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L'ayant obligé de quitter la table, il fe retira dans fon appartement, où la violence de la douleur lui arracha les exécrations qu'il prononça contre la cruauté de fon pere, le parricide de Perfée, & la perfidie de Didas. Mais deux fcélérats, dont l'un s'appelloit. Thyrfis de la Ville de Stubera & l'autre Alexander de celle de Berée ayant été introduits dans fa chambre, envelopperent fa tête de plufieurs tapis, & par-là lui ôterent la refpiration meurt de pois & la vie. C'est ainfi que périt ce Prince innocent, la cruauté de fes ennemis n'ayant pû être affouvie par un seul genre de mort.

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Demetrius

fon.

poż

Pendant que ces chofes fe paffoient Nouvelles dans la Macedoine, L. Emilius Paulus expeditions en Liguric. à qui on avoit continué le commandement après fon Confulat, ne vit pas plûtôt le retour du Printems, qu'il fit paffer fon armée dans le païs des Liguriens Ingaunes. Si tôt que les ennemis le virent campé fur leurs terres, ils lui envoyerent des Ambaffadeurs en apparence pour lui demander la paix ; mais en effet pour reconnoître fes forces & fes mouvemens. Emilius ayant refufé d'entendre à aucun accommodement, que premierement ils ne fe fuffent ren

dus, ils parurent difpofés à fe foûmettre, mais demanderent du tems pour faire entrer dans les mêmes difpofitions une Nation, difoient-ils, indocile & barbare. Le Proconful leur accorda une tréve de dix jours, à laquelle ils le prierent d'ajoûter une autre grace ; c'étoit qu'il n'envoyât point fes Soldats chercher du bois & des fourrages audelà des montagnes voisines; que c'étoit le feul canton de leur contrée qui fût cultivé. Dès qu'ils eurent obtenu ce point, ils affemblerent toutes leurs troupes au-delà de ces mêmes montagnes d'où ils avoient pris la précaution d'éloigner les Romains, & de-là vinrent avec une multitude infinie de Soldats, fondre fur le camp du Proconful, & l'attaquerent en même-tems par toutes les portes. Ils continuerent cet affaut pendant tout le jour avec tant de vigueur, qu'ils ne laifferent aux Romains ni le tems de fe mettre fous les armes, ni l'efpace dont ils avoient befoin pour étendre leurs Légions. Ils s'amafferent tous autour des portes où ils arrêtoient l'ennemi, moins en combattant, qu'en les lui fermant avec leurs corps. Après le coucher du Soleil lorfque les ennemis fe furent retirés

Emilius

Emilius envoya deux cavaliers à Pifes avec des Lettres adreffées au Proconful Cn. Bebius , par lefquelles il le prioit de venir le délivrer des embuches dans lefquelles les ennemis l'avoient furpris à l'occafion d'une tréve. Mais Bebius avoit donné les troupes à M. Pinarius, pour les tranfporter en Sicile dont il étoit Préteur. Tout ce qu'il pût faire fut d'écrire au Sénat pour lui apprendre le péril d'Emilius & de fon armée, & à M. Marcellus dont le département étoit le plus voifin, de paffer, s'il le jugeoit à propos, de la Gaule dans la Ligurie, pour délivrer les Légions Romaines que les ennemis y tenoient affiégées. Mais ces fecours ne pouvoient arriver affez tôt. Car dès le lendemain les Liguriens revinrent à la charge. Emilius qui l'avoit prévû, eût bien pû ranger fes troupes en bataille pendant l'abfence des ennemis. Mais il crût qu'il valloit mieux tenir les Soldats renfermés dans fes retranchemens, & traîner les chofes en longueur, jufqu'à ce que Bebius pût arriver de Pifes avec fes troupes.

Les Lettres de Bebius cauferent une confternation dans la Ville d'autant plus grande, que quelques jours après Tome 11. Ec

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Marcellus ayant confié à Fabius le commandement de fon armée, arriva à Rome & ôta au Sénat l'efperance qu'il avoit conçue que les troupes de Gaule pafferoient dans la Ligurie; que Fabius les avoit menées contre les Iftriens qui s'oppofoient à l'établissement de la Colonie d'Aquilée ; & qu'il ne pouvoit pas abandonner cette Guerre, l'ayant une fois commencée. D'ailleurs que pour peu que les Confuls fe hâtaffent de partir pour leurs Provinces ils arriveroient dans la Ligurie avant que Fabius pût y conduire le fecours qu'on attendoit de lui. Alors tous les Sénateurs à l'envi s'écrierent que c'étoit ce que devoient faire les Confuls. Mais ces Magiftrats déclarerent qu'ils ne partiroient point qu'ils n'euffent fait les levées dont ils s'é-, toient chargés, & que ce qui les retardoit étoit la violence de la maladie contagieufe,& non pas leur négligence.Cependant après tout ils céderent à l'empreffement & aux inftances réitérées de tout le Sénat,fortirent de Rome revétus de leurs ornemens, & ordonnerent aux Soldats qu'ils avoient avec eux de se rendre à Pifes au jour qu'ils leur marquerent. On leur permit d'enroller en

651 chemin faifant * tous ceux qui fe prefenteroient pour fervir, & de les emmener avec eux. Les Préteurs Q. Petilius & Q. Fabius eurent auffi ordre, le premier de lever †à la hâte deux Légions de Citoyens Romains, & de faire prêter ferment à tous ceux qui seroient au-deffous de cinquante ans; le fecond de tirer des Alliés du nom Latin quinze mille hommes de pied & huit cens cavaliers. On créa Décemvirs maritimes C. Matienus & C. Lucretius, & on leur tint des Vaiffeaux tout prêts, avec ordre à Matienus qui avoit le Golphe de Gaule pour Province, de mener inceffamment fa Flotte fur les côtes de la Ligurie, afin de pouvoir fecourir dans le befoin L. Emilius & fon armée.

Emilius n'apprenant aucune nouvelle de Cn. Bebius, ciût que fes cavaliers avoient été arrêtés. Ainfi perfuadé qu'il devoit tout tenter pour se mettre en fûreté par lui-même, il n'attendit pas le retour des ennemis ; mais

* Il y a dans le Latin, fubitaries milites : c'étoient ceux que dans les occafions preffantes, on enrolloit par tout où on les trouvoit.

Le texte porte, tumultuarias legiones. C'étoient celles qu'on levoit extraordinairement & fans recevoir aucune excufe.

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