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cœur, contre Leibnitz et M. Weiss, au jugement de Nicéron qui le trouve extravagant et ridicule. Toutes ces rêveries de langue universelle dont les résultats apparens avoient séduit Leibnitz, sous le point de vue des voyages et du commerce, ne sont en effet que ridicules et absurdes sous le point de vue philosophique. Voltaire lui-même en a jugé ainsi, quoiqu'il ne demandat certainement pas mieux dans son cœur que de trouver quelque théorie spécieuse contre l'anathème de Babel. Ce qu'il est permis de rechercher dans le livre de Dalgarno, c'est un livre rare, très rare, et peut-être des plus rares qui existent en grammaire générale; mais ce livre est le livre d'un fou auquel on ne peut refuser du génie.

J'ai insisté sur ces détails avec une vivacité qui s'explique par la plus juste des résipiscences. Il y a vingt ans que j'avois encore foi à la langue universelle, ambitieuse chimère de ma jeunesse, et que je l'offrois toute faite au genre humain, dans un long article sur Dalgarno, qui doit figurer parmi mes Mélanges. On a donc le droit de me reprocher aujourd'hui d'être en contradiction avec moi-même, et ce reproche mérité, je l'accepte sans honte, car je suppose qu'il peut s'adresser quelquefois à tout homme sincère que l'orgueil n'aveugle pas. J'honore parfaitement les esprits éminens qui jamais ne se trompent; mais ma nature plus humble est sujette à l'erreur, et quand je sais que je me suis trompe, je le dis.

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Clotilde de SurviLLE. Poésies de Marguerite-Éléonore-Clotilde de Vallon-Chalys, depuis madame de Surville, poète françois du xv siècle, nouvelle édition, publiée par Ch. Vanderbourg, membre de l'académie des inscriptions et belles-lettres, ornée de gravures dans le genre gothique, d'après les dessins de Colin, élève de Girodet. Paris, Nepveu, 1824, 1 vol. o in-8, grand papier vélin, figures eau-forte avant la lettre, sur

papier de Chine, avec la lettre et coloriées, mar. grenat, fers à froid, doublé en mar. (Simier.)

Magnifique exemplaire admis à l'exposition de l'industrie de 1827.

Dans le même volume sont renfermées les Poésies inédites, que je publiai, en 1826, avec mon ami, M. le baron de Roujoux, ancien préfet du Ter, et qui furent, imprimées sur le même papier et dans le même goût par les soins du même éditeur. Celles-ci ne sont point, comme on l'a dit, et, je crois, écrit, le pastiche d'un pastiche; elles sont effectivement, ainsi que les premières, l'ouvrage de l'infortuné M. de Surville, mis à mort en 1798, au Puy, à Montpellier, ou à La Flèche, car les biographes ne sont pas même d'accord sur le lieu du supplice de cet admirable poète. Nous avions eu le bonheur de le posséder et de le cacher à Besançon, pendant les trois mois précédens, et j'y ai souvent entendu de sa propre bouche les vers de son aïeule ou les siens, chez l'homme généreux qui lui accordoit une généreuse hospitalité, M. Strabat, architecte ; mais, quoique je fusse doué alors de cette mémoire de quinze ans, qui est le plus précieux instrument de l'étude pour les écoliers, je n'avois recueilli que des lambeaux de tant de compositions délicieuses qu'on pouvoit croire perdues à jamais. Heureusement, Surville avoit pourvu à ce danger en remettant aux soins de son ami, M. de Vanderbourg, la partie la plus élaborée de son œuvre; le reste, qui n'avoit pas subi encore la dernière révision du maître, et ces touches de vétusté qui suppléent à l'action du temps, fut laissé entre les mains d'un autre ami de M. de Surville, M. Désiré de Longeville, sous la condition que les pièces de ce second recueil ne seroient, ni en tout ni en partie, livrées à la publicité; mais, en 1826, le jugement de la critique étoit tout-à-fait arrêté sur l'ouvrage, et personne ne le considéroit plus que comme un ingénieux et charmant pastiche, à la manière de Macpherson et de Chatterton. M. de Roujoux, dépositaire d'une copie du manuscrit des Poésies inédites, pensa dès lors qu'il n'y avoit aucun inconvénient à enfreindre la volonté du poète, et qu'une fois son in

nocente supercherie dévoiléé, il seroit inutile et cruel de priver le public du moindre de ses écrits; nous nous aperçumes alors, je dois le dire, que rien n'avoit plus contribué à trahir le secret de l'auteur que l'extrême maladresse de l'orthographe, encore indécise et mal étudiée, sans doute, dans le premier manuscrit, mais dont l'éditeur avoit singulièrement multiplié les défauts. Dans l'impossibilité de faire mieux, sans altérer l'unité de l'œuvre, et sans lui faire perdre la physionomie de son ensemble, nous nous astreignîmes avec un profond regret à l'orthographe établie dans les premières poésies, et notre édition n'en est pas meilleure.

A cet exemplaire, peut-être unique par sa condition, j'ai annexé un feuillet autographe de Surville, contenant des vers finis dans leur première façon, c'est-à-dire avant ce travail de la forme qui devoit la reporter progressivement, par les modifications de l'orthographe et du langage, au temps de leur composition supposée. C'est une pièce fort curieuse, selon moi, et qui le fait d'ailleurs connoître comme calligraphe.

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D'UN GRAND LIVRE DES VERTUS RÉPUBLICAINES.

Le Rapport que l'on va lire, et que peu de personnes connoissent sans doute, nous a paru trop curieux et trop caractéristique de l'époque à laquelle il a été écrit, pour n'être pas tiré de l'oubli, et comme il s'agit dans ce rapport du projet d'établir un livre spécial destiné à perpétuer le souvenir des grandes vertus républicaines de 1793, il nous a paru se rattacher sans trop de peine au cadre de notre recueil, essentiellement consacré à tout ce qui intéresse l'histoire des mœurs et des époques considérées sous le point de vue de la littérature et de la bibliologie.

Nous imprimons donc littéralement, et dans toute sa naïveté révolutionnaire, ce curieux rapport du célèbre Grégoire, et nous ne pensons pas que personne nous sache mauvais gré de cette fidélité à reproduire un monument officiel d'une époque sur laquelle on a beaucoup écrit, sur laquelle on écrira beaucoup encore, et qui sera long-temps un sujet d'étude pour les pen

seurs.

A part la forme sous laquelle se présente le projet, nous pensons que, sous un certain aspect, l'idée qui domine dans ce travail n'est pas sans quelque grandeur et que la mise à exécution de cette pensée n'eût pas été entièrement dépourvue d'utilité. Il est bien vrai qu'en tout l'exemple est un puissant aiguillon pour l'homme de tous les âges, et l'on ne sauroit nier que plus d'une belle action n'ait pris sa source dans le désir de ressembler aux hommes qui ont obtenu dans le monde les honneurs de la célébrité. Mais aussi, à côté de cet avantage que je ne puis ni ne veux contester, se trouve l'inconvénient d'exalter quelquefois aut delà du vrai et du juste les facultés de l'homme, quand les

actions qui prennent ou reçoivent le nom d'héroïsme ne doivent ce nom qu'aux préjugés de parti ou à l'exaltation du moment. Un livre, comme celui qu'on projetoit à la Convention, ne seroit donc vraiment utile, il n'auroit sur une nation une influence salutaire qu'à la condition d'être rédigé par des hommes doués à la fois d'un cœur droit, d'un esprit mûr et exercé, d'une expérience longuement acquise, qui n'inscriroient dans ces Archives de l'honneur national que des faits avoués par la morale en même temps que signalés par l'admiration des peuples. Est-il probable qu'en révolution on puisse toujours se soumettre à une pareille règle et rencontrer des juges dignes de l'appliquer. On nous permettra d'en douter et je ne voudrois alléguer, pour confirmer mes doutes, que la seule allusion de Grégoire à l'action d'ANKASTROEM. Au reste, si le projet eût reçu un commencement d'exécution, nous aurions eu un document d'une espèce très remarquable, et quoique à tout prendre il ait mieux valu que ce nouvel excitant ne vînt pas échauffer les passions déjà si exaltées de l'époque révolutionnaire, on regrettera peut-être qu'il n'existe pas de nos jours quelques fragmens de ce recueil qui, sans danger aujourd'hui, eussent pu du moins offrir un certain intérêt de curiosité.

Malgré l'exagération révolutionnaire qui inspire en quelque sorte tout le rapport de Grégoire, et qui a passé jusque dans son style, il est facile de reconnoître qu'au milieu de cette exaltation passionnée qui va souvent jusqu'au délire, quelquefois jusqu'au ridicule, il se trouve pourtant quelques bons sentimens et un désir réel de rester fidèle aux principes du bon et de l'honnête. C'est une justice à rendre à l'auteur de ce manifeste, et cela dit, nous le laissons parler lui-même.

G. D.

Rapport sur les moyens de rassembler les matériaux nécessaires à former les Annales du civisme, et sur la forme de cet ouvrage; par le citoyen GRÉGOIRE. Séance du 28 septembre 1793, l'an II dela république, imprimé par ordre de la CONVENTION NATIONALE.

CITOYENS,

La Convention nationale a chargé son comité d'instruction publique de recueillir les traits éclatans de vertus qui ont si

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