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grande quantité, un certain nombre de compositions d'un ordre inférieur, qui jouissent d'une grande vogue populaire et qui sont toujours dignes d'attention, soit quelquefois par l'agrément ou l'élégance de leur forme, soit aussi par la simplicité ou le naturel de leur langage, soit encore, et le plus souvent, parce qu'elles ont le mérite d'être l'expression fidèle et animée des opinions, des préjugés, des sentiments, des passions qui dominent chez les nombreux et mobiles auditeurs auxquels elles sont principalement destinées. Ce genre de compositions, qui s'adresse ainsi presque exclusivement à la foule, et que l'on peut considérer en quelque sorte comme la poésie des hommes qui ne savent pas lire, existe partout où il y a quelques hommes réunis, quelques familles agglomérées, dans la hutte du sauvage comme sous la tente de l'Arabe voyageur, dans la chambrée du soldat comme sous le chaume du laboureur; partout la même ardeur d'émotions et de souvenirs ; partout le même besoin d'illusions poétiques qui donnent pour quelques instans un caractère idéal à la vie, et qui délassent le corps par les jouissances de l'esprit ou les rêveries séduisantes d'une imagination d'autant plus vive, d'autant plus puissante, qu'elle est plus rarement excitée.

C'est cette disposition instinctive de l'homme, que je ne crains pas de signaler comme un véritable bienfait de la Providence, c'est cette disposition qui a créé partout ce que j'appelle la poésie populaire; c'est, en effet, pour répondre à ce besoin universel de poésie, c'est pour le satisfaire que sont sorties spontanément du cerveau de quelques poètes totalement inconnus, une foule de compositions qui n'ont jamais été écrites, et qui pourtant se sont sans peine perpétuées jusqu'à nos jours dans la mémoire des générations qui se sont succédé, et qui nous ont conservé ainsi, avec une foule de traditions dont l'histoire n'eût pas gardé le souvenir, la véritable physionomie des peuples chez lesquels elles ont pris naissance. Plus tard même, et dans des temps plus rapprochés de nous, quand l'ımprimerie tira du cercle étroit dans lequel elles se trouvaient enfermées, ces légendes, ces noëls, ces ballades, ces romances, ces chansons populaires, et cette foule de petites pièces jusqu'alors

à peu près inconnues, et leur donna une certaine publicité, au moins dans leur patrie, les recueils peu considérables qui les contenoient, simples feuilles volantes quelquefois, obtinrent sur-le-champ une grande vogue, et allèrent le plus souvent se perdre dans les mains de la foule qui les accueilloit avec avidité.. Un très petit nombre d'exemplaires de ces curieuses publications parvint à se sauver du naufrage général, et ce n'est que par hasard, aujourd'hui, qu'on peut encore, après beaucoup de soins et de recherches, en retrouver quelques fragmens, d'autant plus précieux, qu'une première occasion échappée, on en attendroit peut-être vainement une seconde.

Les poésies et les chansons de Paolo Britti, écrites en patois vénitien, appartiennent toutes à cette classe. Ne cherchez donc là ni profondeur de pensées, ni noblesse d'expression, ni recherche délicate dans la forme; mais acceptez-les telles qu'elles ont été écrites, dans leur naturel, dans leur simplicité, dans leur grossière et naïve énergie, et vous comprendrez bientôt comment cet homme, aussi inculte à peu près que ses vulgaires auditeurs, obtint de son temps un notable succès, une réputation vraiment populaire. C'est qu'il parloit exactement le langage du peuple, c'est qu'il exprimoit avec exactitude des sentimens, c'est qu'il peignoit avec vérité des souffrances communes au poète et à son auditoire, c'est qu'il y avoit entre eux, sous tous les rapports, communauté parfaite de besoins, d'opinions, de passions, de désirs, de préjugés, et qu'il étoit impossible par conséquent qu'il n'y eût pas, entre eux, complète intelligence. Existe-t-il un grand nombre de poètes d'un ordre plus relevé qui pussent en dire autant, même de nos jours, si de nos jours il y a encore des poètes et de la poésie, ce dont peut-être il est permis de douter.

Paolo Britti étoit un pauvre aveugle, qui se faisoit, à ce qu'il paroît, un titre de son infirmité, puisqu'il ne manque pas de se donner cette qualité à la tête de chacune de ses compositions. Peut-être aussi cette espèce de vanité si singulière étoit-elle tout simplement un acte de reconnoissance pour cette infirmité, à laquelle il croyoit devoir et ses talens et ses succès comme poète des rues. Nous n'avons aucun détail sur la vie de cet

aveugle obscur, mais ne nous seroit-il pas permis de conjecturer que son infirmité l'ayan: réduit à la triste nécessité de mendier son pain, sa fierté naturelle se révolta contre cette triste condition, et qu'il chercha, dans un talent dont il croyoit sentir en lui le germe, un moyen plus honorable et plus sur de soutenir sa pénible existence. Un pareil fait, qui malheureusement n'est qu'une conjecture, le relèveroit considérablement à nos yeux, et donneroit encore, s'il étoit possible, un nouvel intérêt à ses compositions poétiques. Quoi qu'il en soit, nous dirons seulement que long-temps, même en Italie, les poésies populaires de Paolo Britti sont restées inconnues ou complètement oubliées, et que ce n'est que depuis quelques années que son nom a été tiré de l'oubli. Un petit volume, composé de trente-deux pièces de cet auteur, fut annoncé dans le catalogue de vente de la bibliothèque d'un savant bibliophile anglois, M. Hibbert, et atteignit alors un prix assez élevé. Il avoit donc été apprécié, et sa réputation étoit faite. Depuis cette époque, le nom de Paolo Britti n'avoit reparu dans aucun catalogue, et l'exemplaire de ses poésies appartenant à M. Hibbert pouvoit passer pour unique. Nous en signalons aujourd'hui un second exemplaire, beaucoup plus complet que le premier, puisqu'il renferme quarante-quatre pièces, au lieu de trente-deux; et comme les diverses pièces dont il se compose sont toutes aussi rares que curieuses, nous avons cru qu'il ne seroit ni sans intérêt pour la science bibliographique, ni sans agrément pour les amateurs, de donner une nomenclature complète et détaillée des divers morceaux dont se compose le précieux volume que nous avons sous les yeux. Cette notice, faisant connoître la plus grande partie des compositions de Paolo Britti, pourra servir aussi d'indication pour compléter la collection des œuvres de ce poète, dans le cas où le hasard en feroit découvrir de nouvelles. Le volume que nous décrivons se compose des pièces suivantes :

1. La Bella e cortese Masserina. La quale per contentar il suo amante, ha usato molte astutie, et fattoli anco diuersi presenti (senza nome d'autore). (Fig. : un homme et une femme se don

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nant la main.) In Venetia, e poi in Trevigi, appresso Angelo Righettini, 1623. Pet. in-8°, de 4 f.

2. Opera nova nella qual s'intende come vn giouine si pente di hauer lasciato vna sua innamorata, dimandandoli perdono dell'errore commesso, nel qual s' intende le argute risposte date da essa. Composta da me Paolo Britti, cieco. (Fig. à deux compartimens dans l'un, deux hommes causant ensemble; dans le second, un homme écrivant.) In Venetia et in Trevigi, appresso Angelo Righettini, 1627. Pet. in-8°, de 4 f., le der nier blanc.

3. Tramutatione di quella canzonetta dimandata : vedila la. Opera nuova e sopra l'istessa aria. Composta nouamente da me Paolo Britti. (Fig, : un portrait d'homme vu de profil.) In Venetia e poi in Trevigi, appresso Angelo Righettini, 1629, Pet. in-8o, de 4 f., le dernier blanc.

4. Gratiosissimo dialogo nel qual s' intende vn contrasto, che fa vn giouine con la sua innamorata, doue fanno una bellissima contesa da l' una et l' altra parte. Composta nouamente da me Paolo Britti, cieco da Venetia. (Fig. à deux compartimens : dans le premier, un homme qui écrit ; dans le second, un jeune homme, genou en terre, remet une lettre à une femme.) Trevigi, Girolamo Righettini, 1632. Pet. in-8°, de 4 f., le dernier blanc.

5.Canzonetta nova nella quale s' intende una promissione fatta da vn giouine di non voler mai più innamorarsi in Cortegiane per molti e molti disgusti da quelle riceuuti. Composta nouamente da me Paolo Britti, cieco da Venetia. (Fig. en bois, repr. divers personnages conversant). In Trevigi, appresso Girolamo Righettini, 1635. Pet. in-8°, de 4 f.

6. Canzonetta nova nella qual s' intende vn lamento fatto da vna pouera Vedoa per esserli mancato il marito nel più bel fior della sua giouenezza, laqual raconta le sue buone qualita, opera honesta. Sopra l'aria di misterii d'amor (senza nome d' autore). (Fig. à deux compartimens : dans l'un, un homme écrit ; dans l'autre, deux hommes, dont l'un apporte une lettre). In Trevigi, appr. Girolamo Righettini, 1835. Pet. in-8°, de 4 f.

7. Bellissima canzonetta nella qual s' intende vn lamento, che fa vn giouene per essergli mancata di vita la sua consorte doue disperatamente desidera più tosto el morir, che viuer senza di lei. Sopra l'aria dimandata mi conuien dipartire (senza nome d'autore). (Fig. la même que celle du no 22). In Trevigi, appr. Girolamo Righettini, 1635. Pet. in-8°, de 4 f.

8. Canzonetta nova sopra gl' auísi che manda Paolo Britti a i suoi principali amici, cosi terrieri come forestieri auisandoli della sua recuperata sanita. Composta da Paolo Britti, cieco. Sopra l'aria del suo Testamento. (Fig. : un homme debout, appuyé sur son bâton.) In Trevigi, appr. Girolamo Righettini, 1636. Pet. in-8°, de 4 f., le dernier blanc.

9. Gratiosissimo dialogo: fatto tra homo, e donna, nel qual tra loro s'intende vna bellissima romanzina. Composta nuouamente da me Paolo Britti, cieco de Venetia. (Fig. en bois, repr. deux hommes, l'un assis devant une table, l'autre debout, qui causent ensemble.) In Trevigi, appr. Girolamo Righettini, 1637. Pet. in-8°, de 4 f., le dernier blanc.

10. Bellissima canconetta (sic): nella quale consiste la tramutatione di quel pouero giouine, che dalla donna li fu robba la borsa, doue la mostra a ditto, accio sia da tutti conosciuta. Composta nuouamente da me Paolo Britti, cieco da Venetia. (Fig. : un homme chauve assis et tenant à la main une branche de feuillage pour chasser les mouches.) In Trevigi, appresso Girolamo Righettini, 1637. Pet. in-8°, de 4 f., le dernier blanc.

11. Nova tramutatione de Anzola e Momolo. Doue s' intende come la donna vorrebbe tornar in gratia dell' amante, et esso, con vituperio la disprecia. Composta nuouamente da me Paolo Britti, cieco da Venetia. (Fig. à double compartiment: un jeune homme frappe à une porte que paroît ouvrir une femme.) In Trevigi, appr. Girolamo Righettini, 1637. Pet. in-8°, de 4 f., le dernier blanc.

12. Canzonetta nova doue s'intende la pace fatta tra Nane et Checo. Composta nuouamente da me Paolo Britti, cieco da Venetia. (Fig. : un enfant ailé, l'Amour probablement.) In Tre-,

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