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Édition publiée avec autorisation de madame AGASSE, proprié taire des OEuvres posthumes de La Harpe.

IMPRIMÉ PAR LACHEVARDIERE FILS,

RUE DU COLOMBIER, N. 30, A PARIS.

OU

COURS DE LITTÉRATURE

ANCIENNE ET MODERNE,

PAR J. F. LA HARPE.

Indocti discant, et ament meminisse periti.

TOME CINQUIÈME.

SIÈCLE DE LOUIS XIV, – - POÉSIE.

A PARIS,

CHEZ DEPELAFOL, LIBRAIRE,

RUE DES FOSSÉS-SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS, N. 13;

MAME ET DELAUNAY-VALLÉE, LIBRAIRES,
RUE GUÉNÉGAUD, N. 23.

M DCCC XXV.

TENOX LIBRARY

NEW YORK

INTRODUCTION,

ου

DISCOURS SUR L'ÉTAT DES LETTRES

EN EUROPE,

DEPUIS LA FIN DU SIÈCLE QUI A SUIVI CELUI D'AUGUSTE, JUSQU'AU RÈGNE DE LOUIS XIV,

Tel qu'il fut prononcé en 1797.

Nous avons parcouru ces beaux siècles de la Grèce et de Rome, qui ont été ceux de la gloire et des prodiges de l'esprit humain : nous avons voyagé au milieu de ces grands monuments dont le temps a respecté du moins une partie qui doit faire à jamais regretter l'autre. Si long-temps ensevelis dans les vastes et profondes ténèbres dont la barbarie obscurcissait la terre aux premières lueurs de la raison et du goût, le travail et l'érudition les débarrassèrent des décombres qui les couvraient, et de la rouille qui les avait noircis. Le génie, au moment où il s'éveilla comme d'un long sommeil, ne put les contempler qu'avec cet enthousiasme qui apprend à égaler, ou du moins à imiter ce qu'on admire; et, dans la suite, la satiété, le paradoxe et une rivalité mal entendue leur ont insulté avec une orgueilleuse ingratitude, à cette époque où l'esprit devient subtil et contentieux, en même temps que les grands talents deviennent plus rares; où la prétention de juger l'emporte sur le besoin de jouir; où l'on médit de ce qui

a été fait, à mesure qu'il devient plus difficile de bien faire; enfin, où l'on ne conserve plus guère d'autre goût que l'amour aveugle de la nouveauté, quelle qu'elle soit; goût pervers et dépravé, qui calomnie le passé, corrompt le présent, et, méconnaissant tous les principes du beau et du bon, laisse à peine l'espérance de l'avenir.

Nous avons suivi des yeux les chantres d'Achille et d'Enée dans la carrière immense de l'épopée, et mêlé nos applaudissements à ceux de la Grèce assemblée, lorsqu'elle couronnait sur le théâtre les Euripide et les Sophocle, et que, dans les jeux olympiques, elle décernait des palmes au courage, à l'adresse, à la force, au son de la lyre de Pindare, que nous avons retrouvée depuis dans les mains de cet heureux favori de la nature et de Mécène, qui savait passer si facilement du sublime aux chansons, et de la morale du Portique à celle d'Épicure. Nous nous sommes crus un moment, dans le Lycée, Grecs ou Romains ( et c'est ainsi seulement qu'il pouvait nous être permis de le croire), quand l'éloquence ellemême, sous les traits de Cicéron ou de Démosthènes, est montée dans la tribune d'Athènes et de Rome avec cet air de grandeur qu'elle devait avoir dans les anciennes républiques, et ce caractère énergique et fier, si naturellement empreint sur le front des orateurs de la liberté, si ridiculement contrefait de nos jours sur celui de la servitude factieuse ou de l'hypocrite tyrannie.

La muse de l'histoire s'est montrée à nous non moins majestueuse, entourée de tous les héros qu'elle faisait revivre. Mais, en descendant à l'âge suivant, la décadence nous a déja frappés. Les traits brillants de Lucain, tout l'esprit de Pline et de Sénèque, les pointes de Martial, n'ont servi qu'à nous faire sentir davantage quels hommes c'étaient que Cicéron, Virgile et Catulle. La Grèce ne peut plus se glorifier que de son Plutarque, qui se place encore au rang des classiques. Rome

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