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Table des articles contenus dans le numéro 6 du Balletin

du Bibliophile, 6 série.

René Milleran, écrivain singulier du xviie siècle.

247

De Teillevant et de quelques autres cuisiniers du XIVe siècle. 256

Voyage dans une bibliothèque de province :

XIX. M. Delorme. Voyage en Flandre, etc.

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XXI. Le prince d'Albanie. - Catherine II.

Variétés bibliographiques et littéraires. - Vers inédits de Jacqueline Pascal et de P. Corneille.

259

263

266

271

Nouvelles bibliographiques — Bibliothèque de M. Viollet-le-Duc. 274

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RENÉ MILLERAN,

ÉCRIVAIN SINGULIER DU DIX-SEPTIÈME SIÈCLE.

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Un court article, extrait du catalogue de M. Charles Nodier et inséré dans le Bulletin du mois de mars, a révélé au monde littéraire, c'est-à-dire, aux deux ou trois cents personnes qui accordent encore quelque attention à l'histoire de la littérature, le nom d'un grammairien obscur et tout-à-fait oublié, quoiqu'il eût été dans son temps un novateur intrépide et que l'abbé Goujet lui eût déjà consacré quelques lignes dans sa Bibliothèque françoise (1. 54.2. 412). Grâces à M. Nodier donc, et à cet admirable talent qu'il possède de rendre quelques instans de vie à ce qui ne semble plus que poussière éteinte et inanimée, nous avons vu René Milleran revenir au grand jour pour voir son nom placé auprès de celui de Voltaire. L'honneur d'un pareil rapprochement, la faveur d'un souvenir de M. Nodier suffisoient, et au delà, à la gloire du pauvre René Milleran, et nous eussions laissé son ombre, désormais illustre, savourer en paix les joies d'une telle bonne fortune, si nous n'eussions découvert récemment, par un de ces hasards, dont il n'appartient qu'à un bibliophile d'être fier, que ce René Milleran étoit l'auteur, non seulement de la grammaire qui a mérité l'attention de M. Nodier, mais encore de quelques autres ouvrages dignes, sinon par leur mérite, au moins par la singularité de la composition aussi bien que par la bizarrerie de la forme, d'être signalés aux curieux. Nous avons pensé aussi qu'à cette occasion il ne seroit pas tout-à-fait sans intérêt de donner quelques renseignemens sur l'auteur lui-même; mais, par malheur, ces renseignemens se borneront à de bien légères indications.

René Milleran étoit né à Saumur en Anjou, ainsi que l'exprime formellement la légende de son portrait, ainsi qu'il ne manque

pas de le répéter lui-même au titre de ses ouvrages. René Milleran étoit fier de son pays, de sa ville natale; car, dans un petit avis que nous avons sous les yeux, il dit expressément qu'il a l'avantage d'être de la ville de France où l'on parle « le mieux, et même mieux qu'à la Cour, parce qu'elle est plus ⚫ composée de personnes des provinces frontières, où on parle

très mal françois, que d'autres. C'étoit là sans doute un sentiment très louable, et si nous ajoutons qu'en outre René Milleran ne laisse jamais échapper une occasion de célébrer la France et de faire profession d'une affection sincère pour son roi, nous n'aurons rien à ajouter à son éloge comme citoyen de Saumur et comme françois.

René Milleran étoit maître de langues de profession, et cette profession ne fut pas pour lui sans quelques avantages, puisqu'elle lui fournissoit les moyens de faire imprimer ses ouvrages à ses frais, ainsi qu'il nous l'apprend lui-même dans la préface d'un de ses livres. Il se plaint également, dans la même préface, des contrefaçons qu'on avoit faites à Bruxelles et à Amsterdam, de ses Lettres, ce qui prouve et que ses ouvrages avoient assez de succès pour tenter la cupidité des contrefacteurs, et qu'il existoit alors, comme aujourd'hui, en Belgique, un grand nombre de ces pirates littéraires qui prennent plaisir à exercer leurs brigandages sur les produits de l'intelligence des nations voisines. Les hommes de tous les temps ne se ressemblent que trop, et c'est en matière de mauvaise foi surtout que l'on peut dire, sans crainte d'être démenti, qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil.

René Milleran ne résida pas toujours en France, ni dans une seule ville de ce pays. Ses Lettres furent imprimées à Paris et à Lyon, ses deux grammaires parurent à Marseille, ce qui prouve qu'il habita successivement ces trois villes; nous connoissons enfin un ouvrage de lui imprimé à Milan en 1700, et nous savons par une note écrite à la main sur la garde de ce dernier ouvrage, que l'auteur habita Rome pendant quelque temps. Voilà au reste tout ce que nous savons de René Milleran, et nous ignorons complètement où il termina une vie qui paroît avoir été assez longue et qui ne fut ni sans honneur, ni tout-à-'

fait sans utilité, quoiqu'il n'ait laissé après lui qu'un bien foible souvenir. Il ne nous reste plus maintenant qu'à dire quelques mots de ses ouvrages, ou, pour parler d'une manière plus exacte, de ceux de ses ouvrages que nous connoissons.

La Grammaire de René Milleran, dont parle M. Nodier, étoit probablement une seconde édition, et une édition tout-à-faitdifférente de la première; elle porte la date 1694, et l'abbé Goujet en cite une de 1692, dont le titre beaucoup plus simple et beaucoup plus court n'annonce pas encore cette hardiesse réformatrice qui distingue celle de 1694. Ce titre est ainsi

conçu:

Nouvelle Grammaire françoise, par René Milleran, de Saumur, professeur des langues françoise, allemande et angloise, et interprète du roi dans sa cour du Parlement. Marscille, Brebion, 1692, in-12.

Rien dans ce titre, comme on le voit, n'annonce un novateur ou un réformateur, et l'abbé Goujet qui parle du livre comme l'ayant vu et lu, ne fait aucune observation à ce sujet, ce qu'il n'eut probablement manqué de faire, si cette nouvelle Grammaire eut offert cette singularité. Il se contente de dire que la Grammaire de René Milleran « n'est ni plus claire, ni plus précise, ni même plus méthodique que plusieurs de celles <qui avoient eu cours jusque là. ›

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Il nous semble donc évident que cette première grammaire ou que cette première édition de la grammaire de René Milleran n'a rien de particulier qui la recommande à la curiosité des amateurs, tandis que l'édition de 1694 possède au contraire tout ce qu'il faut pour mériter l'attention des bibliophiles et pour justifier leur préférence.

L'abbé Goujet, après avoir caractérisé, en quelques lignes que nous venons de transcrire, la première grammaire de René Milleran, ajoute ce qui suit : « Je vois encore moins sur quoi • est fondé l'éloge que lui donne le sieur de Linières dans ‹ cette épigramme que Milleran a eu soin de faire imprimer « lui-même au devant de son ouvrage :

« Cet homme en sa grammaire étale

« Autant de savoir que Varron.;

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Nous apprenons par cette épigramme et par une note de Milleran lui-même, que cet écrivain avoit publié un Recueil de Lettres qui avoit eu déjà, en 1700, les honneurs de trois éditions, mais c'est là tout ce que nous savons à ce sujet, et nous n'avons réussi ni à voir ce livre, ni à en trouver quelque mention dans les bibliographes. Nous avons été plus heureux pour un autre ouvrage de René Milleran, plus inconnu encore peut-être et tout aussi rare au moins que ses Grammaires et ses Lettres, et qui, à ce mérite d'une extrême rareté, si toutefois la rareté est un mérite, joint celui d'être un des livres les plus singuliers et les plus originaux qu'il soit possible de rencontrer. Je donnerai d'abord, dans toute son étendue, le titre de ce curieux volume, en conservant scrupuleusement la bizarrerie même de son orthographe, qui se rapproche beaucoup, comme on le verra, de l'orthographe du titre de la grammaire de 1694.

Dernier Discours sur l'humilité de Jesus Chrit et de celle de S. Charles Borromee, fait et prononcé à Milan le 10 avril 1699 vendredi de la Passion, dans la derniere assenblée de la tres-illustre et tres-celebre Academie de son Excellence Monseigneur le Comte Charles Borromée.

Par René Milleran, de Saumur, professeur de la langue Françoise qu'il enseigne par les langues, Latine, et Italienne, et Allemande, et Angloise, à l'hospice des Penitenciers derriere le Palais de S. A. S.

Seconde edicion. Augmentée par l'Auteur, du MIROIR SPIRITVEL qui ne flate point, figuré par le MONDAIN qui flate, conprenant plus de reflexions, et de Morales Chretienes qu'il n'en faut dans les deux genres d'écrire en Latin, et en François, et même en Italien, et en Espagnol en quelques endrois, pour ariver au conble de l'humilité, et par consequent pour bien vivre et bien mourir.

Le tout apuyé de l'Histoire Sacrée, et Profane en tems, et lieu.

Avec Trois Traités d'Epitafes assés particuliers. Le Premier de quelques saints, Le Second en faveur de ceux qui ont bien vécu, et Le Troisieme, au mépris des autres.

Et quelques autres particularités en faveur des Souverains, etc. Et un Traité d'Enigmes sur les mots les plus essentiels sous les quels il a traité cete Morale chretiene, avec leurs applications qu'on poura trouver au bas pour peu qu'on y reflechisse, etc.

Dedié à son Excellence Monseigneur le Comte Charles Borromée.

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