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sauve les âmes et les corps dans cette vie et dans l'autre. Otez le gouvernail de la confession, les âmes vont à la dérive, emportées par le souffle des passions en mille directions contraires. Il ne reste plus que le christianisme général, vague, indéfini; on en parlera comme on parle de la pluie, du beau temps; mais ses préceptes, livrés aux commentaires de chacun, influeront autant sur les mœurs que nos observations météorologiques sur la marche de la température.

Cette toute-puissance morale de la confession a frappé les plus nobles penseurs catholiques, protestants, incrédules. Je vous invite à lire les Lettres d'Atticus, dédiées à Louis XVIII par lord Fitz-William (Londres 1811), vous y trouverez une belle démonstration de cette thèse fort singulière pour un publiciste protestant: La vertu, la justice, la morale, doivent servir de base à tous les gouvernements. Il est impossible d'établir la vertu, la justice, la morale, sur des bases tant soit peu solides, sans le tribunal de la pénitence..., qui appartient exclusivement aux catholiques romains. Il est impossible d'établir le tribunal de la pénitence sans la croyance à la présence réelle, principale base de la foi catholique romaine. Donc il est impossible de former un système de gouvernement quelconque, qui puisse être permanent ou avantageux, à moins qu'il ne soit appuyé sur la religion catholique romaine (1).

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C'est aussi ce que reconnaît le rationaliste Pierre Leroux, quand, comparant l'ordre social fondé par l'Église catholique à celui qu'ont voulu lui substituer les sécularisateurs modernes, il adresse à ceux-ci cette éloquente apostrophe: « Et quel frein avez-vous laissé aux misérables, et quelle règle de vie leur avez-vous donnée ? Vous avez effacé de leur cœur Jésus-Christ qui commandait aux hommes, au nom de Dieu, de s'aimer les uns les autres, et qui promettait un port aux affligés. Mais savez-vous que c'est

(1) V. le Résumé du livre, à la fin de la Lettre Va.

repas à certaines époques, d'en retrancher quelques mets, auriez-vous mieux aimé qu'elle nous eût prescrit le cilice, les flagellations, des oraisons prolongées durant la nuit, le sommeil pris sur la terre nue ou le carreau?

D. Je ne voudrais pas me charger de faire goûter cette commutation aux ennemis du jeûne et du maigre.

R. Cependant il faut mortifier notre chair, combattre cette gastrolâtrie, dont la fin, dit saint Paul, est la confusion et la mort (1), à moins que nous ne voulions fouler aux pieds la lettre et l'esprit de l'Évangile et lutter contre la conscience du genre humain, qui n'a jamais séparé l'idée de pénitence de celle de religion. Comment! voilà dans l'Asie plus de cent millions de sectateurs de Brahma qui se condamnent à un carême éternel, se privent par religion de la viande des animaux quelconques, terrestres, aériens, aquatiques, de l'usage des dépouilles animales, cuir laine, etc.;-voilà les croyants de Mahomet qui renoncent toute leur vie au vin, aux boissons spiritueuses, et dont le jeûne du Ramadan surpasse en rigueur celui de nos trappistes (2); et les adorateurs du vrai Dieu, qui ont vu le Saint des saints se condamner à un martyre de plus de trente ans, et expirer dans d'horribles tortures pour effacer les péchés du monde, croiront pouvoir se moquer de toute abstinence! ils repousseront, comme un joug intolérable, le jeûne consacré par l'exemple du Fils de Dieu, et dont il a dit : Il y a une espèce de démons qu'on ne peut vaincre que par la prière et le jeûne (3)! La religion de la Croix exemptant ses sujets de toute pratique pénitentiaire, quelle absurdité! Cela ne peut entrer dans l'esprit que des philosophes de cabaret ou d'imbéciles biblistes qui, pour l'intelligence de l'Évangile, en seraient toujours aux édifiants sermons de table du glorieux réformateur Luther.

(1) Ép. aux Philipp., III, 18, 19.

(2) J'entends durant le jour naturel, car rien n'empêche le religieux musulman de donner à la débauche le temps compris entre le coucher du soleil et son lever.

(3) Saint Matthieu, XVII, 20.

Le devoir religieux de mortifier nos convoitises sensuelles une fois reconnu, il en résultait, pour l'Église, l'obligation de le réglementer. En s'en référant à la dévotion de chacun sur cette matière, que serait-il arrivé? Les làches, c'est-à-dire le très-grand nombre, n'eussent jamais trouvé ni le temps ni les moyens de faire pénitence; les fervents, toujours inquiets, n'eussent jamais cru en avoir fait assez. Rien de plus sage donc qu'une loi générale, excitant la paresse des uns, modérant la ferveur des autres.

Et croyez que l'observation de cette loi, nécessaire au point de vue du salut éternel, importe plus qu'on ne pense au salut dans le temps, sous le rapport de la moralité, de l'hygiène, du commerce, de l'industrie agricole, etc.

D. Cette assertion trouvera beaucoup d'incrédules.

R. Oui, dans le grand peuple des myopes. Comme vous n'appartenez pas à cette espèce, voici les sujets de méditation que je vous recommande.

I. L'homme qui ne sait pas refuser à son corps la transgression des lois de l'Église, ne lui refusera pas davantage la transgression des lois de Dieu. La petitesse d'esprit qu'il trouve à s'abstenir le vendredi de ce qu'il a mangé le jeudi, il la trouvera aussi, parfois, à s'abstenir des excès qui portent la honte, le déshonneur, la mort dans les familles. Si vous rencontrez un contempteur des deux dernières lois de l'Église, qui soit irréprochable à l'endroit des sixième et neuvième commandement de Dieu, hors le cas d'un tempérament exceptionnel, vous aurez fait une belle découverte. La prière, augmentant la vie de l'âme, et le jeûne, modérant celle du corps: telles sont les armes irremplaçables que le Maître des vertus nous a données contre le démon de la luxure.

II. Laissez se généraliser le mépris des lois du jeûne et de l'abstinence, les septième et dixième commandements : Bien d'autrui ne prendras, ni convoiteras, seront d'abord mis en oubli, puis systématiquement combattus comme consacrant une grande iniquité sociale. Remontez à la cause

repas à certaines époques, d'en retrancher quelques mets, auriez-vous mieux aimé qu'elle nous eût prescrit le cilice, les flagellations, des oraisons prolongées durant la nuit, le sommeil pris sur la terre nue ou le carreau?

D. Je ne voudrais pas me charger de faire goûter cette commutation aux ennemis du jeûne et du maigre.

R. Cependant il faut mortifier notre chair, combattre cette gastrolâtrie, dont la fin, dit saint Paul, est la confusion et la mort (1), à moins que nous ne voulions fouler aux pieds la lettre et l'esprit de l'Évangile et lutter contre la conscience du genre humain, qui n'a jamais séparé l'idée de pénitence de celle de religion. Comment! voilà dans l'Asie plus de cent millions de sectateurs de Brahma qui se condamnent à un carême éternel, se privent par religion de la viande des animaux quelconques, terrestres, aériens, aquatiques, de l'usage des dépouilles animales, cuir, laine, etc.; —voilà les croyants de Mahomet qui renoncent toute leur vie au vin, aux boissons spiritueuses, et dont le jeûne du Ramadan surpasse en rigueur celui de nos trappistes (2); et les adorateurs du vrai Dieu, qui ont vu le Saint des saints se condamner à un martyre de plus de trente ans, et expirer dans d'horribles tortures pour effacer les péchés du monde, croiront pouvoir se moquer de toute abstinence! ils repousseront, comme un joug intolérable, le jeûne consacré par l'exemple du Fils de Dieu, et dont il a dit : Il y a une espèce de démons qu'on ne peut vaincre que par la prière et le jeûne (3)! La religion de la Croix exemptant ses sujets de toute pratique pénitentiaire, quelle absurdité! Cela ne peut entrer dans l'esprit que des philosophes de cabaret ou d'imbéciles biblistes qui, pour l'intelligence de l'Évangile, en seraient toujours aux édifiants sermons de table du glorieux réformateur Luther.

(1) Ép. aux Philipp., III, 18, 19.

(2) J'entends durant le jour naturel, car rien n'empêche le religieux musulman de donner à la débauche le temps compris entre le coucher du soleil et son lever.

(3) Saint Matthieu, XVII, 20.

Le devoir religieux de mortifier nos convoitises sensuelles une fois reconnu, il en résultait, pour l'Église, l'obligation de le réglementer. En s'en référant à la dévotion de chacun sur cette matière, que serait-il arrivé? Les làches, c'est-à-dire le très-grand nombre, n'eussent jamais trouvé ni le temps ni les moyens de faire pénitence; les fervents, toujours inquiets, n'eussent jamais cru en avoir fait assez. Rien de plus sage donc qu'une loi générale, excitant la paresse des uns, modérant la ferveur des autres.

Et croyez que l'observation de cette loi, nécessaire au point de vue du salut éternel, importe plus qu'on ne pense au salut dans le temps, sous le rapport de la moralité, de l'hygiène, du commerce, de l'industrie agricole, etc.

D. Cette assertion trouvera beaucoup d'incrédules.

R. Oui, dans le grand peuple des myopes. Comme vous n'appartenez pas à cette espèce, voici les sujets de méditation que je vous recommande.

I. L'homme qui ne sait pas refuser à son corps la transgression des lois de l'Église, ne lui refusera pas davantage la transgression des lois de Dieu. La petitesse d'esprit qu'il trouve à s'abstenir le vendredi de ce qu'il a mangé le jeudi, il la trouvera aussi, parfois, à s'abstenir des excès qui portent la honte, le déshonneur, la mort dans les familles. Si vous rencontrez un contempteur des deux dernières lois de l'Église, qui soit irréprochable à l'endroit des sixième et neuvième commandement de Dieu, hors le cas d'un tempérament exceptionnel, vous aurez fait une belle découverte. La prière, augmentant la vie de l'àme, et le jeûne, modérant celle du corps: telles sont les armes irremplaçables que le Maître des vertus nous a données contre le démon de la luxure.

II. Laissez se généraliser le mépris des lois du jeûne et de l'abstinence, les septième et dixième commandements : Bien d'autrui ne prendras, ni convoiteras, seront d'abord mis en oubli, puis systématiquement combattus comme consacrant une grande iniquité sociale. Remontez à la cause

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