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On établit cette année la Colonie de Gravifca dans un territoire de Tofcane qui avoit été pris autrefois fur les Tarquiniens. On donna à chacun de ceux qui la compoferent cinq arpens de terre. Les Triomvirs qu'on chargea de cet établissement furent C. Calpurnius Pi fon, P. Claudius Pulcher, & C. Te rentius Iftra. Cette année fut remar-quable par la féchereffe extraordinaire, & la difette de grains qui en fut la fuite. On dit que pendant fix mois il ne tomba pas une goutte de pluye. Cette Le corps de même année des Laboureurs qui tra- dans la terre vailloient au-deffous du Janicule, dans avec fes-Lile champ de L. Petilius l'un des Gref. vres. fiers de la Ville, ayant enfoncé le foc de la charrue un peu plus avant qu' l'ordinaire, découvrirent deux coffres de pierre longs de huit pieds & larges de quatre, dont les couvercles étoient fcellés avec du plomb. Il y avoit fur l'un & l'autre des infcriptions Grec ques & Latines qui témoignoient que dans l'un étoit le corps de Numa Pompilius, fils de Pompo, & Roi des Ro mains, & dans l'autre les Livres de ce même Roi. Le maître de la terre ayant ouvert ces coffres par le confeil de fes amis trouva celui que l'infeription

:

déclaroit renfermer le corps de Numa, abfolument vuide, fans aucun veftige de corps humain, le tems ayant apparemment confumé les os & jufqu'à la pouffiere en laquelle le corps avoit été réduit. Dans l'autre étoient deux pacquets fifcellés & enduits de poix, qui contenoient chacun fept volumes,nonfeulement entiers,mais qui paroiffoient encore neufs. Les fept volumes Latins traitoient du droit des Pontifes & des Loix de la Religion. Les fept Grecs de la Philofophie telle qu'elle étoit dans des tems fi reculés. Valerius Antias ajoûte que c'étoient les maximes & les fentimens de Pythagore, fuivant l'opinion commune, mais fauffe, de

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des Livres de papier, avec quelque foin qu'on les cûr gardés, pouvoient-ils paroître encore neufs ? Outre qu'on affûre que le papier n'a été en ufage que trois fiecles après Numa. Enfin doit-on préfumer que la langue Grecque fut déja fi fort connue à Rome fous le regne de ce Prince? Tout ceci pourroit bien être de l'invention de quelque Titrier du fixieme iecle de Rome fauf le respect qui eft da aux Auteurs célébres qui ont rapporté le même fair

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Ceux qui affûrent que Numa avoit été difciple de ce Philofophe. Ces Livres furent lûs d'abord par Petilius & ceux de fes amis qui fe trouverent avec lui dans le tems de cette découverte. Bientôt après le bruit s'en étant répan'du par un grand nombre de gens qui les lûrent après eux, Q. Petilius Préteur eût auffi la curiofité de les lire, & des demanda à L. Petilius, dont il étoit connu & confideré, parce que c'étoit lui qui étant Quefteur, l'avoit nommé Greffier, & l'avoit incorporé dans une des Décuries de ces Officiers fubalternes. Lorsqu'il les eût parcourus, s'apperçevant que la plupart des dogmes qui y étoient contenus, tendoient à détruire l'ancienne Religion des Romains, il dit à L. Petilius qu'il étoit d'avis de brûler ces Livres: mais qu'auparavant il lui laiffoit fa liberté de les revendiquer, s'il avoit envie, ou qu'il crût être en droit de le faire. Qu'il ne vouloit rien faire que de fon confentement ; & qu'il accordoit cette complaifance à l'amitié qui étoit entre eux. Le Greffier en parla aux Tribuns du Peuple, qui renvoyerent la connoiffance du tout au Sénat. Le Préteur dit qu'il étoit prêt de faire ferment que la

tendus de Numa

lecture & la confervation de ces Livres: ne pouvoit être que pernicieufe à la Religion & à la Republique. Là deflus le Sénat décida qu'on devoit fe conten-ter de l'offre que le Préteur avoit faite : On brûle les de jurer; & ordonna qu'au premier Livres pré- jour ces Livres feroient brûlés dans la Place où fe tenoient les Affemblées; & qu'on payeroit au Greffier la fomme que le Préteur Q. Petilius & lá plus grande partie des Tribuns fixeroient pour le prix de ces ouvrages. Le Greffier fut affez généreux pour refufer cet argent. Les Livres furent brûlés dans la Place ci-deffus défignée en prefence du Peuple Romain, dans un feu qui fut allumé par les Prêtres dont le miniftere étoit d'égorger les victimes. Guerre dans Il s'éleva cette année une GuerrePEfpagne ci- confidérable dans l'Espagne citérieure. Les Celtiberiens avoient fait prendre: les armes à trente-cinq mille hommes,. ce qui n'étoit point encore arrivé. Q. Fulvius Flaccus qui commandoit alors dans cette Province, n'eût pas plûtôt appris que les Celtiberiens armoient: leur jeuneffe, qu'il mit fur pied le plus grand nombre qu'il pût de troupes au-xiliaires des Alliés; mais il s'en falloit Bien que 1 fes troupes n'égalaffent celles

térieure.

des ennemis. Dès le commencement du Printems il mena fon armée dans la Carpetanie, & campa près d'Ebora, -après avoir jetté une legere Garnifon dans cette Ville. Peu de jours après les Celtiberiens fe camperent au-deffous d'une colline à deux mille de la Ville. Le Préteur les fçachant fi près de lui, envoya fon frere M. Eulvius avec deux efcadrons des Alliés, pour examiner quels étoient leur mouvemens, lui ordonnant d'approcher de leurs retranchemens le plus qu'il pourroit fans fecommettre, & après en avoir reconnu l'étendue, de fe retirer, s'il voyoit qu'ils fiffent fortir leur cavalerie con-tre lui. Il obéit ponctuellement. Pendant plufieurs jours le Préteur fe con tenta de faire paroître ces deux efcadrons qui fe retiroient dès que la cava lerie des ennemis faifoit mine de les vouloir attaquer. A la fin les Celtiber riens fortirent tous ensemble de leurs retranchemens infanterie & cavalerie & fe rangerent en bataille dans l'efpace qui reftoit entre les deux camps. C'ér toit une plaine affez. unie & propre à donner bataille. Les Efpagnols y der meurerent de pied ferme, attendant: que l'ennemi fe mit en état de combat

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