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Page 697, dans le dernier alinéa lire exclue.

<...Mais il importe de constater une part d'ambivalence au moment même où celle-ci paraît le plus évidemment exclue ».

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LES LOGIS

DE RACINE

ETTE ÉTUDE ne prétend être ni complète, ni définitive. Il s'agit d'une mise au point sur les données dont nous disposons actuellement, sorte d'état présent de la question. Nombre d'éléments ressortent avec certitude: lieux et dates nous sont confirmés par la correspondance, les actes, les témoignages contemporains. Mais il subsiste beaucoup de lacunes, des imprécisions, des périodes incertaines sur lesquelles aucun document n'apporte de lumières. Le champ s'ouvre encore aux recherches et aux dépouillements. Il n'en est que plus nécessaire d'établir un bilan provisoire, que des découvertes ultérieures ne manqueront pas de compléter. C'est dire que toute correction et tout apport nouveau nous seront les bienvenus.

Jean Racine fut baptisé à la Ferté-Milon, paroisse SaintVaast, le 22 décembre 1639. Ici se pose le premier point d'interrogation où logeaient ses parents? chez les grands-parents Sconin? chez les grands-parents Racine? ou disposaient-ils d'un domicile indépendant? Autant de questions qui demeurent sans réponse. L'étude de M. Louis Vaunois La Jeunesse de Racine, parue dans les derniers Cahiers Raciniens, apporte les indications les plus récentes et les plus documentées sur cette période. L'enfant, mis en nourrice, revient vivre chez ses

grands-parents paternels après la mort de sa mère, dans une maison située rue de Reims. Le grand-père avait alors quitté le faubourg Saint Vaast pour s'installer intra muros. Le docteur Gaudot apporte sur ce logis des précisions intéressantes, (1) ainsi que sur la vie que put mener à la Ferté-Milon le petit Jean Racine. Celui-ci commence « le rudiment » à l'école paroissiale, c'est-à-dire lecture, écriture, calcul et catéchisme.

Le grand-père meurt en septembre 1649. Mais en novembre de la même année Racine est parrain d'un enfant, Jean Hanot, et, à nouveau, en mars 1650 d'une petite fille, Catherine Lemaire en l'église Notre-Dame de la Ferté-Milon. Il a donc accompli toute son année scolaire 1649-1650 dans sa ville natale. On pense qu'il arriva à Port-Royal pour la rentrée d'octobre 1650 au plus tôt. Il y fait ses classes de grammaire.

En 1653, il va faire << ses humanités » au collège de Beauvais d'où il sort en octobre 1655 pour retourner faire sa rhétorique à Port-Royal des Champs, aux Petites Ecoles. Enfin, en octobre 1658, on l'envoie au Collège d'Harcourt, l'actuel lycée St Louis, où il étudie la philosophie.

Le principal, à l'époque, Thomas Fortin, est un ami des solitaires. Il s'est chargé de l'impression secrète de plusieurs Provinciales. << Il est fort et hardi, cherchant toujours à chagriner les Jésuites». Harcourt se composait alors du grand et du petit collège. Les bâtiments se situaient de chaque côté de la rue de la Harpe, réunis par un passage souterrain voûté depuis 1630. Thomas Fortin y avait entrepris de grands travaux pour construire une façade monumentale dont il donna les portes, encore conservées dans le vestibule de l'actuel lycée. Il fit aussi commencer la nouvelle chapelle dédiée à saint Louis. Le collège était célèbre par la qualité des maîtres qui y enseignaient. Depuis la réforme de l'Université, au début du 17° siècle, la discipline s'y était adoucie et les châtiments corporels avaient été supprimés. La règle voulait qu'on n'y parle que le latin. Un surveillant dénonçait ceux qui y manquaient, mais ils ne recevaient plus le fouet. Il y avait six heures de classe par jour : deux heures étaient réservées pour composer des vers ou des morceaux de prose. La philosophie qu'on y enseignait était celle d'Aristote. A dix heures, le matin, on étudiait la sphère et quelques propositions d'Euclide. L'étude de

(1) Cahiers Raciniens - VIII.

la langue grecque était en grand honneur. On descendait au réfectoire à onze heures du matin et six heures du soir pour la distribution des portions. Le clerc de semaine récitait la prière, on prenait les repas en silence et on se retirait après avoir récité les grâces.

De Racine lui-même pendant son séjour au collège, nous ne savons à peu près rien. Il en sort à la fin de l'année 1659. H loge alors à l'Image Saint-Louis, près de Sainte-Geneviève, ainsi que nous le spécifie une lettre à sa sœur Marie. La façade donne sur la rue Saint-Jacques et la sortie sur la rue des Poirées (ou Porrées). Etait-ce un hôtel meublé ? une pension? on l'ignore.

En 1660, il habite l'hôtel de Luynes, où Nicolas Vitart, qui remplit les fonctions d'intendant, l'a fait admettre. Le duc Charles Albert de Luynes, fils du connétable, grand seigneur pieux et austère, tout dévoué aux jansénistes, a connu le « petit Racine à Port-Royal. L'hôtel de Luynes était alors situé à l'extrémité de la rue Gît-le-Coeur, vieille rue du temps de Philippe-Auguste. Celle-ci aboutissait à la rue du Hurepoix, parallèle à la Seine et bâtie des deux côtés. François I y avait fait élever pour sa favorite, la duchesse d'Etampes, un hôtel richement décoré de peintures à fresque, de tapisseries et de devises. Au début du 17° siècle, l'hôtel d'Etampes avait été divisé en deux l'hôtel d'O, habité par Pierre Séguier, et l'hôtel de Luynes. Dans ce cadre, le duc menait une vie sévère, aussi régulière que dans une communauté. « Tout le monde mangeait en commun dans une salle avec le duc. On y entendait la messe et on y faisait la prière régulièrement dans la chapelle ». Mais Racine fréquente surtout chez le cousin Vitart, galant homme, plutôt mondain, qui ne partage pas les préventions de Port-Royal contre les milieux littéraires et le monde du théâtre. Il rencontre l'abbé Le Vasseur. Il connaît La Fontaine, qui loge un peu plus loin, sur le quai des Augustins, chez l'oncle Jannart. Parfois il se rend à Chevreuse, où le duc possédait le château couronnant la colline. Dans cette ancienne forteresse, démantelée en 1624 sur l'ordre de Richelieu, des travaux de réparation avaient été entrepris. Racine a mission de les surveiller. Il date alors ses lettres de « Babylone ».

En novembre 1661, il part pour Uzès, comme l'attestent ses lettres à Vitart et à La Fontaine. Nous avons peu de renseignements sur le logis de l'oncle Sconin, qui est vicaire général. Les lettres, assez nombreuses, que Racine adresse à ses proches fournissent quelques détails sur la vie qu'il mène alors. Il se

rend au prieuré de Saint-Maximin, proche d'Uzès, et s'occupe des travaux que son oncle y fait exécuter. Ses dernières lettres sont datées de juillet 1662. On ignore la date de son retour.

Nous le retrouvons à Paris en juillet 1663, à l'hôtel de Luynes, non plus rue Gît-le-Coeur, mais rue de la Butte-Saint-Guillaume, paroisse Saint-Sulpice. C'est là que le duc vient de s'installer, et c'est là que loge Vitart.

Dans les années qui suivent, il change encore de logis. Un acte passé à la Ferté-Milon, le 26 octobre 1667, le déclare domicilié rue de Grenelle, faubourg Saint-Germain.

En 1668, sur l'acte de baptême de Jeanne Thérèse Olivier, où sa signature est apposée, figure la mention que le parrain (Jean Racine) est de la paroisse Saint-Eustache ». « Il dut prendre un appartement dans ce quartier pour être à proximité de l'hôtel de Bourgogne », nous dit M. d'Espezel dans son article Les logis parisiens de Racine. (1) Ou plutôt pour vivre à proximité de Marquise du Parc, qui habitait sur la paroisse Saint-Roch toute voisine? Est-ce rue Saint-Thomas du Louvre, ou dans une voie adjacente, que s'est passée la scène rapportée par Valincour? Les Plaideurs avaient été joués pour la première fois en novembre 1668, avant d'être représentés à la Cour, et l'accueil avait été douteux. « Un mois après, les comédiens étant à la Cour... risquèrent les Plaideurs ». Le roi « en fut frappé et y fit même de grands éclats de rire ». La Cour suivit le mouvement et les comédiens, revenant à Paris en trois carrosses, voulurent aller porter tout de suite cette bonne nouvelle à Racine. « Trois carrosses après minuit, et dans un lieu où jamais il ne s'en était tant vu ensemble, réveillèrent le voisinage. On se mit aux fenêtres; et, comme on vit que les carrosses étaient à la porte de Racine et qu'il s'agissait des Plaideurs, les bourgeois se persuadèrent qu'on venait l'enlever pour avoir mal parlé des juges. Tout Paris le crut à la Conciergerie le lendemain ». Mais Racine n'était pas chez lui. Il était chez Marquise, qui mourait.

Il est dommage que nous ne puissions pas évoquer de façon plus précise l'atmosphère de cette petite rue du vieux Paris où trois carrosses ensemble, et la nuit, étaient si étonnants, et surtout le drame qui se jouait à l'intérieur d'une maison voisine.

(1) Revue de Paris, 1er février 1940.

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