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Défaite des

tre. Mais le Général Romain tint les fiens dans fes lignes pendant quatre jours entiers, fans que les Efpagnols abandonnaffent leur pofte. Les Celtiberiens voyant que l'ennemi n'acceptoit point la bataille, rentrerent aussi dans leur camp, & s'y tinrent en repos. Leur cavalerie paroiffoit feulement de tems à autre fous les armes pour recevoir les Romains, en cas qu'ils fe prefentaffent. Les deux partis alloient chercher du bois & du fourrage dans le voisinage, fans s'incommoder.

Flaccus voyant que la tranquillité Celtiberiens, qu'il avoit affecté de garder pendant plufieurs jours, avoit perfuadé aux ennemis qu'il vouloit abfolument fe tenir fur la défenfive, ordonna à L. Acilius de faire le tour de la montagne que les ennemis avoient derriere eux, avec l'aîle gauche des Latins, & fix mille hommes des troupes auxiliaires de la Province; & de venir fondre far leur camp, dès qu'il entendroit les cris qu'il lui donna pour fignal. Acilius partit de nuit avec fon monde pour dérober fa marche aux ennemis. Le lendemain auffi-tôt que le jour parut, le Préteur envoya C. Scribonius Préfer

des Alliés avec les cavaliers * extraor dinaires de l'aîle gauche caracoller juf qu'aux portes du camp des Celtibe riens. Ceux-ci les voyant approcher plus près & en plus grand nombre que de coutume, firent fortir toute leur ca valerie, & donnerent en même-tems le fignal à leur infanterie d'en faire autant. Scribonius executa les ordres de fon Général. Dès qu'il entendit le frémiffe ment des chevaux, il tourna le dos & regagna le camp. Cette crainte apparente fit que les ennemis le pourfuivirent avec encore plus de chaleur, d'abord avec la cavalerie, puis avec l'infanterie, ne doutant nullement que ce jour-là ils ne forçaffent le camp du Préteur. Ils n'étoient plus éloignés de fon rempart que d'environ cinq cens pas, lorfque Flaccus les jugeant affez éloignés de leur camp, pour être hors d'é tat de le défendre, rangea les fiens en bataille dans fes retranchemens ; & fortit fur eux par trois endroits en même-tems ordonnant aux Soldats de pouffer de grands cris, non-feulement pour s'animer davantage à combattre,

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On a déja dit que ces Soldats extraordinaires étoient des efcadrons ou cohortes compofees de ceur qu'on tiroit des Légions des Alliés appellées Ales

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mais encore pour avertir ceux qui é toient fur les montagnes, qu'il étoit tems qu'ils fondiffent, comme on Is leur avoit ordonné, fur le camp des Celtiberiens où il n'étoit pas refté plus de cinq cens hommes; ce qu'ils execu terent dans le même moment. Les Cel-' tiberiens qui ne s'attendoient à rien moins que d'être attaqués, effrayés d'ailleurs de leur petit nombre, & de la multitude des ennemis, ne firent aucune réfiftance, & livrerent leur camp à Acilius qui y fit auffi tôt mettre le feu, furtout à la partie qui étoit expofée à la vûë des combattans.

Ceux des Celtiberiens qui étoient rangés les derniers dans la bataille, apperçûrent les premiers la flamme qui confumoit leur camp, & firent bientôt paffer dans le refte de l'armée, la nouvelle de fa prife & de fon incendie. Ce bruit releva autant le courage des Ro mains, qu'il abattit celui des ennemis. Les premiers entendoient déja les cris de leurs compagnons vainqueurs, & voyoient le feu qu'ils avoient allumé dans le camp des Efpagnols. Les Cel tiberiens, après avoir hésité un moment fur le parti qu'ils avoient à prendre, voyant que s'ils étoient vaincus.

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ils n'avoient point de retraite, & que leur falut dépendoit uniquement de leur victoire, recommencerent à combattre avec plus d'opiniâtreté qu'au'paravant. Leur corps de bataille étoit preflé vigoureufement par la cinquiéme Légion. C'eft ce qui les obligea d'aller attaquer l'aile gauche des Romains, où ils remarquoient que Flaccus avoit rangé les troupes auxiliaires des Efpagnols de qui ils efperoient avoir meilleur marché. En effet, elle. étoit fur le point de plier, lorfque la feptiéme Légion accourut à fon fecours; alors ceux qu'on avoit laiffés dans Ebora, en fortirent & vinrent fondre fur les Efpagnols dans la plus grande ardeur du combat ; & en même-tems Acilius vint prendre l'ennemi par derriere. Ainfi les Celtiberiens furent long-tems taillés en piéces par les ennemis qui les avoient inveftis de toutes parts. Ceux qui pûrent échapper s'enfuirent, les uns d'un côté, les autres d'un autre. La cavalerie qui fe partagea pour les pourfuivre en fit un grand carnage. Il en fut tué ce jour-là vingt-trois mille : il en fut pris quatre mille huit cens avec plus de cinq cens chevaux, & quatre-vingt-dix-huit éten

Prife de

dards. La victoire fut grande, mais elle
coûta un peu cher. Les Romains per-
dirent plus de deux cens Soldats des
deux Légions; huit cens trente Latins,
& deux mille quatre cens hommes des
troupes auxiliaires d'étrangers. Le Pré-
teur fit rentrer l'armée victorieufe dans
fon
camp. Acilius eût ordre de refter
dans celui des ennemis dont il s'étoit
rendu maître. Le lendemain fut em-
ployé à ramaffer les dépouilles dés
vaincus : & le Général récompenfa en
pleine Affemblée par des dons militai-
res, ceux qui s'étoient diftingués dans
la bataille par leur valeur.

Le Préteur ayant fait transporter fés bleffés dans Ebora, traverfa la Carpetanie,& mena fes Légións à Contrebie. Cette Ville fe voyant inveftie, envoya Contrebie. demander du fecours aux Celtiberiens. Mais comme ils tardoient trop à venir étant arrêtés malgré leur bonne volonté par les pluyes continuelles qui rendoient les chemins impraticables, & par les débordemens des rivieres, les Alliégés defefperant de réfifter feuls aux efforts des Romains, prirent le parti de fe rendre. Flaccus lui-même fit entrer les troupes dans la Ville pour les dérober aux orages affreux

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