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tres nobles rois des Borguignons et tres puissans, douquel l'on treuve maintes choses escriptes as histoires.... La terre ⚫est mervoilleusement coverte dou sanc des morz, en tel maniere qui li fleuves qui court par celle vallée qui estoit nommés jusques à cel tems Arsis, crut par le sanc des morz et pour la doulor de cuer de cels qui perdirent lour amis... il est enqui nommez Core (la Cure)...

Berthe..... morut à Pouteres, s'abbaie..... et fu enqui « enterrée en un tomblel de marbre..... La tombe d'icelui (Girart) fu apparoillie en tel maniere, par grant oevre de ⚫tables de marbre polies diligemment, lesquex il meismes ha

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voit mises en ladite eglise quant il vivoit, comme les rema<nances des colombes et des pavemens le tesmoignent enquor. < il est enqui enterrez..... les miracles des saintées qui adonc <et après ce i furent faites aucunes fois furent escriptes, mais ⚫eles furent péris et plusors autres choses auxi, quant cele meisme abbaie fu arse...

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« Renars, uns evesques de Langres, qui estoit orguilleux non pas seulement pour la hautesce de honor mais pour la science de lettres et pour la nobleté de lignaige, quar il fu nez de la lignie des comtes de Bar seur Seigne,.. assembla toutes ses commugnes et entra fausement en la ville à tout apareillement de procession de eglise garnie... Quant la ville fu soubdainement et cruelment desrobée, il fist <ardoir toute l'abbaie par cruel flamme... mais à la fin....... por le rapareillement de l'eglise, il donna plusiers dons. Li cloistres aux moines estoit de marbre jusques au temps d'adonc. Et certes, quant li abbaie fu brulée, li tombles dou comte Girart fu un petit quassez des roiches qui chaï⚫rent sus. Et ot un pertuis aovert par lequel on regardoit de.dens... »

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(Vies de Saints, msc. du supplément françois, no 632.5).

Venons maintenant au texte du Voyage littéraire : « Potiere a été fondé dans le Ix siècle, par Gérard de Roussillon et

par la princesse Berthe, sa femme, que l'abbaye de Vezelay

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⚫ reconnoît aussi pour ses fondateurs (1). Le sanctuaire de l'église paroit être de la première fondation. Il est pavé en partie de marbre blanc, et autour du grand autel, on voit plusieurs petites colonnes de marbre, ce qui fait juger avec combien de magnificence cette maison a été construite. Du ‹ côté de l'évangile, on voit le tombeau du fondateur, et du côté de l'épître, celui de Berthe, avec une inscription qui est • récente... l'épitaphe de Thierry, leur fils, qui est sur le pavé ⚫ devant le grand hôtel, est bien plus ancienne (2). sulle

Les citations que je viens de faire présentent ce qui reste de plus authentique sur Girart de Roussillon. Qu'il ait existé sous Charles-Martel ou sous Charles-le-Chauve, il est certain qu'il lutta contre le souverain de la France, sur les limites de la Champagne et de la Bourgogne; et que dans ces deux provin ces il laissa des pieux témoigagnes de son passage sur la terre. C'est aussi dans cette partie de la France que les poètes, même provençaux, ont placé le théâtre de ses principaux combats. Par malheur le manuscrit le plus ancien que nous conservions de sa chanson de geste, ne remonte pas au delà de la fin du XIIIe siècle et est écrit en dialecte provençal. M. Fauriel en a donné une excellente analyse (3), on peut la consulter. D'ailleurs le nom de quelques villes méridionales introduit dans le cours du récit ne suffit pas pour obscurcir le caractère général de la composition. Girart, même d'après le texte conservé, n'est pas un héros provençal, languedocien ou gascon; c'est un Franc de France, un baron, un comte du palais de nos rois, auquel est échu, soit par héritage, soit par concession royale, le gouvernement d'une partie de la Bourgogne. Son père Dreux ou Drogon va en Espagne pour combattre les Sarrasins, comme le faisoient volontiers tant de puissans barons du nord, avant l'ouverture des croisades d'outre-mer; on ne sauroit donc en rien conclure en faveur de l'origine aquitanique de Girart.

(1) La fondation de Vezelay par le comte Girart est constatée par un diplôme de Karolus rex, transcrit, d'après une copie de l'abbaye de SaintGermain, pas dom Bouquet, parmi les diplômes de Charles-le-Chauve.

(2) Les deux voyageurs rapportent cette inscription qui semble en effet rappeler parfaitement l'écriture et le style du IXe siècle.

(5) Revue des Deux Mondes. Année 1852, t. VIII, pages 237 et suiv.

Même dans le texte provençal, le château de Rossillon auquel Girart, fils de Drogon, devoit son surnom, ce château est situé au dessus de Châtillon-sur-Seine, en Champagne, et la bataille de Val-Beton, fameuse dans toute la poésie épique du moyen-âge, comme chez les Grecs celle de Salamine, et celle de Cannes chez les Romains, cette bataille se donne sur les bords de la Cure, entre Vezelai et Pierre-Perthuis (1). Si tout cela étoit le produit de l'imagination méridionale, comment expliquera-t-on le choix des lieux? Mais au contraire, admettez que le fond du récit n'ait pas été inventé, qu'il se rapporte aux guerres des rois de France contre leurs comtes, et au siége soutenu par Girart, vous comprendrez facilement qu'en passant sous le joug des arrangeurs de la Provence, le nom de Rossillon ait été l'occasion de plusieurs additions fabuleuses et de plusieurs confusions géographiques. Ainsi le comte de Bourgogne, le fondateur de Vezelay, sera en même temps comte de Lyon et comte de Toulouse. Mais de ces dernières attributions il ne résultera pas une seule action, une seule particularité nécessaire au fond de la narration poétique.

1. Convaincu de l'origine françoise septentrionale de la chanson de geste de Girart de Roussillon, je ne désespère pas d'en reconnoître plus tard une leçon françoise plus ancienne que la leçon provençale dont il a fallu jusqu'à présent nous contenter. Parlons maintenant des rameaux secondaires de cette grande légende.

Girart de Roussillon, dans le poëme consacré à sa gloire, est fils de Drogon et frère de Doon de Nanteuil, d'Aimon de Dordon ou Dourdon, de Beuves d'Aigremont, et d'une femme qui épousa Joffroi d'Avignon, père d'Ogier surnommé le Danois. Cette généalogie n'est pas un instant mise en oubli par les nombreux rapsodes de la famille. C'est donc elle qui nous servira de guide pour distinguer les poëmes qui appartiennent au cycle de Girart de Roussillon.

Le surnom des trois frères de Girart indique autant de lieux situés dans le nord de la France. Il est vrai que les villages de

(1) Cette rivière prend au dessus de Poutières le second nom de Cure (le Core du sermonnaire).

Nanteuil et d'Aigremont se trouvent en Aquitaine aussi bien qu'en Bourgogne, en Picardie, en Ile-de-France; la rivière de Dordogne est même du domaine exclusif du midi : mais le récit ne permet pas de douter que Dordon ou Dourdon, résidence du père des quatre fils Aimon, ne soit la ville de Dourdan, dans l'Ile-de-France (1). Nanteuil-l'H'audouin ou l'Odoin semble aussi garder le souvenir d'Odoin ou Doon frère de Girart; Aigremont en Bourgogne, aujourd'hui village à cinq lieucs d'Auxerre, est parfaitement indiqué comme la résidence de Beuves. Et ne soyons pas surpris de voir ces quatre forteresses assez distantes l'une de l'autre; nous sommes toujours, dans les anciennes chansons de gestes, sous le régime de la féodalité primitive, alors que les comtes de palais devoient au roi la plupart de leurs bénéfices. L'usage, il est vrai, autorisoit déjà le transport des fiefs à l'un des fils après la mort du père; mais les autres enfans fondoient tout leur espoir de puissance féodale sur les favorables dispositions du prince, et celui-ci attendoit pour pourvoir ses leudes et ses fidèles, que la mort laissât dans ses domaines quelque terre ou forteresse en vavance. Transportez dans les siècles corlovingiens notre administration préfecturale, vous serez plus rapproché de la vérité qu'en étudiant péniblement tout ce qu'on a écrit ou professé sur la théorie féodale seulement ces préfets étoient des vice-rois viagers, qui ne renonçoient guère à leurs bénéfices sans grincer les dents, sans soutenir des siéges et livrer des batailles. De là bientôt l'abandon forcé de la disposition des fiefs, abandon qui dépouilla les Carlovingiens, pièce à pièce, de toutes leurs prérogatives, au profit de la troisième race. On comprend ainsi comment la mission politique de cette troisième race, née de la féodalité, fut de livrer aussitôt à sa mère une guerre acharnée.

:

Notre manuscrit contient trois suites de la geste Girart (1) Dans la chanson des quatre fils Aimon, quand les frères sortent de Dordon:

II trespassent le Conge, si ont France guerpie,
Parmi le Gastinois ont lor voie accoillie,
Vers Orliens sont guenchi, la grant cité garnie.

(Fo 79.)

Ce passage prouve nettement l'identité de Dourdan et Dordon.

de Roussillon, savoir: Beuve d'Aigremont, Maugis d'Aigremont, Les quatre fils Aimon. Bien que le volume.commence par Maugis, nous parlerons des autres auparavant, afin d'éviter quelques redites.

La geste de Beuve d'Aigremont a d'abord cela de particulier, qu'elle continue une chanson de Girart de Roussillon différente du texte provençal conservé. Charlemagne s'apercevant un jour de Pentecôte que le duc Beuve n'est pas venu lui faire hommage, envoie des messagers pour lui rappeler ses devoirs

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Plus haut il rappelle qu'il avoit contraint Girart à s'enfuir en Pouille (1). Or rien de pareil n'est indiqué dans les traditions conservées de Girart de Roussillon. Nous n'avons donc pas encore retrouvé toutes les parties de cette mémorable légende.

On ne peut imaginer un caractère plus violent, plus irritable que celui du duc de Beuve d'Aigremont. Il tue de sa main le premier des messagers du roi; quand le prince Lohier (2), fils de Charlemagne, est chargé d'un second message, la duchesse, en douce et prudente personne, se hasarde à donner quelques conseils à son terrible époux; elle lui rappelle la destinée de ses deux frères et leurs malheurs qu'il ne tar

(1) Si comme tout me porte à le croire, la chanson de Girart fut inspirée par le retentissement de la journée de Fontenay (841), on conçoit que la victoire ait amené la proscription de plusieurs des amis de l'empereur Lothaire. Odon, frère du comte Girart, a donc pu se voir contraint de quitter les domaines de Charles et de gagner l'Italie qui appartenoit à Lohier, dont il avoit défendu la cause.

(2) Lohier est la véritable prononciation françoise, et c'est de là qu'on a fait Loheraine ou Loraine, et non pas de Lothaire.

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