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l'eût pas employée dans deux catalogues qu'il avait publiés précédemment. Martin, dans la préface du catalogue de Bulteau, en 1711, fit également sentir les avantages de cette méthode; aussi est-elle devenue générale, au moins en France, depuis les mêmes époques, à quelques exceptions près.

L'abbé Mercier de Saint-Léger étoit si frappé du zèle que Prosper Marchand avoit témoigné pour faire réunir les différens formats dans leurs classes respectives, qu'il le représenta, en 1760, dans le journal l'Encyclopédique (numéro du 15 novembre), comme le premier qui avoit introduit cet usage.

Vous verrez peut-être avec plaisir, citoyen, ce que pensoit de notre système bibliographique le même abbé de Saint-, Léger. Il le défendit, avec autant d'énergie que de justesse, dans l'article du journal que je viens de citer, contre les innovations qu'avoit publiées l'abbé de Montlinot, sous le titre d'Essai sur un Projet de Catalogue de Bibliothèque.

L'abbé de Saint-Léger déclare entendre, par le système reçu dans l'arrangement d'une bibliothèque, celui qui, imaginé par Prosper Marchand, ratifié par Boudot, a été ensuite perfectionné par Martin, dans les catalogues qu'il a publiés, notamment dans ceux de Dufay et Hoym.

Vous voyez que Saint-Léger ne pensoit pas plus que vous à faire honneur de l'invention de notre système bibliographique au jésuite Garnier, dont l'ouvrage parut en 1678. Mais je crois comme vous qu'il faut la faire remonter vers le milieu du XVIIe siècle, et alors ses principaux auteurs seront les Naudé, les Du Puy, les Bulliaud, etc. Il restera toujours aux estimables libraires Prosper Marchand, Martin, Barrois, de Bure, l'avantage de l'avoir perfectionné.

Convenons néanmoins qu'il étoit encore susceptible de beaucoup d'améliorations dans l'état où ils l'ont laissé. Aussi avonsnous vu, de nos jours, plusieurs de leurs successeurs essayer de mettre, dans quelques unes de ses parties, plus d'ensemble et de liaison. Ce sont entre autres les C. C. Musier, Née de La Rochelle et Nyon l'aîné. Le premier, en 1766 et en 1774, dans les catalogues de Senicourt et de Rochebrune; le second, en 1776, dans le catalogue de M. Perrot, maître des comptes; le

troisième, en 1788, dans la deuxième partie du catalogue de La Vallière, en 6 volumes in-8°.

Les réformes proposées par eux, étant plus ou moins heureuses, ont été plus ou moins goûtées. Mais les réflexions que les deux derniers ont mises en tête de leurs catalogues méritent d'être lues.

Née de La Rochelle arrangeoit ainsi nos cinq classes:

THÉOLOGIE,

SCIENCES,

ARTS,

HISTOIRE,

JURISPRUDENCE.

Nyon a répandu l'histoiré littéraire dans les différens endroits auxquels elle a rapport. Ainsi il a placé l'histoire littéraire de la théologie dans la théologie, de même que dans les autres sciences et dans l'histoire de chaque royaume, l'histoire littéraire qui le concerne.

Un catalogue qui a paru depuis la révolution mérite aussi l'attention des bibliographes. C'est celui de Mirabeau. Il ne présente que trois classes: BELLES-LETTRES, SCIENCES ET ARTS et HISTOIRE. La Religion et la Jurisprudence sont des subdivisions de la seconde classe. Ces vues sont du citoyen Rozet, un des libraires de Mirabeau, et l'un des rédacteurs du catalogue; il a présenté en l'an VII, au ministre de l'intérieur, une espèce de Manuel bibliographique, qui étoit rédigé dans les mêmes principes.

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Cette revue de nos catalogues modernes est incomplète. Je n'ai pu encore me procurer un catalogue ainsi intitulé: « Catalogue fait sur un plan nouveau, systématique et raisonné, d'une bibliothèque d'environ dix mille volumes. Utrecht, 1776, 2 vol. in-8°. » Il peut y avoir de bonnes vues dans ce catalogue.

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J'eusse désiré, Citoyen, que vous eussiez insisté sur le mérite de l'ouvrage de M. Denis, bibliothécaire de l'Empereur, à Vienne. Nous en possédons, dans l'Esprit des Journaux de 1779 et de 1780, sept extraits fort étendus de la première édition. La bibliographie françoise n'a rien produit d'aussi bon et d'aussi

élémentaire dans ce genre. On assure que l'édition de 1795 est très augmentée. Il seroit utile d'en donner une traduction avec des notes.

Vous parlerai-je maintenant de mes faibles efforts pour opérer dans notre système bibliographique quelques changemens nécessités par l'ordre de choses actuel. Nos prédécesseurs se sont soumis un peu trop servilement aux principes du gouvernement sous lequel ils vivoient : nous, qui vivons sous une constitution libre, ne devons-nous pas nous hater d'effacer de notre système bibliographique toutes les traces de notre ancien esclavage.

C'est d'après ce principe que j'ai d'abord fait disparoître de la classe de Théologie la suprématie que l'Eglise gallicane avoit donnée à sa théologie sur celle des autres sectes, et même sur celles des autres nations. J'opérerai quelques changemens du même genre dans les autres classes, celle de théologie est la seule terminée pour le moment. J'ai l'honneur de vous en envoyer le tableau (1),

Agréez mes respectueuses salutations.

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BARBIER.

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Nous avons donné, dans le dernier numéro de l'année 1842, un certain nombre de planches présentant le fac-simile de quelques reliures remarquables, ou la reproduction de quelques armoiries; nous donnons aujourd'hui le complément de ces planches, c'est-à-dire les numéros 3, 4 et 6 de la série.

Le n° 3 offre le plat d'une reliure italienne du xvIe siècle. Le n° 4 présente le fac-simile d'un très beau Claudien, à la reliure de Grollier, qui se trouve dans le cabinet de M. le comte Foy.

(1) Ce tableau étoit un extrait d'un ouvrage publié plus tard par M. Barbier, sous le titre e de Table des divisions du Catalogue des Livres de la Bibliode x1 (1803), thèque du Conseil d'État. Paris, imprimerie de la république, an XI in-80 de 54 pages.

Le n° 6 est la copie d'une reliure du même genre et de la même époque que le n° 3, mais dans un goût beaucoup plus sévère et pourtant tout aussi élégant.

Des reliures de ce genre annoncent évidemment une époque de renaissance et de goût, et l'on a sur-le-champ bonne idée d'une bibliothèque dont le propriétaire se plaisoit à décorer d'un pareil extérieur les livres qu'il possédoit; à part même l'idée de luxe et de magnificence royale qui présidoit à l'exécution de ces belles reliures, on ne peut s'empêcher de reconnoître que le goût des lettres et des bonnes études entroit pour beaucoup dans cette espèce de culte pour les beaux livres. Nous continuerons en conséquence d'offrir à nos lecteurs quelques spécimens de ces belles reliures, toutes les fois que nous en trouverons l'occasion, et lorsque nous aurons recueilli et fait passer sous leurs yeux un assez grand nombre de ces curieux monumens de l'art bibliopegistique, nous essaierons de leur présenter, dans un court résumé, l'histoire de la reliure en France, dans toutes ses phases, depuis le xve siècle jusqu'à nos jours, et de rappeler ainsi à leur souvenir et nos plus belles bibliothèques et les artistes inconnus et oubliés, qui ont contribué modestement pour leur part à la célébrité de quelques unes de ces riches collections.

III

D. E.

NOTICE SUR LES EPISTOLÆ OBSCURORUM VIRORUM, AD ORTUINUM GRATIUM. LONDINI, 1710, IN-12, MAR. R. FIL. TR. D. -LAMENTATIONES OBSCURORUM VIRORUM.

L'excellente analyse que M. le marquis du R... a donnée du premier de ces deux rares opuscules, me dispense d'en parler longuement; je dirai seulement quelques mots sur les véritables et seuls auteurs des Epistolæ et des Lamentationes: à l'égard des fameuses lettres, on a ignoré pendant fort longtemps quel en étoit le véritable auteur; quelques uns les attribuoient à Ulric de Hutten, d'autres à Eobanus Hessus, d'autres

à Reuchlin ou Capnion; cette dernière opinion pouvoit sembler la plus vraisemblable, car Reuchlin fut pendant quelque temps regardé comme le chef obscurorum virorum; mais c'est seulement en 1720 que l'on parvint à déterrer l'auteur, du moins du premier volume de ces facétieuses épîtres, qui est réellement et seulement un nommé JEAN CROTUS de DORNHEIM en TURinge, Il fut d'abord ennemi des moines et de la barbarie, comme on le voit par l'épître 9 du deuxième volume; mais étant rentré, vers l'année 1532, dans la communion de Rome, à la persuasion d'Albert de Brandebourg, archevêque de Mayence et cardinal, un anonyme, ami de Crotus, lui adressa une longue lettre latine où il lui témoigne sa surprise, que Crotus se soit si soudainement réconcilié avec l'ignorance et la superstition qu'il avoit si victorieusement combattues dans ses Epistolæ obscurorum virorum. Cette lettre à Crotus a été déterrée par M. Christophe Olearius, et imprimée, in-8°, à Amsterdam en 1720. Ce fait est consigné dans le Diarium solanum, Iena 1720, page 412 du t. 4, et une note de M. Strubberg, auteur de ce journal, dit que le surnom allemand de Crotus étoit Jager, et que depuis l'apostasie de Crotus, Luther l'appeloit en allemand Kroete, c'està-dire crapaud: il prit le surnom de Rubianus, du nom du lieu de sa naissance, qui signifie Ronceville en françois, et Dornheim en allemand.

Dans les Monumenta pietatis et litterariæ, Francfort, in-4° 1701, part. 9, page 3, se trouve une épître de Crotus Rubianus ad Ulricum Hutten, datée de février 1511; une autre à Luther, datée de Bologne 1517.

On trouve dans l'abrégé de Gesner, sous le nom de Joan. Crotus Rubianus Hallensis canonicus, une apologie pour Albert de Brandebourg contre les calomniateurs de ce prélat; Crotus avoit obtenu ce canonicat pour prix de son apostasie.

Ces épîtres firent un grand bruit à leur apparition vers 1516, toute l'Eglise fut émue, et le pape Léon X fulmina une bulle d'excommunication contre les auteurs, les lecteurs et les imprimeurs, et même les simples possesseurs de ce fameux libelle; le grand-inquisiteur Hohenstraten poursuivit les Epistolæ, et ceux qui en professoient les idées impies et anti-romaines.

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