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>> thage: c'est un soin dont je puis sans crainte me reposer sur » mon collégue; et si, lorsqu'Annibal, vainqueur, parcourait » l'Italie comme un pays de conquête, vous avez pu, vous, Fa>> bius, arrêter le cours de ses victoires, ne faites pas au brave Li» cinius l'affront de soutenir qu'il est incapable de marcher sur » vos traces, aujourd'hui que ce même Annibal, ébranlé par » tant de revers, est sur le point de succomber; lui, d'ailleurs, à qui la crainte seule de priver nos temples de la présence du » souverain pontife, n'a pas permis de tirer au sort une pro» vince si éloignée. Et certes, quand le moyen que je propose ne » serait pas le plus propre à terminer promptement cette guerre, » il est de la dignité du peuple romain, et de son honneur au» près des rois et des nations étrangères, de prouver qu'il a >> assez de courage, et pour défendre l'Italie, et pour aller atta» quer l'Afrique. Gardons nous de laisser croire, de laisser » accréditer l'opinion qu'aucun de nos, généraux n'ose former » une entreprise pareille à celle d'Annibal! Quelle honte pour dans la première guerre punique qui n'avait pour objet que la possession de la Sicile, l'Afrique ait été tant de » fois ravagée par nos flottes et par nos armées, et qu'aujour» d'hui, où il s'agit du salut de l'Italie, elle jouisse d'une tranquillité profonde ! Il est temps que la malheureuse Italie respire enfin des fléaux qui la désolent; il est temps que l'Afri» que voie à son tour le fer et le feu dévaster ses campagnes » et ses cités. Rome ne doit plus apercevoir le camp ennemi » du haut de ses remparts. C'est à Carthage à trembler à la » vue de nos légions conjurées pour sa ruine; c'est à l'Afri» que à devenir désormais le théâtre de la guerre. Rendons» lui tous les maux qu'elle nous a faits, la terreur, la fuite, le » ravage des campagnes, la défection des alliés, toutes les ca

>> nous que,

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» vavit, sic et ego contrà gloriam ejus eludere, et » meam verbis extollere velim., Neutrum faciam; » Patres Conscripti, et si ullâ aliâ re (71), modestiâ » certè, et temperando linguæ, adolescens senem » vicero. Ita et vixi et res gessi, ut tacitus eâ opi» nione, quam vestrâ sponte conceptam animis ha» beretis, facilè contentus essem. »

XLV. Minus æquis animis auditus est Scipio quia vulgatum erat, si apud senatum non obtinuisset, ut provincia Africa sibi decerneretur, ad populum extemplo laturum: itaque Q. Fulvius, qui consul quater et censor fuerat, postulavit à consule, ut palam in senatu diceret, « Permitteretne Patribus. » ut de provinciis decernerent, staturusque eo esset » quod censuissent, an ad populum laturus? » Cùm Scipio respondisset, se quod è republicâ esset, facturum; tum Fulvius, « Non ego ignarus, quid respon» surus facturusve esses, quæsivi, quippe cùm præ » te feras tentare magis, quàm consulere senatum, » et, ni provinciam tibi quam voluėris, extemplo » decernamus, paratam rogationem habeas. Itaque » à vobis, tribuni plebis, postulo, inquit, ut senten» tiam mihi ideo non dicenti, quòd, etsi in meam » sententiam discedatur, non sit ratum habiturus » consul, auxilio sitis. » Inde altercatio orta, cùm

» lamités enfin qui depuis quatorze ans fondent sur nos têtes. » Voilà ce que j'avais à dire des intérêts de la république en

général, de la guerre que nous avons à soutenir, et des pro» vinces dont il est question. Je m'écarterais de mon sujet, si, » à l'exemple de Fabius qui a rabaissé mes succès en Espa»gne, je prenais à tâche d'obscurcir sa gloire et d'exagérer la » mienne. J'éviterai l'un et l'autre écueil, sénateurs; et tout » jeune que je suis, au défaut d'autre supériorité, j'aurai, dų » moins sur un homme de son âge, celle de la retenue et de la » modération. Ma conduite jusqu'ici a dû prouver que j'ai » cherché par mes actions, plutôt que par mes paroles, à méri» ter l'estime de mes concitoyens, et je me repose avec con» fiance sur celle qu'elle a pu vous inspirer.

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XLV. Scipion fut écouté avec quelque défaveur, parce que le bruit s'était répandu que, s'il n'obtenait pas du sénat le département de l'Afrique, il comptait le solliciter auprès du peuple. Aussi Q. Fulvius, qui avait été quatre fois consul et censeur, le somma de déclarer en plein sénat « s'il laisserait la répartition des provinces à la décision de la compagnie, sil s'en tiendrait à son avis, ou s'il porterait l'affaire au tribunal du peuple. » Sur la réponse de Scipion, qu'il ferait ce qu'il croirait dans l'intérêt de l'état : « Avant de vous interpeller, re

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prit Fulvius, je savais d'avance et votre réponse et le parti que vous comptiez prendre. Comment s'y tromper, lorsque vous ne dissimulez pas vous-même que vous avez >> voulu sonder et non pas consulter le sénat; et qu'à notre re» fus de vous accorder la province que voux exigez impés »rieusement, vous avez une pétition toute prête à porter de» vant le peuple? Ainsi, tribuns, je vous prie d'appuyer de » votre secours le refus que je fais de dire mon avis, puisque, » quand même il aurait la majorité, le consul est décidé à ne

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consul negaret, æquum esse tribunos intercedere, quominus suo quisque loco senator rogatus sententiam diceret. Tribuni ita decreverunt : « Si consul » senatui de provinciis permittit, stari eo quod sena»tus censuerit, placet, nec de eâ re ferri ad popu»lum patiemur: si non permittit, qui de eâ re sen» tentiam recusabit dicere, auxilio erimus. » Consul diem ad colloquendum cum collegâ petiit. Postero die permissum senatui est. Provinciæ ita decretæ : alteri consuli Sicilia, et triginta rostràtæ naves, quas C. Servilius superiore anno habuisset; permissumque ut in Africam, si id è republicâ esse censeret, trajiceret: alteri Bruttii et bellum cum Hannibale, cum eo exercitu, quem L. Veturius, aut Q. Caecilius hi et sortirentur inter se, compararentve uter in Bruttiis duabus legionibus, quas consul reliquisset, rem gereret: imperiumque in annum prorogaretur, cui ea provincia evenisset. Et ceteris, præter consules prætoresque, qui exercitibus provinciisque præfuturi erant, prorogata imperia. Q. Cæcilio sorte evenit, ut cum consule in Bruttiis adversùs Hannibalem bellum gereret. Ludi deinde Scipionis, magnâ frequentiâ et favore spectantium, celebrati. Legati Delphos ad donum ex prædâ Asdrubalis portandum missi, M. Pomponius Matho, et Q. Catius, tulerunt coronam auream cc. pondo, et simulacra spoliorum ex mille pondo argenti facta. Scipio cùm, ut delectum haberet, neque impetrasset (72), neque magnopere tetendisset, ut voluntarios ducere sibi

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pas s'y conformer. » Cette proposition donna lieu à des débats, Scipion prétendant que les tribuns n'avaient pas le droit d'autoriser un sénateur à refuser de dire son opinion, lorsque le consul la lui demandait à son tour. Les tribuns décidèrent ainsi la question : « Si le consul s'en rapporte au » sénat pour la destination des provinces, notre avis est qu'on » s'en tienne à la décision de cette compagnie, et nous ne » permettrons pas que l'affaire soit portée devant le peuple: » s'il refuse de s'y soumettre, nous sommes prêts à soutenir » ceux qui refuseront de dire leur sentiment. » Le consul demanda un jour pour conférer avec son collégue. Le lendemain, il remit au sénat la disposition de l'affaire. Telle fut la répartition des provinces. Scipion eut la Sicile avec les trente galères qui, l'année précédente, avaient été sous les ordres de C. Servilius, et on lui permit de passer en Afrique, s'il le jugeait nécessaire pour l'intérêt de l'état. Licinius eut l'Abruzze et la conduite de la guerre contre Annibal, avec l'armée de L. Véturius et de Q. Cécilius. Ces deux derniers devaient tirer au sort, ou convenir entre eux, qui prendrait le commandement des deux légions que le consul laissait dans l'Abruzze; en sorte que celui à qui ce partage serait échu, conserverait ses pouvoirs durant un an. On prorogea aussi l'autorité de tous les autres généraux qui devaient commander les armées et les provinces. Ce fut à Q. Cécilius que le sort confia le soin de seconder le consul dans ses opérations contre Annibal; ensuite, les jeux voués par Scipion furent célébrés avec autant d'affluence que de faveur pour celui qui les donnait. M. Pomponius Mathon et Q. Catius, envoyés en ambassade à Delphes pour offrir au dieu une portion du butin fait sur Asdrubal, y portèrent une couronne d'or du poids de deux cents livres et

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