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crifice et sans idole ; ce qui est accompli aujourd'hui, ne pouvant faire sacrifice légitime hors de Jérusalem 1.

12.

Quand la parole de Dieu, qui est véritable, est fausse littéralement, elle est vraie spirituellement. Sede a dextris meis 2. Cela est faux littéralement; donc cela est vrai spirituellement. En ces expressions, il est parlé de Dieu à la manière des hommes ; et cela ne signifie autre chose, sinon que, l'intention que les hommes ont en faisant asseoir à leur droite, Dieu l'aura aussi. C'est donc une marque de l'intention de Dieu, non de sa manière de l'exécuter.

Ainsi quand il dit : Dieu a reçu l'odeur de vos parfums et vous donnera en récompense une terre grasse 3, c'est-à-dire, la même intention qu'aurait un homme qui, agréant vos parfums, vous donnerait en récompense une terre grasse, Dieu aura la même intention pour vous, parce que vous avez eu pour [lui] la même intention qu'un homme a pour celui à qui il donne des parfums. Ainsi iratus est, « Dieu jaloux. », etc. *. Car les choses de Dieu étant inexprimables, elles ne peuveut être dites autrement, et l'Eglise aujourd'hui en use encore : quia confortavit seras, etc. 5.

Il ne nous est pas permis d'attribuer à l'écriture les sens qu'elle ne nous a pas révélé qu'elle a. Ainsi, de dire que le mem fermé d'Isaïe signifie 600, cela n'est pas révélé. Il eût pu dire que les tsadé final et les he deficientes signifieraient des mystères. Il n'est donc pas permis de le dire, et encore moins de dire que c'est la manière de la pierre philosophale. Mais nous disons que le sens littéral n'est pas le vrai, parce que les prophètes l'ont dit eux-mêmes

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6

Sans idoles n'est pas dans le texte.

3. Le sens de ce que dit ici Pascal est partout dans les prophéties, mais s'il y a tel verset particulier dont cette phrase soit la traduction, je ne l'ai pas trouvé.

4. Exod. xx, 5; Is. v, 25, etc.

5. Ps. CXLVII, 13: a Loue le Seigneur, & Jérusalem, parce qu'il a rendu tes portes imprenables. Il y a dans la Vulgate quoniam. Ce psaume se chante à l'office du mercredi à Laudes.

6. Expliquons tous ces mystères. On distingue en hébreu le mem ou m ouvert, dont la figure est en effet ouverte par en bas, et qui s'emploie au commencement ou au milieu des mots, et le mem ou m fermé, qui ne s'emploie qu'à la fin. On sait que la plus fameuse des prophéties touchant le Messie est celle qu'on lit au chapitre 1x d'Isaïe, verset 6: Parvulus enim natus est nobis, etc. Dans le texte hébreu se trouvent les mots lemarbé hamisra, répondant à ceux-ci de la Vulgate, multiplicabitur ejus in:perium. Le mem

13.

Tout ce qui ne va point à la charité est figure.

L'unique objet de l'Écriture est la charité. Tout ce qui ne va point à l'unique but en est la figure : car, puisqu'il n'y a qu'un but, tout ce qui n'y va point en mots propres est figuré.

Dieu diversifie ainsi cet unique précepte de charité pour satisfaire notre curiosilé, qui recherche la diversité, par cette diversité, qui nous mène toujours à notre unique nécessaire. Car une seule chose est nécessaire 1, et nous aimons la diversité; et Dieu satisfait à l'un et à l'autre par ces diversités, qui mènent au seul nécessaire.

13 bis.

Changer de figure, à cause de notre faiblesse.

du mot lemarbé devrait être un mem ouvert, et au contraire les manuscrits portent un mem fermé ou final. Les rabbins ont vu dans cette faute d'orthographe toutes sortes de mystères. Ils ont dit que le mem fermé (mem clausum) indiquait que le Messie devait naître d'une femme vierge (ex virgine clausa). Et ils poussent cette idée jusqu'au détail le plus indécent. Ils se sont surtout attachés à la valeur numérale des lettres, car les lettres sont des chiffres en hébreu aussi bien qu'en grec. Or, tandis que le mem ouvert vaut 40, le mem fermé vaut 600. Cette anomalie signifie donc, suivant eux, que le Messie doit venir au bout de 600 ans. Pascal avait lu ces rêveries dans le Pugio fidei adversus Mauros et Judæos de Raymond Martin, un de ces vieux livres du moyen-âge, qui semblent faits pour n'être ouverts que par les savants. Mais ce livre, écrit en 1278 par un moine de Catalogne, était demeuré inédit pendant près de quatre cents ans, et ne fut imprimé qu'en 1651. C'était donc encore un livre nouveau, et qui devait faire assez de bruit autour de Pascal pour qu'il s'avisât d'y regarder. Pugio, c'est ce qu'on appelait autrefois l'épée de chevet, Sous le nom des Maures, l'auteur combat, non pas le mahométisme ni le Coran, mais la philosophie arabe.

Le tsadé final diffère du tsadé ordinaire par sa valeur numérale, comme le mem fermé du mem ouvert. Quant aux hé deficientes, il y a en hébreu certaines lettres finales, parmi lesquelles le hé ou h, qui ne se prononcent pas, mais qui doivent s'écrire. Quand elles ne sont pas écrites, ce qui est une faute, les hébraïsants les appellent deficientes. La manière de la pierre philosophale signifie sans doute la manière de trouver la pierre philosophale. Je ne sais si Pascal a ici en vue quelqu'un en particulier, mais les rêveries des alchimistes sur la pierre philosophale s'étaient mêlées de bonne heure à celles des rabbins sur le Messie. Et il ne faut pas croire qu'au temps de Pascal la cabale eût perdu tout crédit. Au siècle même de Descartes, et tout à côté de lui, florissait le célèbre cabaliste Robert Fludd, dont les idées étranges avaient encore assez de vogue pour que Gassendi se soit donné la peine d'en faire la critique, à la prière de Mersenne. Or voici ce qu'écrivait Robert Fludd, dans sa Medicina catholica (Francfort, 1629, sect. I, part. II, livre I, ch. 1): « On expose dans ce chapitre que Dieu opère dans ce monde la maladie comme la guérison par l'intermédiaire de créatures angéliques; et que tous les anges, ou autrement toute la nature angélique, est renfermée dans ce grand ange Mittatron que les Ecritures appellent la Sagesse. Et plus loin (p. 67), après avoir décrit cette vertu surnaturelle répandue dans la création, et principe de toute opération mystérieuse, il ajoute Les cabalistes l'appellent Mittatron, d'autres y reconnaissent le Messie..., d'où vient que le Christ est appelé ange en plusieurs endroits de la sainte Ecriture. Et vocatur nomen ejus, dit le prophète, magni consilii angelus. » On remarquera que ce passage, qui est d'Isaïe (1x, 6-7), est celui où se trouve le fameux mem, qui devait donc servir à trouver le Mittatron, l'agent du grand œuvre, aussi bien le Messie. que Dans le livre de Reuchlin De arte cabalistica, on lit que le mem ouvert représente la sphère de Jupiter, et le mem fermé la sphère de Mars (Hagen, 1530, p. LXXIX, au verso). Il distingue aussi les deux tsadé. - En titre dans l'autographe, Figures.

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1. Ce sont les paroles mêmes de l'Evangile Luc, x, 42 : Porro unum est necessarium.

14.

Les rabbins prennent pour figure les mamelles de l'Epouse' et tout ce qui n'exprime pas l'unique but qu'ils ont, des biens temporels. Et les Chrétiens prennent même l'Eucharistie pour figure de la gloire où ils tendent.

15.

Il y en a qui voient bien qu'il n'y a pas d'autre ennemi de l'homme que la concupiscence, qui le détourne de Dieu, et non pas Dieu; ni d'autre bien que Dieu, et non pas une terre grasse. Ceux qui croient que le bien de l'homme est en la chair, et le mal en ce qui le détourne des plaisirs des sens, qu'il s'en soûle et qu'il y meure. Mais ceux qui cherchent Dieu de tout leur cœur, qui n'ont de déplaisir que d'être privés de sa vue, qui n'ont de désir que pour le posséder et d'ennemis que ceux qui les en détournent, qui s'affligent de se voir environnés et dominés de tels ennemis; qu'ils se consolent, je leur annonce une heureuse nouvelle : il y a un libérateur pour eux, je le leur ferai voir; je leur montrerai qu'il y a un Dieu pour eux ; je ne le ferai pas voir aux autres. Je ferai voir qu'un Messie a été promis, qui délivrerait des ennemis, et qu'il en est venu un pour délivrer des iniquités, mais non des ennemis.

16.

Quand David prédit que le Messie délivrera son peuple de ses ennemis, on peut croire charnellement que ce sera des Égyptiens; et alors je ne saurais montrer que la prophétie soit accomplie. Mais on peut bien croire aussi que ce sera des iniquités car, dans la vérité, les Égyptiens ne sont pas ennemis, mais les iniquités le sont. Ce mot d'ennemis est donc équivoque.

Mais s'il dit ailleurs, comme il fait, qu'il délivrera son peuple de ses péchés 3, aussi bien qu'Isaïe et les autres‘, l'équivoque est ôtée, et le sens double des ennemis réduit au sens

1. Dans le Cantique des Cantiques.

2. Je ne sais à quel passage des Psaumes Pascal fait ici allusion. Ou sait que l'Eglise attribue les Psaumes à David, comme le Pentateuque à Moise. Mais pourquoi les Egyptiens? Est-ce à cause du verset: In exitu Israèl de Ægypto (Ps. cxш)? Ce n'est pas là une prédiction.

3. Ps. CXXIX (c'est le De profundis).

4. Isaïe, XLIII, 25, etc.

simple d'iniquités; car, s'il avait dans l'esprit les péchés, il les pouvait bien dénoter par ennemis; mais s'il pensait aux ennemis, il ne les pouvait pas désigner par iniquités.

Or, Moïse, et David, et Isaïe usaient des mêmes termes. Qui dira donc qu'ils n'avaient pas même sens, et que le sens de David, qui est manifestement d'iniquités lorsqu'il parlait d'ennemis, ne fut pas le même que celui de Moïse en parlant d'ennemis?

1

Daniel, Ix, prie pour la délivrance du peuple de la captivité de leurs ennemis ; mais il pensait aux péchés: et, pour le montrer, il dit que Gabriel lui vint dire qu'il était exaucé et qu'il n'y avait plus que soixante-dix semaines à attendre; après quoi le peuple serait délivré d'iniquité, le péché prendrait fin; et le Libérateur, le Saint des saints, amènerait la justice éternelle, non la légale, mais l'éternelle 2.

16 bis.

Dès qu'une fois on a ouvert ce secret, il est impossible de ne pas le voir. Qu'on lise le vieil Testament en cette vue, et qu'on voie si les sacrifices étaient vrais, si la parenté d'Abraham était la vraie cause de l'amitié de Dieu, si la terre promise était le véritable lieu de repos. Non. Donc c'étaient des figures. Qu'on voie de même toutes les cérémonies ordonnées, tous les commandements qui ne sont pas pour la charité, on verra que c'en sont les figures 3.

16 ter.

Tous ces sacrifices et cérémonies étaient donc figures ou sottises. Or, il y a des choses claires trop hautes, pour les estimer des sottises.

Fragment 1.

REMARQUES SUR L'ARTICLE XVI

« Il y a des figures... qui semblent un peu tirées par les cheveux. » Port-Royal a mis seulement, qui semblent moins naturelles.

1. Le mot d'ennemis ne se trouve pas dans ce chapitre, mais l'idée y est.

2. Et finem accipiat peccatum, et deleatur iniquitas... et adducatur justitia sempiterna..

et ungatur sanctus sanctorum.

3. En titre dans l'autographe, Figures.

Fragment 1 bis.

Il faut bien de la subtilité pour trouver dans ce que Pascal appelle Moïse, le Messie, et encore plus pour y découvrir la Trinité.

« David... bon... belle âme, etc. » On sait que Bayle, dans son Dictionnaire, a fait de David un portrait tout autre, qui fit dans toute la chrétienté le plus grand scandale, et que Voltaire remet à chaque instant sous les yeux de ses lecteurs.

« Les prophéties sont plus claires de lui que de JÉSUS-CHRIST. » On comprend que MM. de Port-Royal n'aient pas voulu reproduire ce fragment dans leur édition.

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Fragment 2. Pascal ne s'avise même pas de se demander si les rapports qu'il signale entre Joseph et Jésus ne viennent pas de ce que la légende de Jésus se compose en grande partie de réminiscences de l'Ancien Testament, comme l'a montré le docteur Strauss; si, par exemple, la vente des trente deniers n'est pas une imagination qui dérive de celle des vingt deniers, et l'histoire des deux larrons de celle des deux officiers du roi d'Egypte.

Le nom de Sauveur du monde donné à Joseph (Gen. XLI, 45), est une de ces rencontres heureuses qui ne manquent jamais à ceux qui s'adonnent à cet art des rapprochements.

Fragment 6. — « Or dans toute l'Écriture ils plaisent et déplaisent.>> La prétendue contradiction que Pascal poursuit ici dans la Bible n'existe pas. Les passages qui témoignent pour la Loi sont les seuls qui aient bien le sens qu'il leur prête. Voir Genèse, xviii, 13 etc., et XLIX, 10; Jérémie, xxxш; Baruch, iv, 1. Mais ce serait par une pure illusion qu'on croirait trouver dans d'autres passages le désaveu du judaïsme, comme dans Isaïe, 1, 13; Jérémie, xxx1, 31; Ézéchiel, xx, 25; Osée, III, 4, et VI, 6; Daniel, ix, 27. Je prendrai pour exemple le passage d'Ezechiel auquel se rapportent ces paroles, que les préceptes qu'ils ont reçus ne sont pas bons. « Ils avaient négligé mes lois, rejeté mes préceptes, violé mes sabbats, et leurs yeux s'étaient retournés vers les idoles de leurs pères. A mon tour, je leur ai fait suivre des préceptes qui ne sont pas bons, et des lois sous lesquelles ils ne prospéreront pas. Et je les ai souillés dans les offrandes qu'ils faisaient de tous les premiers nés 1. J'ai fait cela à cause de leurs péchés, et ils sauront que je suis le Seigneur. » Il est clair que Dieu ne dit pas ici que la Loi des Juifs ne soit pas bonne, mais au contraire qu'il a livré les Juifs, pour les punir, à des écarts et à des coutumes étrangères

1. Ibid. 31, et IV Rois, xx11, 10.

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