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Les barbares et les esclaves détestent les sciences et détruisent les monumens des arts; les hommes libres les aiment et les conservent. >

Grégoire lit un projet de décret qui est adopté en ces termes :

La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son comité d'instruction publique, décrète ce qui suit :

1° Les bibliothèques et tous les autres monumens des sciences et d'arts appartenant à la nation sont recommandés à la surveillance de tous les bons citoyens; ils sont invités à dénoncer aux autorités constituées les provocateurs et les auteurs de dilapidations et dégradations de ces bibliothèques et monumens.

2o Ceux qui seront convaincus d'avoir, par malveillance, détruit ou dégradé des monumens de sciences et d'arts, subiront la peine de deux années de détention, conformément au décret du 13 avril 1793.

3o Le présent décret sera imprimé dans le bulletin des lois. 4o Il sera affiché dans le local des séances des corps administratifs, dans celui des séances des sociétés populaires et dans tous les lieux qui renferment des monumens des sciences et d'arts.

5° Tout individu qui a en sa possession des manuscrits, titres, chartes, médailles, antiquités provenant des maisons cidevant nationales, sera tenu de les remettre, dans le mois, au directoire de district de son domicile, à compter de la promulgation du présent décret, sous peine d'être traité et puni comme suspect.

6o La Convention décrète l'impression du rapport et l'envoi aux administrations et aux sociétés populaires.

NOUVEAUX MÉLANGES

TIRÉS D'UNE PETITE BIBLIOTHÈQUE

PAR M. CHARLES NODIER.

(SUITE.)

X.

D'ESTERNOD (Claude). L'Espadon satyrique. Rouen, David Ferrand, 1624, pet. in-12, mar. r., fil. (Reliure ancienne).

Voici un livré plein de verve et d'esprit, sans doute, mais qui, par sa nature, mérite peu qu'on se dispute l'honneur de l'avoir fait. Cependant il est bon de rendre à d'Esternod ce qui appartient à d'Esternod; et, pour commencer, rendons à d'Esternod l'apostrophe de son noble nom, contre l'opinion de M. Brunet, notre maître, qui range d'Esternod sous la lettre D, sans égard pour son incontestable particule. D'Esternod vivant en 1619, 1621 et 1624, dates des trois éditions anciennes de l'Espadon; d'Esternod, connu dans les lettres par d'autres ouvrages, publia ses satires à Lyon; la première fois, sous le nom de Franchère, anagramme fort transparent du nom d'un village de Refranche, dont il étoit seigneur; la seconde fois, sous le nom de d'Esternod, qui ne cache plus aucun mystère; la troisième fois, sous le nom de d'Esternod, comme la seconde ; et il faudroit chercher un autre auteur à l'Espadon de d'Esternod! J'avoue que je n'en vois pas la nécessité. Qu'arrive-t-il cependant? Une édition, tout-à-fait inconnue aujourd'hui aux bibliographes, a-t-elle porté le nom de Fourquevaus? Si elle est antérieure à celles-ci, c'est une autre pseudonymie dont on conçoit très bien le motif; si elle est postérieure, c'est une méprise de l'imprimeur que cette pseudonymie explique; et cette pseudonymie

passagère ne prouve rien contre l'aveu formel de l'auteur, répétée deux fois en quatre ans au frontispice de son livre. Survint cependant, en 1795, un M. Pavie, descendant de Fourquevaus, lequel apprend à M. Mercier de Saint-Léger et au monde littéraire, que son aïeul François Pavie a pris ou a pu prendre le sobriquet de d'Esternod. Sobriquet est une expression fort insolente, quand il s'agit d'une famille aussi distinguée que celle d'Esternod; et puis, de quel terme se serviroit-on pour caractériser l'action d'un auteur qui prendroit pour sobriquet le nom d'un autre auteur vivant à la tête d'un livre répréhensible? Laissons à Fourquevaus, mort âgé de cinquante ans, en 1611, sa réputation intacte de galant homme, et restituons à d'Esternod, âgé de vingt-neuf ans seulement lors de la publication de son livre, la réputation peu désirable de libertin bel-esprit, qu'il n'a que trop méritée.

On a supprimé, dans l'édition dont nous parlons après celle-ci, une satire intitulée : Contre l'apostat Léandre, autrement dit Constance Guenar, parce que cette édition a été imprimée en pays réformé. Cet apostat est un moine défroqué de Dole, qui étoit allé chercher fortune à Genève, et dont l'escapade fit beaucoup de bruit en Franche-Comté, où elle a produit deux ou trois brochures. Il est tout simple que cet événement ait occupé la muse de Claude d'Esternod, qui habitoit alors Salins', et qui, pour être un fort mauvais sujet, n'en étoit pas moins un fort bon catholique, choses fort conciliables alors. Or, cette pièce supprimée, qui est tout-à-fait du style des autres, et qui ne leur est inférieure en rien, démontre de la manière la plus formelle que d'Esternod est le véritable auteur de l'Espadon satyrique. Par quel hasard une anecdote, dont le bruit ne s'étoit pas étendu au delà des murs de deux ou trois villes de Franche-Comté, auroit-elle inspiré des vers à Fourquevaus, qui étoit de Toulouse, et qui avoit passé une grande partie de sa vie hors de l'Europe? Comment François de Fourquevaus, de Toulouse, auroit-il pu, d'ailleurs, écrire contre le moine Constance Guenar, de Dole, au sujet de l'apostasie de Guenar? François de Fourquevaus étoit mort. Ce dernier argument me paroît assez propre à trancher la difficulté.

XI.

PARNASSE (le) des poëtes satyriques, ou Recueil des vers piquans et gaillards de nostre temps, par le sieur Théophile, 1625.- OEuvres du sieur de Saint-Amand. Rouen, Robert André, 1649, in-8, vél. (Première reliure.)

Ce n'est ici que la seconde édition du Parnasse satyrique, mais elle n'est pas moins rare que la première, qui avoit paru en 1623, et qui ne portoit point le nom de Théophile. Théophile n'est pas plus l'auteur de ce livre que le prétendu cadet Angoulevent n'est l'auteur des Satyres bastardes. C'est un recueil du même genre, auquel il n'a peut-être pas fourni un seul vers, et que le libraire décore de son nom, alors célèbre, pour en augmenter le débit. Il est affreux de penser que cette infâme spéculation de bibliopole, contre laquelle ses réclamations furent vaines, appela sur lui un jugement de mort, exécuté en effigie, et qu'au moment où parut l'édition dont nous parlons, édition signée, trop faite pour confirmer les injustes soupçons dont il avoit été l'objet, l'infortuné attendoit depuis dix-huit mois, dans les cachots, la confirmation ou la révocation de son jugement. Le jugement fut cassé; mais, comme on va le voir par le titre des éditions suivantes, la tache imprimée au nom du malheureux Théophile par la fraude la plus criminelle, reste encore attachée à sa mémoire. Il est déplorable que les biographes modernes n'aient pas mis plus d'ardeur à justifier un poète, homme de talent et homme de cœur, qui ne dut ses injustes malheurs qu'à la réputation de son esprit,

VARIÉTÉS BIBLIOGRAPHIQUES

ET LITTÉRAIRES.

La lettre suivante, que nous publions (sous toutes réserves) parce qu'elle intéresse tous les amateurs de vieux livres et les communes, vient à l'appui de ce que nous avons dit il y a quelques temps (1) savoir, que bien des bibliothèques publiques de la province sont décomplétées faute d'avoir de bons conservateurs, des bibliothécaires connoissant la valeur du dépôt qui eur est confié ainsi l'estimation des bibliothèques de chaque ville, en rehaussant leur mérite, donneroit pour résultat que ces bibliothèques, mieux appréciées, engageroient bien souvent les nembres du conseil municipal de chaque localité à leur accorder l'attention qu'elles méritent. Voici la lettre qui nous est dressée :

Le mercredi, 12 juillet 1843, il a été vendu, à l'Hôtel de Ville le Moulins, par délibération du conseil municipal, environ six cents volumes d'ouvrages dits doubles provenant de la bibliothèque publique.

On a formé du tout six lots, qui ont été vendus chacun en masse, sans désignation d'ouvrages, et adjugés sur criées par un des membres du conseil municipal, en guise de commissairepriseur, à trois marchands de chiffons, à peu près les seuls présens, pour le prix de quarante-cinq francs le tout, somme qui, supputation faite du poids, feroit à peine 10 cent. la livre.

Cette vente, du reste, avoit été annoncée dans les journaux de la localité, et les lots avoient été exposés trois à quatre jours à la bibliothèque.

D'après ces faits chacun sans doute seroit en droit de conclure que tout cet amas de papier imprimé étoit à peine bon à envelopper du poivre.

(1) Note sur les améliorations à apporter aux bibliothèques publiques, Bulletin du Bibliophile, 1837.

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