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apparence de loi; radical en néographie, il débute modestement par la suppression de l'alphabet et lui en substitue un nouveau, composé tout d'une pièce pour cet usage. Cette manière de procéder prouve du moins qu'Honorat Rambaud avoit la conscience de son entreprise, et qu'il savoit apprécier à leur juste valeur les ridicules tentatives de ses prédécesseurs et de ses émules. Aussi n'hésité-je pas à le regarder comme l'homme de génie de la bande, et le seul qui offre dans son fatras quelques vues ingénieuses et fortes. La question de savoir si l'alphabet usuel est bon ou mauvais n'étoit pas difficile à résoudre. Le fait est qu'il est détestable dans la figure des signes, dans leurs attributions et dans leur ordre, et qu'il en est de même de tous les alphabets anciens et modernes ; mais la difficulté n'est pas là. La difficulté n'est pas même de créer un alphabet meilleur que le nôtre, et besoin n'étoit pour cela des doctes labeurs d'un maître d'école; le moindre de ses écoliers y auroit suffi de reste. Ce qu'il y a d'embarrassant, ce n'est pas de faire, tant bien que mal, une espèce d'alphabet rationnel et philosophique, propre à faciliter l'enseignement de la lecture, et à rendre plus faibles et même tout-à-fait nulles les équivoques et les ambiguïtés de l'orthographe; c'est d'appliquer cet alphabet à une langue écrite, sans altérer, sans détruire peut-être son esprit et son caractère; c'est surtout de le faire accepter par le peuple auquel on le destine, comme la forme d'un chapeau ou la coupe d'un habit: voilà ce qui n'arrive jamais et ce qui jamais n'arrivera. La religion en sait, je crois, la raison; si la philosophie en sait une autre, qu'elle le dise.

IX

LE MIROIR DES ESCOLIERS et de la Jeunesse, la Doctrine des Bons Enfans et la Malice des Peruers, Demandes interrogatoires de l'empereur Adrien à un Enfant sage à trois ans, liure propre pour le temps present, reueu et augmenté de nouueau d'une petite ciuilité que doiuent tenir les ieunes enfans estants à

table. A Paris, chez la vefue Robert Micard, rue SainctJean de Latran, à la Bonne Foy, 1602, in-8, mar. vert, dentelle, fil. (Bauzonnet.)

Ce volume, imprimé en caractères de civilité, est un de ces livres qu'on mettoit fort sagement dans les mains des écoliers pour les initier aux difficultés de la lecture, en les habituant à déchiffrer un caractère bizarre et maniéré qui n'étoit pas encore tout-à-fait sorti de l'usage. Les ouvrages de ce genre étoient certainement tirés à fort grand nombre par l'imprimeur, et les réimpressions devoient s'en renouveler souvent, car les enfans conservent mal ce qu'ils possèdent, et un instinct généralement propre à cet âge, est de ne guère envier la possession que pour détruire. Aussi un volume de la bibliothèque puérile à la date de 1602 peut passer aujourd'hui pour une rareté singulière, qui mérite probablement mieux le nom de phénix que les Pasquilles de Daniel Heinsius. On cite ordinairement comme exemple de la rapidité incroyable avec laquelle disparoît et s'anéantit le livre imprimé d'un usage vulgaire, les Colloquia Erasmi, publiés, en 1528, à vingt-quatre mille exemplaires, par Simon de Colines, et Dieu sait quel accueil notre public feroit aujourd'hui à cet excellent ouvrage! il resteroit chez le libraire, et on n'en trouve plus de vestiges, même dans les catalogues. Voici deux exemples bien plus récens: La Constitution de 1793 a été imprimée à Dijon par Pierre Causse, à cinq cent mille exemplaires; et le fameux Catéchisme de l'Empire, qui prescrivoit à tous les François de chérir Napoléon, sous peine de damnation éternelle, a été tiré à un MILLION! Ce sont aujourd'hui des livrets assez difficiles à rencontrer, et que les bibliomanes de l'an 2000 achèteront au poids de l'or, s'il y a encore en l'an 2000 des bibliomanes et des livres.

X.

MAROT (Clément). L'Adolescence Clémentine, autre ment les OEuvres de Clément Marot, de Cahors en

Quercy, valet de chambre du roy, composées en l'eage de son Adolescence.

Avec la Complainte sur le Trespas de feu Messire Florimond Robertet, Et plusieurs autres OEuvres faictes par ledit Marot depuis leage de sa dicte Adolescence. Le tout reueu corrige | et mis en bon ordre.

Plus amples que les premiers imprimez de ceste | ny autre impression.

On les vend à Paris, deuant Lesglise Saincte Geneviesue des Ardens, rue Neufue Notre Dame. A l'enseigne du Faulcheur.

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Avec privilege pour Trois Ans. (Cent dix-neuf feuillets, dont le dernier n'est pas chiffré, et porte au

verso:

Ce present Liure fut acheue Dimprimer le mercredi XH jour de Nouembre. Lan M. D. XXXII. Pour Pierre Rosset, dict le Faulcheur, Par Maistre Geofroy Tory, de Bourges, Imprimeur du Roy.)

In-8°, mar. r., fil. Bauzonnet.

TRÈS BEL EXEMPLAIRE.

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« Cette édition, dit M. Brunet, Manuel du Libraire, p. 287, «t. III (4 édit.), est la plus ancienne sur laquelle on trouve ⚫ des renseignements positifs, etc. J'ajouterai que ces renseignemens ne sont pas encore bien positifs; car on va voir qu'il existe de notables différences entre l'exemplaire cité par M. Brunet, et le mien, quoique les deux descriptions se rapportent apparemment à la même édition : 1° la marque de Pierre Roffet, annoncée par M. Brunet, ne se trouve point sur le titre de mon exemplaire, et ne pouvoit point s'y trouver; car la marque de Pierre Roffet porte deux pouces deux lignes de hauteur; et le long titre que je viens de copier ne laisse pas en tout cinq lignes d'espace; 2° l'Épître en prose, intitulée: Clément Marot à un grand nombre de frères qu'il a, tous enfans d'Apollon, n'est point datée du 12 octobre 1530, comme le dit M. Brunet,

qui pouvoit et devoit croire, d'après cette date, à une édition de 1530, dont je ne conteste pas l'existence; mais du 12 août 1532, comme dans l'édition de Jehan de Channey, sans date, qui a été nécessairement faite sur un exemplaire semblable au

mien.

Il y a donc, entre l'exemplaire de M. Brunet et le mien, différence incontestable, sinon d'édition, du moins de tirage; et c'est ce qu'exprime fort bien l'éditeur dans ce paragraphe remarquable du titre : Plus amples que les premiers imprimez de ceste, ny autre impression. Il y a donc, en effet, des exemplaires de cette impression qui sont moins amples. C'est ce qui seroit démontré jusqu'à l'évidence, si on pouvoit comparer l'exemplaire cité par M. Brunet et le mien; ou si, seulement, M. Brunet, toujours exact dans cette espèce de recherche, avoit trouvé l'occasion de marquer le nombre des pages. Voici ce que je pense à ce sujet :

Je suis persuadé que l'exemplaire cité par M. Brunet, finit avec la feuille N, au feuillet civ verso, qui est terminé par le mot FINIS au dessous du Tetrastichon. Le poète, malade à cette époque, et qui n'avoit pu présider à l'édition, se hâta de renvoyer à Roffet des pièces omises ou nouvelles, et qui sont des meilleures, comme la délicieuse épître où il se plaint d'avoir été volé par son domestique, et quelques autres composées en sa dicte maladie. Ce supplément des feuillets civ à CXIX (ce dernier non chiffré) est donc ce qui distingue mon exemplaire; et c'est à la nécessité de coordonner cette addition avec le reste, qu'il faut attribuer la réimpression du carton A ij, c'est-à-dire du frontispice et de l'Épître de Marot à ses frères, enfants d'Apollon, dont il voulut probablement changer la date pour marquer que l'édition de Roffet étoit la première qu'il avouât.

11 ne peut pas être question ici de considérer l'édition de 1532 comme la première de l'Adolescence clémentine. Le paragraphe : Plus ample que ceste, ny autre impression (remarquez bien que ces derniers mots sont au singulier), prouve qu'il en existoit une autre au moins, qui est probablement de 1530; mais il est évident que l'édition de 1532 est la première qui soit relativement complète, au moins dans les exemplaires

semblables au mien, et on me permettra de croire qu'il ne s'en rencontré guère.

Ce livre, tel que M. Brunet l'a décrit, s'est vendu 10 fr. Mirabeau, à une époque où l'on ne se soucioit guère de nos poètes du xvIe siècle et des éditions originales de nos classiques; et notre savant bibliographe n'oublie pas de remarquer qu'il seroit plus cher maintenaut. Ce qu'il y a de certain, c'est que ce prix est fort au dessous de celui que j'en ai donné sans le trouver trop payé. Je le regarde comme un des plus précieux volumes de ma collection.

AVIS NÉCESSAIRE.

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M. Nodier est tombé dans quelques erreurs bien involontaires, et qu'il s'empresse de réparer, sur les circonstances de la vente du livre intitulé: La Virgine Venetiana, de Postel, non adjugé chez M. de Mac-Carthy, sur son enchère de quatre cents francs. Le volume offert à cinq cents francs fut acquis ou retiré à ce prix, non par MM. de Bure, mais par un ami des propriétaires, et pour leur compte. Depuis, il fut déposé chez MM. de Bure, et mentionné dans leur catalogue au même prix de cinq cents francs. Et c'est pour cette somme, et non pour une somme plus forte, qu'il fut acheté chez eux par un amateur étranger. Les personnes qui connoissent la réputation si bien méritée de haute et infaillible probité dont jouissent MM. de Bure, n'avoient certainement rien vu, dans l'article de M. Nodier, qui put y porter préjudice, mais il est heureux de trouver cette occasion de leur offrir un témoignage public de son estime, en rectifiant ce qu'ils ont cru y trouver de louche et d'inexact.

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