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Vient ensuite un prologue où il est dit que Philippe, comte de Flandres, fit rédiger et mettre par écrit l'histoire de Perceval, par aucun docte orateur, mais ce prince étant mort avant que ce travail n'eût été achevé, la comtesse de Flandres, Jeanne, le fit plus tard achever par ung sien familier orateur, nommé Mennessier. Le langage dont celui-ci se servit étant devenu inintelligible, l'écrivain du xvie siècle s'est imposé le soin de • traduire et mectre de rithme en prose familière les faictz et vie dudict vertueux cheuallier Perceval en ensuyvant au plus près, selon ma possibilité et pouair, le sens de mes prédécesseurs translateurs. »

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Enfin arrive la chronique, « l'histoire récréative » de Perceval; elle suit exactement le poëme de Chrestien de Troyes; elle le reproduit en maint endroit mot pour mot.

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A la fin de l'ouvrage, Perceval succède à son oncle, le roi Pecheur, et prend possession de ses états. Il devient ainsi le gardien du saint Graal, de la sainte lance et du digne tailloir d'argent. » Il voua le reste de sa vie au jeûne, à la prière, à la mortification, ne mangeant que ce que lui procuroit le saint Graal, lequel avoit la propriété de faire trouver de la nourriture sur la table où il étoit placé. Après la mort du paladin, son biographe nous dit : « Perceual, vray ami de Dieu, fust au palais aduentureux emporté, ou à grant honneur a esté inhumé et en terre mis, aupres du bon roy Pescher, et fust son cercueil faict de fin or et de fin argent. Puis ont dessous la lance mis en lectres entaillées petites ou pareilles paroles furent : Cy gist Perceual le Galloys qui du sainct Graal aduentures acheva. Ce sont les mots de l'épitaphe. Et que encores en ce pays vu la sepulture peult veoir sur quatre pilliers de fin or.

Ce roman en prose a été analysé dans la Bibliothèque des Romans, 1775, novembre, p. 37 et suiv. L'on trouve quelques courts extraits de l'ouvrage en vers dans l'Etat de la poësie françoise, par Roquefort, p. 194; dans Grimm, Altdeusche Walder, t. I, p. 25; dans l'Histoire littéraire de la France, t. XV, p. 246. Consultez aussi l'History of fiction de Dunlop, 1816, t. I, p. 223.

Passons aux apparitions de Perceval dans la littérature étrangère.

Il existe en espagnol une Historia de Perceval de Gaula, caballero de la tabla rotonda, el qual arabi la demanda y aventuras del Santo Grial. Sevilla, 1526, folio. Nous ne la trou-> vons indiquée ni dans les écrits de M. Brunet, aux yeux duquel il est si difficile d'échapper, ni dans la Bibliotheca Grenvilliana, et nous ne la citons que sur le témoignage de Corasse. Introduction (en allemand) à l'Histoire littéraire, 1842, III, 217.

La bibliothèque de la cathédrale de Lincoln possède une copie manuscrite du xv° siècle, d'un poëme anglois sur Perceval; c'est le seul manuscrit que l'on en connoisse. Indiquons les principaux traits de cette épopée :

Le roi Arthur faisoit si grand cas du père de Perceval, qu'il lui donna en mariage sa sœur Achefleur avec une dot considérable. Le bonheur du jeune couple dura peu : le père de notre héros tomba sans cri sous les coups du Chevalier Rouge, dans un tournoi célébré en l'honneur de la naissance de cet enfant. Afin de le mettre à l'abri d'un sort pareil, la mère de Perceval voulut qu'il fût élevé loin du bruit des armes; elle se retira avec lui au fond des bois; et, à mesure qu'il grandit, son occupation 'principale fut de l'exercer à manier le javelot. Il avoit quinze ans lorsqu'il rencontra un jour trois chevaliers de la cour d'Arthur, Owain, Gauvain et Kai; il les accompagna au palais de ce monarque. En route, il trouva un château où étoit un festin tout préparé; il en prit sa part et pénétra dans une chambre intérieure où il vit une dame endormie sur son lit: sans l'éveiller, il lui enleva une bague qu'elle avoit au doigt, et il la remplaça par une autre qu'il portait lui-même. A son arrivée à la cour, il entra tout droit, à cheval et sans cérémonie, dans la salle où Arthur prenoit son repas; il demanda à être armé tout de suite chevalier, menaçant même de tuer le roi si l'on ne faisoit aussitôt droit à sa requête. Arthur, sachant qu'il étoit son neveu, traita avec indulgence ce jeune présomptueux, l'engageant à mettre pied à terre et à s'asseoir à sa table. Préeisément en cet instant, arrive le chevalier Rouge, et il emporte une coupe d'or. Indignation générale contre cet audacieux;

mais l'effroi qu'il inspire arrête tout le monde. Perceval ne partage pas cette stupeur, il s'élance à cheval, poursuit cet insolent personnage, l'atteint d'une flèche dans l'œil et revient chargé de ses dépouilles. Il s'en va ensuite chercher les aventures; il rencontre une sorcière, et d'un coup de lance, il l'étend sans vie; il s'achemine ensuite pour défendre la belle Lafamour dont un cruel soudan a envahi les états; il fait des Sarrasins un effroyable carnage, et le soudan lui-même (Gollegotherame il se nommoit) périt sous ses coups.

Arthur confère alors à Perceval l'ordre de la chevalerie. Le héros épouse Lafamour; mais bientôt il songe à sa mère, et il part pour l'aller rejoindre. En chemin, il rencontra une dame attachée à un arbre, et il apprend d'elle que c'est son mari, le chevalier Noir, qui l'a traitée ainsi, parce qu'elle a perdu, en dormant, un anneau, gage de leur foi. Perceval se fait connoître pour l'auteur de ce larcin; il redemande son propre anneau, celui qu'il avoit donné en échange. Le chevalier Noir lui répond que déjà il a remis cet anneau au souverain du pays; ce souverain se trouve être tout simplement un énorme géant, propre frère du soudan Gollegotherame. Perceval se rend chez ce personnage qui l'accueille en lui portant un coup d'une massue de fer; il n'est pas atteint, et il tue ce tyran. Il finit par retrouver sa mère; dans l'intervalle elle est devenue folle; mais, après avoir été plongée dans un sommeil non interrompu durant trois jours et trois nuits, elle recouvre la raison, grâce à une potion que son fils lui fait prendre et que lui a indiquée le portier du géant qu'il a occis. Il retourne ensuite avec Achefleur dans sa capitale, et il y règne quelque temps en paix. Il finit par se rendre dans la Terre-Sainte; il y trouve une mort glorieuse après avoir conquis diverses villes.

On remarquera que cette épopée de Perceval diffère notablement des rédactions françoises, en ce qu'il n'y est fait aucune mention ni de Graal ni de la sainte lance.

Un célèbre poète allemand du XIIe siècle, Wolfram d'Eschenbach, a écrit sur Perceval un long poëme dont la conquête de Saint-Graal forme le dénouement, et qui s'accorde, sur les points principaux, avec l'épopée de Chrestien de Troyes, quoi

qu'elle en diffère dans une foule de détails, et que les noms propres y soient, pour la plupart, entièrement changés. Il existe une très rare édition de ce poëme, imprimée en 1477, sans nom de lieu; elle a été reproduite dans la collection d'anciennes poésies allemandes de Müller (tome Ier), où elle compte vingt-quatre mille sept cent quarante-sept vers. Elle a reparu dans les œuvres de Wolfram d'Eschenbach, édition donnée, en 1833, à Berlin, par les soins de Ch. Lachmann; elle y tient les pages 11-388. Bodmer mit ce poëme en hexamètres modernes (Zurich, 1753, in-4°), et le laborieux philologue, caché sous le pseudonyme de San Marte (Albert Schulze), l'a publié en langage rajeuni, à Magdebourg, en 1836.

Perceval, ainsi que bien d'autres épopées chevaleresques du même genre, a passé de bonne heure dans la littérature islandaise. Deux manuscrits de la bibliothèque de Stockolm et une autre du Musée britannique renferment chacun une Saga af Perceval Riddara.

G. B.

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1572. Les ouvrages qui traitent des modes et des costumes des différents peuples sont aujourd'hui à bon droit recherchés; plus ils sont anciens, meilleurs sont-ils; car sous ces habits, qui ne paroissent que bizarres et quelquefois ridicules aux hommes peu réfléchissants, on découvre des indices de mœurs et de coutumes qui viennent en aide à l'histoire de la vie privée des nations, encore si peu connue. Feu M. de La Mésangère, auteur d'un piquant et amusant Dictionnaire des Proverbes, avoit réuni une remarquable collection de livres sur les costumes anciens et modernes; elle ne pouvoit être mieux placée que chez le fondateur et l'éditeur du Journal des Modes, qui, pendant long-temps, a seul donné des lois dans les salons de Paris et des provinces. Entre autres productions curieuses, il possédoit celle intitulée Habiti antichi, ouero raccolta di figure delineate dal gran Titiano, è da Cesare Vecellio suo fratello, diligentemente intagliate, conforme alle nationi del mondo. Libro vtilissimo a pittori, dissegnatori, scultori, architetti, et ad ogni curioso, e peregrino ingegno. Dedicato all' illustrissimo segnor Martin Vidman, conte di Oltembergo, etc., nobil Veneto. In Venetia, per Combi et La Noue, M D C LXIV (1). In-8° de huit

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(1) L'édition originale est de Venetia, presso Dam. Zenaro, 1590, in-8°, 420, fig. sur bois. Cette collection a tout l'intérêt qui s'attache aux raretés auciennes et utiles, mais qu'elle áit été exécutée sur les dessins originaux du Titien, comme le titre l'annonce, c'est un conte qui a perdu toute créance depuis que Vecellio a cessé d'être, pour nos biographes, le frère de Titien.

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