature, les murailles peuvent nous tuer, et les degrés nous tuer, si nous n'allons avec jus

tesse.

Le moindre mouvement importe à toute la nature; la mer entière change pour une pierre. Ainsi, dans la grâce, la moindre action importe pour ses suites à tout. Donc tout est important.

En chaque action, il faut regarder, outre l'action, notre état présent, passé, futur, et des autres à qui elle importe 3, et voir les liaisons de toutes ces choses. Et lors on sera bien retenu.

80.

Tous les hommes se haïssent naturellement l'un l'autre. On s'est servi comme on a pu de la concupiscence pour la faire servir au bien public. Mais ce n'est que feinte, et une fausse image de la charité; car, au fond, ce n'est que haine.

80 bis.

Les raisons des effets marquent la grandeur de l'homme, d'avoir tiré de la concupiscence un si bel ordre".

80 ter.

Grandeur de l'homme dans sa concupiscence même, d'en avoir su tirer un règlement admirable, et en avoir fait un tableau de la charité.

...

81.

Mais dans le fond, ce vilain fond de l'homme, ce figmentum malum, n'est que couvert; il n'est pas ôté ".

1. Rom. v, 12: « De même que le péché est entré dans le monde par un homme, en qui tous ont péché. ›

2. Voir une longue discussion sur ce passage de saint Paul dans Bossuet, Défense de la tradition et des saints Pères, livre V1, chapitre x et suivants.

3. Et l'état présent, passé, futur, des autres personnes à qui elle importe.

4. En titre, Grandeur. Sur les raisons des effets, voir v, 2, etc.

5. On lit au psaume cII, 14: Dieu sait bien de quelle matière nous sommes faits quoniam ipse cognovit figmentum nostrum. » Voyez le fragment vi, 20.

81 bis.

[Si on veut dire que l'homme est trop peu pour mériter la communication avec Dieu, il faut être bien grand pour en juger 1.]

82.

L'homme n'est pas digne de Dieu, mais il n'est pas incapable d'en être rendu digne.

Il est indigne de Dieu de se joindre à l'homme misérable; mais il n'est pas indigne de Dieu de le tirer de sa misère.

83.

... Les malheureux, qui m'ont obligé de parler du fond de la religion!... Des pécheurs purifiés sans pénitence, des justes justifiés sans charité, tous les chrétiens sans la grâce de JésusCHRIST, Dieu sans pouvoir sur la volonté des hommes, une prédestination sans mystère, une Rédemption sans certitude!

83 bis.

... Ces malheureux, qui nous ont obligé de parler des miracles!

84.

Unité, multitude. En considérant l'Église comme unité, le pape, qui en est le chef, est comme tout. En la considérant comme multitude, le pape n'en est qu'une partie. Les Pères l'ont considérée, tantôt en une manière, tantôt en l'autre. Et ainsi ont parlé diversement du pape. Saint Cyprien : Sacerdos Dei 2. Mais en établissant une de ces deux vérités, ils n'ont pas exclu l'autre. La multitude qui ne se réduit pas à l'unité est confusion, l'unité qui ne dépend pas de la multitude est tyrannie. Il n'y a presque plus que la France où il soit permis de dire que le concile est au-dessus du pape 3.

85.

Dieu ne fait point de miracles dans la conduite ordinaire de son Église. C'en serait un étrange, si l'infaillibilité était dans un; mais d'être dans la multitude, cela paraît si naturel, que la

1. Ce fragment avait été barré par Pascal. Voyez le fragment xii, 20.

2. Je ne puis dire d'où sont pris ces mots.

3. En titre dans l'autographe: Eglise, Pape.

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