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Rapport à S. A. S. le prince de Bénévent, grand-chambellan de sa majesté l'empereur et roi.

Monseigneur,

Par une lettre datée de Bayonne, le 17 juillet dernier, S. M. l'Empereur et roi m'a ordonné de rédiger, avec un de nos meilleurs géographes, des mémoires sur les campagnes qui ont eu lieu sur l'Euphrate et contre les Parthes, en y joignant des cartes d'une dimension convenable.

Au retour de Bayonne, j'ai eu l'honneur de dire à Sa Majesté que M. Barbié du Bocage, élève de d'Anville, et connu par des travaux géographiques de la plus grande importance, se chargeroit avec reconnoissance de la rédaction des mémoires et de la confection des cartes. J'ajoutai que ce travail seroit long et cher. Sa Majesté daigna m'autoriser à recourir aux lumières et à l'habileté de M. Barbié du Bocage.

Au retour d'Erfurt, Sa Majesté m'a demandé où en étoit le travail relatif aux Parthes, et, sur ma réponse, elle voulut bien m'autoriser à me présenter devant elle accompagné de M. Barbié du Bocage.

Deux jours avant le départ pour l'Espagne, nous avons eu l'honneur de présenter à sa májesté plusieurs mémoires et plusieurs cartes. L'Empereur a examiné ces dernières avec beaucoup d'attention. Jusqu'à ce moment M. Barbié du Bocage a rédigé quatre mémoires; le cinquième est en train. Des cartes qui doivent les accompagner, deux sont terminées, et les trois autres sont commencées. Les mémoires qui sont faits comprennent l'expédition de Lucullus contre Tigrane, roi d'Arménie; celle de Pompée contre Mithridate, Tigrane, les Colchidiens et les Ibériens; celle de Crassus contre les Parthes; celle d'Antoine en Arménie et contre les Parthes, et celle de Caïus Julius César dans les mêmes pays.

M. Barbié du Bocage croit pouvoir réduire à trente-deux ou trente-trois les principales expéditions dont le détail est attendu de Sa Majesté. Les autres s'y rattacheront. Chaque mémoire comprendra toutes les remarques que peut fournir l'histoire sur

la nature du terrain, et il sera accompagné de cartes plus ou moins détaillées, selon l'importance de chaque expédition.

J'ai l'honneur d'inviter V. A. S. à vouloir bien proposer à Sa Majesté de donner, en ce moment, à M. Barbié du Bocage la somme qu'elle jugera convenable, à-compte sur ce qui peut lui être dû pour l'important travail dont il est chargé.

Je suis, etc.

Paris, 28 décembre 1808.

BARBIER,

Bibliothécaire de l'Empereur.

Ainsi que le proposoit le bibliothécaire impérial, un premier à-compte de trois mille francs fut remis à M. Barbie du Bocage, dans les premiers mois de 1809.

Nous ignorons par quel motif les travaux géographiques demandés par l'Empereur ne furent pas continués; mais nous voyons, d'après la liste des cartes et manuscrits laissés par M. Barbié du Bocage (1), décédé en 1825, que, pendant plusieurs années, ce savant géographe continua de s'occuper de ces mêmes recherches, car on trouve la date de 1810 sur les originaux de cartes et mémoires concernant les premières expéditions des Romains dans l'Asie. La publication d'aussi curieux mémoires auroit certainement un véritable intérêt; il est bien à désirer qu'ils soient un jour imprimés, et qu'on puisse également connoître les cartes qui les accompagnoient.

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{Extrait d'une notice sur les Aventures joyeuses et Faitz merveilleux
de Tiel. Ulespiègle.

Il ne s'agira ici que des questions bibliographiques qui se rattachent à un des plus anciens et des plus célèbres des recueils de facéties. Ulespiègle a obtenu l'honneur insigne de rester comme type dans la littérature d'une grande portion de

(1) Voir page XXVI de la Notice sur la vie et les ouvrages de M. Barbie du Bocage, par MM. Barbié du Bocage fils. Paris, 1826, in-8o.

l'Europe; il est proche parent de Pierre Faifeu et de Panurge, mais il n'a jamais obtenu en France une popularité aussi universelle que celle qui est son partage chez les Allemands et dans les Pays-Bas. De temps à autre, l'on réimprime cependant son histoire dans nos départemens; j'ai sous les yeux une édition d'Épinal, 1823, in-12.

On peut consulter entre autres écrits où il est fait mention de ce jovial personnage, toujours prêt à rire et à faire rire depuis le talon gauche jusqu'à l'oreille droite (expression que j'emprunte à Tabarin); on peut consulter, disons-nous, les Mélanges d'une grande bibliothèque, t. XX, p. 76; Anagraphiana de M. Hécart; l'Histoire de la littérature allemande de Gervinus, t. II, p. 337.

L'un des plus laborieux philologues d'outre-Rhin, H. Vander Hagen, a publié, en 1833, à Munich, cette légende récréative et le Foreign Quaterly Review (1838, premier trimestre) a consacré un curieux article à cette édition; M. Delpierre a fait réimprimer, à fort petit nombre, le texte françois à Bruges en 1835, en y joignant des notes intéressantes. Les presses de Stuttgart en mirent au jour, en 1838, une édition illustrée, et dont les nombreux dessins, plus grotesques, plus fantasques, plus gais les uns que les autres, attestent un véritable talent et une rare facilité.

M. Brunet, dans ses Nouvelles recherches, t. III, p. 367, ne fait pas mention d'édition françoise antérieure à celle de Lyon, par Iean Saugrain, 1559, in-16, livre rare, et qui s'est payé 40 fr. à la vente Morel-Vindé; 28 fr. à celle de M. Nodier. Nous devons, au zèle et aux recherches de M. Moser, bibliothécaire à Stuttgart, la description d'une édition françoise antérieure de vingt-sept ans, et que nous regardons, jusqu'à nouvel ordre du moins, comme la première qui ait paru en notre langue. Ce volume, en caractères gothiques, sans chiffres ni réclames, est un mince in-4°. Le frontispice représente un hibou (eule) entouré de quatre fleurs et un miroir (Spiegel); ce sont les armes parlantes du héros. Au dessous de cette image en bois on lit

Ulenspiegel.

« De sa vie de ses œuures,

par luy faictes,

par

et merueilleuses aduentures des fortunes quil a eux, lequel

et des gran nulles fallaces ne se laissa tromper. Nouuellement translate et corrige de flamanten francoys,»

Suit une vignette sur bois où l'on voit l'espiègle par excellence, à cheval, en croupe derrière son père; au dessus de la tête du cheval, s'élève, au bout d'un bâton, le miroir sur lequel est perché le hibou.

Au feuillet A ii commence le prologue du translateur. Nous le reproduisons textuellement, sans modifier son orthographe ni sa ponctuation :

« Pour la priere daucuns mes amis ausquelz ie acteur de ce present liure nosoye reffuser. Jay compuse aucunes plaisantes tromperies et gaberies lesquelles Tiel Vlespiegle fist en sa vie. Et mourut en lan mil troys cens cinquante. Je desire touteffoys et demande destre excuse tant deuant spirituelz que temporelz

deuant nobles et innobles que nully trop margue ne se courrouce car ie ne lay compose que le seruice de Dieu y fust diminue ou gastene aussi quon pourroit cercher aulcune faulcete mais tant seullement pour recreer et renouueller lez entendemenz des hommes et aussi affin que les simplez gens de telles tromperies se pourroient garder un temps advenir. Il vaut aussi mieulx douyr et lyre quon rie sans faire peche que en plou-rant on fist peche. »

Au dessous est une figure sur bois représentant le héros arrivant à la foire de Francfort.

Le dernier chapitre de son roman arrive au feuillet K iïïi :

Comment Ulespyegle fut enterré.

Au dernier fut aussi lenterrement de Vlespyegle bien estrange. Car quant on le voulloit mettre au sepulcre lune des cordes laquelle estoit vers ces pieds rompit quant on le vouloit auueller au sepulcre tellement que lescrin auquel estoyt mis son corps tomba en telle sorte que le corps de dans lescrin estoit mis sur ces piedz. Alors dirent ceulx qui estoyent la pre

sens laissons-luy ainsi droit- car comme il a este merueilleux en sa vie, tellement veult il aussi estre apres sa mort. Si laisserent Vlespye-gle tout droit au sepulcre et le couurirent mettant sus le sepulcre une pierre en laquelle estoit sculpte vng cahuant ayant vng mirouer dessoubz ses ungles comme cy aprés est la figure. Et-dessus la pierre estoit escripture taillee ainsi. Ceste pierre ne-changera nully car dessoubz icelle est enterre Ulespyegle. »

Ceci est au recto du feuillet en question : au verso on lit l'épitaphe d'Ulespiegle en vers latins (et quel latin! ), et plus bas : Imprime nouuellement à Paris en lan Mil CCCCCxxxii.

La bibliothèque de Stuttgart renferme aussi une édition de Cologne, 1539, in-4o, A-S, qui paroît avoir échappé aux yeux des bibliographes; mais elle est en allemand, elle nous intéresse peu.

L'édition d'Ulespiègle, que nous décrivons, est antérieure aux premières impressions de Rabelais, car la plus ancienne édition connue, avec une date, du Gargantua, est celle de Lyon, 1533, et l'édition sans date de Pantagruel peut, tout au plus, être rapportée à la fin de 1532; maître François a donc connu le lustig enfant de la Westphalie, et il nous seroit facile de démontrer qu'il lui a fait d'assez fréquens emprunts, au sujet desquels les commentateurs sont muets. Cet examen nous entraîneroit aujourd'hui au delà des limites que nous devons nous imposer; nous y reviendrons.

G. BRUNET (DE BORDEAUX.)

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