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J'ai lu avec beaucoup d'intérêt les indications si nettes et si détaillées que vous m'avez obligeamment communiquées. Cette lecture m'a donné le désir d'enrichir la bibliothèque de la Banque de France, en lui faisant acquérir l'exemplaire des Cahiers Raciniens qui contient votre étude sur les armoiries de Racine. J'ai prié l'un de mes collaborateurs de vous écrire en ce sens.

Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de ma considération distinguée.

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CHRONIQUE

N lycée de jeunes filles vient d'être inauguré près de Rouen (à Barentin). Il s'appellera lycée Champmeslé.

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bibliothèque composée de manuscrits an

ciens et d'ouvrages du XVe au XXe siècles a été dispersée aux enchères au début du mois de mars. L'édition originale d'Esther (1689), reliure en maroquin ancien, a été adjugée moyennant 28.000 francs. Nous retrouvons encore Racine pour la seconde forte adjudication, 20.500 francs, les Œuvres, en trois volumes (18011805), bel exemplaire portant la signature de l'imprimeur et contenant les figures avant la lettre. dans une somptueuse reliure aux grandes armes de Napoléon I, exécutée par Bradel l'aîné, en Décembre 1804.

Le Bulletin des Lettres (revue mensuelle, Sélections Lardanchet, à Lyon) dans son numéro du 15 Janvier 1963, parle des Cahiers Raciniens, dans les termes suivants :

<< Signalons l'intérêt de ces Cahiers pleins d'érudition la dernière livraison est accompagnée, en encart, d'un beau portrait du XVIIe siècle, qui a toutes chances d'être celui de Mademoiselle Champmeslé. Ce n'est pas une reproduction », mais une véritable photographie en couleurs, de format 13 × 18, bijou de précision et de charme. On souhaiterait qu'un tel exemple de luxe discret et généreux fût suivi par par d'autres revues moins spécialisées..., et moins désintéressées que les Cahiers Raciniens».

Nous remercions de tout cœur le Bulletin des Lettres, que dirige un grand lettré, M. V.-H. Debidour.

Nous remercions également tous ceux qui, écrivains, libraires, magistrats, professeurs, industriels, nous ont écrit de France, d'Australie, de Californie, du Japon, pour nous encourager et nous aider généreusement. Nous ne résistons pas au plaisir de transcrire une partie de la lettre que nous adresse M. Robert Bouvier, d'Annecy.

« Je saisis cette occasion pour vous féliciter et vous dire tout le plaisir que j'éprouve à lire votre précieuse

revue.

<< Mes occupations n'ont hélas, rien de commun avec ce genre de lecture. Votre revue est pour moi un trait d'union et me permet de ne pas laisser mourir en moi une culture à laquelle j'aimerais consacrer plus de temps.

« Vous pouvez donc être satisfait de voir que vos Cahiers Raciniens pénètrent dans des milieux auxquels ils ne semblent pas destinés. >>

D'autres, qui << connaissent les problèmes de l'édition », apprécient la « belle réalisation » et les soins. apportés à la présentation des Cahiers.

Que tous soient assurés que notre « équipe » ne se laisse pas décourager par les difficultés de diverses sortes et est infiniment reconnaissante à ceux qui savent impartialement juger l'effort accompli, soutenu, poursuivi.

Notre prochaine livraison contiendra la suite de la Jeunesse de Racine de M. Louis Vaunois, et les portraits des divers maîtres de Racine à Port-Royal.

CHRONIQUE

DES ÉTATS-UNIS

P

de jours après Noël a eu lieu à Washington la conférence annuelle des professeurs de langues et de littératures modernes «<< The Modern Language Association of America ». Au nombre de ces réunions, il y eut celle des dix-septièmistes que votre correspondant eut l'honneur de présider. Au programme, figuraient deux conférences sur Racine : << Atalide and the Tragic Plot of Bajazet », par Melle Katherine Wheatley, dont on n'oublie pas l'important Racine and English Classicism, et « Seneca in Bajazet and Mithridate », par M. Ronald W. Tobin, Professeur à Williams College.

Melle Wheatley a voulu rétablir la prédominance du rôle d'Atalide dans Bajazet. Par une analyse aussi fine que serrée, elle a démontré combien les revirements de l'intrigue dans Bajazet dépendent de revirements dans les émotions d'Atalide. Tout le monde sait que lorsque Atalide croit que Bajazet fait la cour à Roxane avec enthousiasme, elle lui adresse des reproches, et le désarroi émotionnel de Bajazet et d'Atalide commence à dessiller les yeux de Roxane; mais, ajoute Mlle Wheatley, il faut remarquer aussi que les doutes d'Atalide détruisent chez Bajazet, la volonté de lutter pour échapper à la mort. Atalide se trompe elle-même, mais de façon intermittente: les péripéties sont le résultat de cette alternance entre la reconnaissance lucide et son désir (peut-être subconscient ?) de se tromper. Atalide n'est pas une victime passive

comme on l'a trop dit c'est elle l'héroïne tragique

qui est responsable de la mort de Bajazet, victime de la tragédie. Elle est tragique selon la conception d'Aristote, c'est-à-dire que l'on a pitié d'elle et, tout en la reconnaissant coupable, nous n'admettons aucun mélange de mépris avec cette pitié. Mlle Wheatley distingue entre la tragédie et le drame qui l'environne. La mort de Roxane est le dénouement du drume, celle d'Atalide est le dénouement de la tragédie.

M. Tobin trouve chez Racine des exemples de l'influence de Sénèque que ne voudront pas admettre tous les racinisants. Dans Bajazet il trouve que Roxane est une première ébauche de Phèdre, imitée de celle de Sénèque. Il y a similitude entre les intrigues, où une femme qui détient momentanément le pouvoir l'offre au jeune héros en même temps, bien entendu, que son amour. M. Tobin remarque dans cette pièce la sensualité de Roxane, doublée d'une faculté d'introspection très lucide, qui sont caractéristiques des personnages de Sénèque, M. Tobin trouve que le ton noble, élevé, de la tragédie française est dû en grande partie à l'influence de Sénèque sur Jodelle, Garnier et sur leurs successeurs, mais il n'explique pas pourquoi en Angleterre, où cette influence était beaucoup plus marquée, elle a donné des résultats si contraires au ton du théâtre classique français. Dans Mithridate, M. Tobin discerne l'influence des deux pièces de Sénèque dont le héros est Hercule. L'action de la pièce se concentre autour d'un seul personnage, et il est introduit assez tard alors qu'on l'a cru mort, comme dans l'Hercules furens. La scène où Mithridate trompe Monime aurait été imitée des Troades où Ulysse guette Andromaque, qui tâche en vain de lui cacher Astyanax. (Il y a certainement bien des racinisants qui préfèreront toujours voir avec Voltaire une plus grande ressemblance entre cette scène et celle où Harpagon dissimule pour tromper son fils). Racine aurait même hérité de défauts techniques du théâtre de Sénèque M. Tobin trouve que chez Racine, comme chez Sénèque, tout est centré autour d'un seul personnage au

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