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qui inspirèrent à Watteau le décor de « l'Embarquement pour Cythère ».

Nous n'oublierons pas que le duc de Gramont voulut bien ouvrir à la Société Racinienne et à ses hôtes étrangers ce beau domaine en 1956. De son côté, il n'oubliait pas le souvenir de la comtesse de Gramont, née Elisabeth Hamilton, qui fut une grande amie de Racine. Elle n'avait pas pris rang parmi les ancêtres du duc de Gramont, c'était tout au plus une arrièregrand-tante, puisqu'elle avait épousé en 1663 le chevalier de Gramont (le gaillard héros des Mémoires du chevalier de Gramont qu'écrivit Antoine Hamilton, frère d'Elisabeth); mais Elisabeth Hamilton, née en 1641, avait été élevée à Port-Royal par les religieuses vers le même temps que Racine étudiait à Port-Royal des Champs; par la suite elle ne dissimula jamais sa sympathie pour Port-Royal. Son nom figure en bonne place dans la correspondance de Racine.

Voici comment le duc de Gramont rappela ces souvenirs dans la Préface qu'il avait accepté d'écrire pour présenter au public l'ouvrage de M. André Chagny, Marquise du Parc:

<< La famille et les fervents du grand poète sont demeurés fidèles à tout ce qui le touche. Et, tout naturellement, à ses amitiés. C'est à l'amitié réciproque qui le lia à la comtesse de Gramont, née Hamilton, nourrie à Port-Royal, que je dois de présenter aujourd'hui les pages que l'on va lire. Elle était née anglaise, et fut distinguée par le comte de Gramont, frère du premier maréchal de Gramont, et connu sous le titre simplement distinctif de chevalier. Il est resté célèbre pour avoir été le héros de ces Mémoires charmants et lestes que lui consacra son beau-frère. Mais la comtesse mérite, autant et plus peutêtre que son léger époux, de survivre. Elle fut une des seules à la Cour, à ne pas renier Port-Royal et à ne pas s'en cacher vis-à-vis du roi toujours intransigeant à ce propos; son caractère, son esprit et son franc-parler lui valurent l'estime générale ».

La Société Racinienne conservera avec reconnaissance la mémoire du grand seigneur, grand savant et grand lettré, qui lui témoigna une précieuse amitié.

Gaston Brière

B

RIÈRE : ce nom restera attaché au vocable prestigieux de Versailles, à la restauration du Palais dans son intégrité. Gaston Brière (18711962) était le doyen des conservateurs de musées.

A vingt-huit ans il fonda en 1899 la Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine avec son ami Pierre Caron, futur directeur des Archives Nationales. Il la dirigea pendant quinze années.

Il entra en 1903 au musée de Versailles. Il lui consacra trentecinq ans de sa vie. A travers mille obstacles, il visa à restituer dans leur état originel les salles défigurées par la dispersion de panneaux et de tableaux décoratifs au cours de la Révolution et du XIX siècle.

En 1916-1918 il organisa au Val-de-Grâce le musée anatomoclinique, et pendant les deux années suivantes, qu'il passa au Louvre, il publia le catalogue de la peinture française.

Sa retraite fut un peu différée par la visite de la reine d'Angleterre (1938), et dès septembre 1939 il fut requis pour organiser et garder en Anjou un des plus importants dépôts d'œuvres d'art évacuées de Paris et de Versailles pour la durée de la guerre. C'est ainsi qu'il passa six ans et demi au château de Brissac. Après de cruelles alertes, il ramena intacts, en 1946,

les trésors qui lui avaient été confiés.

Pendant vingt-cinq ans il professa à l'Ecole du Louvre, où il forma nombre d'élèves qui aujourd'hui gouvernent nos musées et nos bibliothèques. A son premier cours (1912) assistait une élève de deuxième année, Mlle Clotilde Misme, qui devait devenir sa femme. Mme Brière se spécialisa dans l'histoire de la peinture hollandaise. Tous ceux qui ont approché Gaston Brière savent quelle admirable compagne elle fut pour son travail, pour sa pensée, pour son activité, pour sa vie.

Car Gaston Brière, inlassable, continuait à être mêlé à la vie de nos collections comme membre du Conseil Artistique des Musées Nationaux. Il ne cessait pas de conseiller aimablement, d'aider efficacement, de rendre service comme si c'était pour son propre plaisir. On ne s'adressait jamais en vain à sa compétence et à son autorité. Il répondit au premier appel de la Société Racinienne. En 1958 il inaugura dans les Cahiers Raciniens la rubrique des « Portraits de Racine » par un article sur « Un buste de Racine au Musée de Versailles ». Il nous donna un scrupuleux exposé basé sur de multiples références, et nous fournit une photographie que nous avons reproduite en frontispice du Cahier Racinien III.

Il reçut la cravate de commandeur de la Légion d'honneur en 1957. Une médaille frappée à son effigie lui fut offerte en 1958, au cours d'une cérémonie dans la galerie basse du château de Versailles, par la Société des Arts et Lettres. La même année, hommage suprême, la Société de l'Histoire de l'art français lui remit, au milieu d'une nombreuse assistance réunie dans la salle où il avait jadis commencé d'enseigner (aujourd'hui Salle du Conseil des Musées) un volume de Mélanges (Archives de l'Art Français, tome XXII, 1959) auquel cinquante de ses amis et disciples avaient collaboré.

Son action restera présente et bienfaisante après sa mort. Citons, parmi divers dons et legs qu'il laisse, une rente pour le musée de Versailles, et la future Fondation Brière, maison de retraite et de repos où les conservateurs des musées nationaux et des musées parisiens municipaux auront un accès privilégié. Elle sera édifiée par la Mutuelle Générale de l'Education Nationale sur les propriétés de Gaston Brière à Fontenay-enParisis.

Jusqu'au dernier instant il aura aimé nos travaux et il s'y sera intéressé. Malgré ses souffrances, il leur accordait une vive attention: le 21 juin à sept heures du soir il se fit lire le

Cahier Racinien X qu'il venait de recevoir. Moins de vingtquatre heures plus tard il rendait le dernier soupir.

Nous recopierons ici une lettre que nous avions reçue de lui en 1957:

« Je n'ai pas oublié les bons rapports que j'entretins, en ma jeunesse bien lointaine, avec votre père. (1) Je garde le souvenir de sa distinction d'esprit et de son affabilité. C'était l' << honnête homme », comme on le comprenait encore au XIX® siècle. Les contraintes sociales et économiques ont fait disparaître peu à peu cette catégorie de Français. Le niveau général s'est exhaussé sans doute, mais le nombre de ceux à qui la culture intellectuelle était permise diminue. De là la grande misère de la majorité de nos sociétés savantes. Nous manquons d'adhérents et de donateurs ! Je souhaite cependant que votre Société Racinienne vogue à pleines voiles. J'ai bien peu de titres pour me hisser à l'honneur de patronner vos efforts. Je ne me suis occupé de Racine que pour effacer son nom d'un beau portrait de magistrat du Musée de Toulouse, et pour exposer son vrai visage peint par Santerre, dans Versailles, en 1937. Voilà l'image du grand poète que je voudrais voir entrer dans le Panthéon national versaillais... C'est mon ami Georges Gazier qui avait favorisé le prêt... ».

Dans ces quelques lignes apparaissent comme en raccourci les principales vertus de Gaston Brière: fidélité, modestie, dévouement, science et conscience.

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(1) Albert Vaunois, Président de la Société des Etudes Historiques en 1899.

CHRONIQUE

D

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E L'EXPOSITION de Versailles consacrée à la Comédie Française, il y aurait beaucoup à dire à cause de la richesse du sujet, de l'ampleur de l'effort accompli, du goût et de l'ingéniosité manifestés dans l'arrangement de tant de reliques. Aussi ne peut-on en rendre compte de façon détaillée, et les quelques observations qui vont suivre ne porteront que sur ce qui concerne Racine et ses interprètes. L'ensemble est admirable, aucune entreprise de ce genre n'est cependant exempte de critiques accessoires.

Tout d'abord, le portrait noté par le catalogue — no 105 — sous le nom de Champmeslé (Marie Desmares, dite Mlle) sans nom d'auteur, est un « portrait présumé » : il aurait mieux valu le dire, car il n'est pas sûr du tout que ce soit la Champmeslé. Quant au portrait donné comme un portrait de Racine, il est regrettable que ce ne soit pas Racine (n° 116 du catalogue). C'est le tableau qui avait été mis au rancart par Pierre de Nolhac, et que Mauricheau-Beaupré en a dédouané. Voici ce que Gaston Brière, qui le connaissait singulièrement, écrivait à son propos dans notre Cahier Racinien III (1958).

Portrait peint « de forme ovale (h. 0,68; 1. 0,55), montrant un buste d'homme encore jeune, le visage florissant, portant ample perruque blonde, vêtu d'un habit violacé sombre s'ou

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