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goûté une autre philosophie que celle des mauvais lieux, nous tenons pour de grands et excellents esprits ceux qui servent et vénèrent dans leurs frères cloués sur un lit de douleur le Dieu cloué sur la croix, et pour de grands sots ceux qui prodiguent l'encens de leur adoration et des serments éternels à une idole de chair, que le fossoyeur devra emporter demain, de peur qu'elle n'empuante le quartier. Extases pour extases, nous préférons les extases de l'amour divin aux extases ordurières de vos héros de romans. Stigmates pour stigmates, mieux valent les stigmates de saint François que les stigmates que vos coreligionnaires étalent dans telle salle de nos hôpitaux que la décence empêche de nommer. Enfin, si les miracles de nos thaumaturges n'ont pas toujours conquis leurs contemporains à la vertu, du moins ils n'en ont jamais fait des monstres de luxure et de férocité. Ce miracle vous était réservé, à vous insulteurs effrontés des plus hautes vertus chrétiennes, et restaurateurs du culte infâme de la chair. D'où sortaient ces légions de cannibales qui demandaient naguère à se plonger dans le carnage et le viol? A quelle école appartenaient ces chefs qui délivraient froidement des bons sur les femmes et filles d'aristocrates? Ah! si vous ne reconnaissez pas dans ces sauvages les enfants de votre cynisme philosophique et littéraire, et dans les braves qui vous ont sauvés comme nous du couteau de ces furieux, les enfants de la morale chrétienne, vous méritez qu'on vous grave au front le reproche de fanalisme imbécile et de stupidité, que vous avez osé jeter aux génies civilisateurs de l'Europe!

D. La leçon est rude, mais je la crois bien méritée. R. Oui, certes; c'est le langage de la vérité pure, et aussi celui de la charité fraternelle bien entendue. C'est charité d'abord envers tant d'àmes que ces misérables salissent et corrompent, par la réputation de savoir et de littérature qu'ils se sont bâtie les uns aux autres sur le large fondement de l'ignorance des lecteurs. C'est charité aussi envers les coupables, qu'on ne guérira pas de leur indicible

orgueil par des phrases doucereuses, mais en les plongeant et replongeant dans la boue immonde qu'ils ne cessent de vomir contre le ciel et ce qu'il y a de plus respectable sur la terre.

Revenons à la charité, et, quoique nous n'ayons presque rien dit sur un sujet intarissable, je finis par une réflexion qui, bien méditée, vous en apprendra plus sur la puissance religieuse et sociale de la charité, que bien des volumes.

L'incrédule Hobbes a eu raison de dire que les hommes sont naturellement ennemis des hommes. Saint Augustin a dit avec raison: Nul être n'est aulant que l'homme insociable par ses vices, sociable par sa nature (1). Laissez-le tourner vers les biens de ce monde ses immenses convoitises, le voilà en guerre avec tous ses voisins qu'il s'étudiera à diviser, à appauvrir, à déshonorer, à asservir, à moins qu'ils ne se liguent pour l'enchaîner. Comment unir les hommes, obtenir du moins qu'ils se supportent et vivent en paix? Il n'y a qu'un moyen, nous dit le même grand docteur c'est de leur faire aimer celui qui est la Vérité, la Beauté, le Bien suprême. Là, dit-il, nous avons de quoi jouir tous également et en commun: rien d'étroit, rien de défectueux dans l'objet de cet amour. Il ne repousse aucun de ceux qui l'aiment, se communique à tous, et se donne tout entier à chacun. Nul ne peut dire à un autre : Otetoi de là, que je m'y mette; et ne prétend pas jouir seul de ses embrassements. Tous peuvent s'attacher à lui, l'étreindre dans leur cœur. C'est une nourriture que tous dévorent sans la diviser, une coupe où chacun s'enivre sans préjudicier aux autres (2).

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Oui, ne négligeons rien pour aimer et faire aimer Dieu par-dessus tout. C'est l'unique moyen de combler l'abîme que l'égoïsme creuse entre les individus, les familles, les

(1) De la Cité de Dieu, 1. XII, c. 27.

(2) S. Augustin, du Libre arbitre, ). XI, c. 14.

conditions sociales, les nations, et de substituer aux fureurs infernales de la haine, de l'envie, de la vengeance, les divines inspirations de la charité. Entre une infinité d'exemples, citons-en un.

Une dame bolonaise, d'une grande charité, a l'affreux malheur d'apprendre que son fils unique vient d'être tué dans une rixe. A l'entrée de la nuit, le meurtrier, traqué par la police, va frapper à son insu à la porte de la maison qu'il a remplie de deuil, et demande asile par amour pour Jésus-Christ. A ce nom, la dame lui fait ouvrir, et après avoir pourvu à sa sûreté, elle va cacher ses larmes. La nuit se passe en colloques avec Jésus-Christ, priant pour ses bourreaux et leur ouvrant le ciel, avec la Mère des douleurs, acceptant pour fils au pied de la croix ceux qui y avaient attaché le divin fruit de ses entrailles. Le matin, la charité a si bien triomphé de la nature, que l'infortunée mère dit au coupable : « Mon ami, comme l'œil de la justice pourrait vous découvrir ici, prenez cette bourse et profitez des moyens d'évasion que je vous ai préparés. Je m'engage à obtenir votre grâce, mais à une condition: que vous réparerez le mal en devenant mon fils et mon héritier; car il faut bien que je vous dise que je suis la mère du pauvre jeune homme à qui vous avez donné la mort (1). »

§ VII.

De la Religion et des vices opposés.

D. Qu'est-ce que la religion?

R. C'est une vertu surnaturelle qui nous porte à bien remplir intérieurement et extérieurement tous nos devoirs envers Dieu.

En réalité, la vertu de religion ne diffère pas des trois vertus précédentes, qui renferment, ainsi que je l'ai déjà

(1) Tiré des œuvres du P. Seigneri.

observé, l'universalité de nos devoirs envers Dieu. Par la foi, nous adorons Dieu comme vérité suprême et nous prenons sa parole pour règle de nos pensées. Par l'espérance, nous l'adorons comme bien infini et source de tous les biens. Par la charité, nous nous attachons à lui comme à notre fin dernière, et nous n'aimons rien que par rapport à lui. N'est-ce pas là remplir dans toute son étendue le premier commandement, ainsi défini par le Sauveur : Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, de tout votre esprit (1).

D. Le culte y est-il aussi renfermé?

R. Sans doute le culte n'est en effet que l'expression publique de notre foi, de notre espérance, de notre charité; expression propre à exciter, à entretenir, à développer en nous les trois vertus dites théologales, parce que leur but est de nous unir à Dieu, leur objet immédiat. Le centre du culte catholique, c'est le très-saint sacrifice de nos autels, dans lequel nous rendons à Dieu, par notre divin chef, qui est à la fois notre pontife et notre victime, le devoir de l'adoration parfaite, plus de gloire et d'honneur que nos offenses et nos révoltes ne lui en ont jamais enlevé; comme sacrifice et comme sacrement, la divine Eucharistie exerce au plus haut degré notre foi, est la source de nos espérances, le gage, comme dit l'Église, de la vie éternelle, le foyer où s'enflamme et s'entretient dans nos cœurs le feu divin de la charité, par notre union à celui qui en est la source.

Que sont les autres sacrements, et en général toutes les pratiques du culte? des moyens de produire, d'entretenir et d'augmenter en nous cette vie de sainteté et de justice que Jésus-Christ est venu apporter aux hommes, que l'Esprit-Saint répand dans les âmes dociles aux inspirations de la grâce, et qui se résume toute dans l'esprit et les œuvres de la foi, de l'espérance, de la charité.

D. Quels sont les vices opposés à la religion?

(1) S. Matthieu, XXII, 36.

R. Vous avez déjà pu voir qu'il n'y a point de vice qui, directement ou indirectement, ne soit pas opposé à l'esprit et aux œuvres des trois vertus qui font de nous de vrais chrétiens.

Sont spécialement opposés à la foi : 1o l'infidélité, soit qu'elle porte à rejeter en masse les vérités révélées (incrédulité), soit qu'elle se borne à faire un choix, à retenir les unes, rejeter les autres (hérésie); 2o les doutes volontaires en matière de foi; 3° l'ignorance des choses essentielles en matière de croyance et de pratique; 4° ce qui conduit à l'ignorance, aux doutes, à l'hérésie, à l'incrédulité, à savoir la paresse à s'instruire, les mauvaises conversations et lectures, etc.

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Sont spécialement opposés à l'espérance : 1o La cupidité qui, toute préoccupée des biens et des maux de la vie présente, s'inquiète aussi peu des biens et des maux éternels, que s'ils n'existaient pas; 2o la présomption, qui, mettant en oubli la justice divine, se flatte d'arriver à la vie éternelle par un autre chemin que celui de la pénitence et de la soumission aux commandements de Dieu et de l'Église ; 3o le désespoir, qui, méconnaissant la miséricorde infinie de Dieu et la toute-puissance de sa grâce dans le pécheur qui l'implore et s'humilie, dit comme Caïn et Judas: Mon iniquité est trop grande pour qu'elle me soit pardonnée; mes habitudes coupables sont trop invétérées pour que je puisse les vaincre.

Sont opposés à la charité: 1° toutes les affections désordonnées qui nous font aimer une créature quelconque plus que Dieu, ou (ce qui revient au même) nous font violer sciemment, dans un point essentiel, un des commandements de Dieu et de l'Église; 2° l'égoïsme, qui fait que, mettant au-dessus de tout l'intérêt de notre orgueil, de notre vanité, de nos affaires, de nos plaisirs, la vie se passe dans le culte de nous-mêmes et l'oubli habituel de Dieu et du prochain.

Parmi les vices et péchés contraires à la vertu de reli

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