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CHOISIS

DE BOSSUET

SUIVIS

D'EXTRAITS DE SES DIVERS SERMONS,

ET PRÉCÉDÉS

DU DISCOURS PRÉLIMINAIRE

SUR LES SERMONS DÈ BOSSUET,

PAR LE CARDINAL MAURY.

HALLIDIE LIBRARY

UNIVERSITY

CALIFORNIA

PARIS,

LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES,

IMPRIMEURS DE L'institut,

RUE JACOB, 56.

1845.

BX1756

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Vous ne pouviez, monsieur, me faire un présent qui fût reçu avec plus de plaisir et de reconnaissance. Plût au ciel que la Providence m'eût enrichi de ce trésor avant cet âge d'affaiblissement et de langueur, qui me met hors d'état d'en profiter! A l'école de ce maître unique du sublime, de l'énergique, du pathétique, j'aurais appris à réfléchir, à creuser, à penser, à exprimer; et j'aurais désiré de tomber dans ces négligences de style, inséparables de l'activité, de l'impétuosité du génie. Heureux le siècle qui a produit ce prodige d'éloquence mâle, ferme, vigoureuse, que Rome et Athènes, dans leurs plus beaux jours, auraient envié à la France! Malheur au siècle qui ne saurait pas le goûter et l'admirer!

Mais y pensez-vous, monsieur? vous souhaitez que mes sermons paraissent, et vous m'envoyez Bossuet! La complaisance m'en enivrait; je travaillais à les retoucher ; j'aurais été charmé de vous les confier. J'ai lu deux ou trois sermons de Bossuet. Que mes paperasses me semblent froides et inanimées! Que je me trouve petit et rampant! Combien je sens que je ne suis rien! Cette lecture m'a passionné; elle m'a transporté jusqu'à me persuader que j'écoutais; et, revenu à moi-même, j'ai entendu la voix de ma raison me condamner au silence. Mon amour-propre a souscrit, sans murmurer, sans se plaindre. Je crois qu'avec de l'esprit, de l'étude, des efforts, on peut se permettre de marcher sur les pas de l'immortel Bourdaloue, et aspirer à lui ressembler,

BOSSUET. SERMONS.

I

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sans cependant se flatter d'atteindre à la perfection de son modèle. Mais un Bossuet, passez-moi ces expressions, il naît tout entier, il ne se forme point par des développements, par des accroissements successifs; et il y aurait presque autant de folie à entreprendre de l'imiter, que de délire à se promettre de l'égaler. Souffrez, monsieur, que je le déclare sérieusement, et très-sérieusement.

J'ai l'honneur d'être, etc.

DE NEUVILLE.

POUR SERVIR DE PRÉFACE

A LA PREMIÈRE ÉDITION

DES SERMONS DE BOSSUET'.

Cujus æmulari exoptat negligentiam,
Potius quam istorum obscuram diligentiam.
TERENT., prolog. And.

Toute l'Europe chrétienne attend avec impatience les sermons de Bossuet, annoncés au public depuis plusieurs années. On sait que ce grand homme, après avoir rempli en 1659, à l'âge de trente-deux

1 Feu Antoine Boudet achevait d'imprimer ces sermons, lorsqu'il vint m'inviter à les lire avant qu'ils fussent livrés au public, vers la fin de l'année 1771. Vivement frappé de l'enthousiasme avec lequel j'y admirais des beautés du premier ordre, il me pria, de la part de dom Deforis, bénédictin, qui en était l'éditeur, d'écrire le jugement que j'en portais, pour servir de préface à son édition. Je me chargeai avec plaisir de composer ce discours préliminaire. Dom Deforis ne put rien opposer de raisonnable à mes réclamations contre le superstitieux aveuglement avec lequel il avait copié et publié, sans discernement et sans goût, la totalité de ces sermons, où il n'y aurait eu qu'un triage et des retranchements à faire, pour les rendre dignes des autres chefs-d'œuvre de Bossuet. Mais il obligea l'imprimeur de supprimer tous les regrets que j'avais exprimés, et qui provoquèrent son humeur, naturellement trèsirascible. Je ne pus donc pas manifester alors ce que je pensais de son travail. Mais le public en a porté le même jugement que moi; et depuis, l'éditeur ne s'est nullement justifié, dans les longues préfaces dont il a surchargé plusieurs de ses volumes. Ce recueil, auquel il ne fallait pas ajouter un seul mot, n'avait besoin que d'être abrégé pour obtenir le plus grand succès. Il aurait réuni tous les suffrages, si l'on eût imprimé, en y faisant peut-être quelques légères suppressions qu'un meilleur goût eùt indiquées à l'éditeur, tous les sermons où l'on reconnait Bossuet d'un bout à l'autre ; si l'on se fût borné à conserver les parties admirables de plusieurs discours qui n'ont de bossuétique qu'un point, un exorde, une péroraison; enfin si l'on eùt réuni, sous le titre de Réflexions morales, une collection des belles pensées ou des traits heureux qu'on trouve dans quelques-uns de ces sermons, dont l'ensemble ne peut rien ajouter à la gloire d'un si grand orateur.

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