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feil, offrit un facrifice à ces divinités puis defcendit en deux jours du lieu où il étoit monté en trois, craignant plus que tout le refte, le froid de la nuit, qui, au lever de la canicule, n'est pas moins picquant qu'en hyver. Après avoir effuyé bien des défagrémens dans cette expédition, il en rencontra de nouveaux dans fon camp où les Soldats fouffroient une extrême difette, comme il ne pouvoit manquer d'arriver dans un lieu entouré de deferts de tous côtés. C'est pourquoi y ayant féjourné un jour feulement pour fe délaffer lui & les compagnons de fon voyage, il décampa comme en fuyant, & paffa au plus vite chez les Dantheletes. Ils étoient fes Alliés : mais les Macédoniens, à caufe de la faim qui les preffoit, les pillerent comme ils auroient fait leurs ennemis. Ils enleverent d'abord tout ce qu'ils trouverent dans les maifons de la campagne puis enfin entrerent dans les Bourgs qu'ils ravagerent impitoyablement, à la honte du Roi Philippe. Car il entendoit lui-même les cris des Peuples qui imploroient en vain fa justice & fa bonne foi, & prenoient à témoins de ces hoftilités les Dieux qui l'avoient été du traité

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d'alliance qu'ils avoient fait avec lui. Ayant enlevé de ce païs les bleds dont il avoit befoin, il retourna dans la Médique où il affiégea la Ville de Petra. Il l'attaqua du côté de la plaine avec une partie de fon armée, & ordonna à Perfée de faire un circuit avec un autre corps de troupes & de lui donner Faffaut de deffus les hauteurs qui la dominoient. Les Affiégés fe voyant preffés de toutes parts, fe rendirent au Roi & lui donnerent des ôtages. Mais il ne fe fut pas plûtôt retiré avec fes troupes, que fans fe mettre en peine de ceux qu'ils lui avoient livrés, ils abandonnerent leur Ville, & fe retirerent fur les montagnes & autres lieux -de fûreté. Philippe, après avoir fatigué fes Soldats par divers travaux dont il ne tira aucun fruit, s'en retourna dans la Macedoine avec des foupçons contre fon fils Démetrius que la fraude & la malice du Préteur Didas avoient encore envenimés.

Envoyé, comme on a dit ci-deffus, pour l'efcorter jufque dans la Macedoine, il abufa de la fimplicité & de la franchife de ce jeune Prince irrité contre les fiens, & peu attentif à cacher fa jufte indignation. A force de flatter fa

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douleur, de lui témoigner la part qu'il y prenoit, & de lui offrir fes fervices fans réserve, ce traître pénétra jufqu'au fond de fon ame fur la parole

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qu'il lui donna de lui être fidéle. Il Demetrius avoit deffein de fe réfugier à Rome; médite de fe & il regardoit comme un effet de la réfugier à Rome. bonté des Dieux, l'amitié que venoit de lui jurer le Préteur de la Péonie efperant avec fon fecours paffer par fa Province & éviter les embuches de fes ennemis. Didas découvrit auffi-tôt ce projet à Perfée, qui eût foin que fon pere en fut informé. Il étoit encore occupé au fiége de Petra, lorfqu'il en eût la premiere nouvelle par des Lettres, fur la foi defquelles Herodorus le plus confidérable des amis de Démetrius, fut arrêté & mis en prifon, & Démetrius lui-même gardé à vûë par des gens qui avoient ordre de lui cacher la défiance qu'on avoit de lui. Voilà ce qui troubla la joye qu'auroit eûë le Roi en toute autre occafion, de retourner dans fon Royaume. Mais quelque irrité qu'il fut des entreprises dont on accufoit fon fils, il crut cependant devoir attendre , pour prendre fon parti le retour de ceux qu'il avoit envoyés à Rome pour s'informer

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de fes intrigues fecrettes. Après qu'il eût paffé plufieurs mois dans ces inquiétudes, enfin les députés arriverent avec la réponse qu'ils avoient eu tout le tems de préparer. Entre les autres calomnies qu'ils avoient imaginées pour noircir Démetrius, ils rendirent à Philippe des Lettres fuppofées où ils avoient appofé un cachet qu'ils donnoient pour celui de T. Quintius. Elles contenoient des prieres que ce Romain paroiffoit employer pour obtenir du Roi qu'il pardonnât à la jeunesse de fon fils, les démarches que le defir de regner pouvoit lui avoir fait faire à Rome il l'affûroit au furplus qu'il n'attenteroit à la vie d'aucun des fiens; & que pour lui il étoit d'un caractere à ne devoir pas être foupçonné de donner à perfonne aucun confeil impie. Il n'en fallut pas davantage pour perfuader à Philippe que fon fils étoit criminel. C'eft pourquoi on mit fur le champ Herodorus à la queftion ; & cet infortuné, après avoir long-tems fouffert les tourmens les plus cruels, mourut fans rien déclarer qui chargeât Démetrius. Perfée accufa une feconde fois Dé- Nouvelle a metrius devant le Roi. Il lui objectoit cufation de les mesures qu'il avoit prifes pour le fon frere.

Perfée contre

fauver par la Péonie, & pour emme ner avec lui ceux des Macedoniens qu'il avoit corrompus. Les fauffes Lettres de Quintius étoient ce qui le chargeoit davantage. Cependant Philippe ne le condamna pas publiquement à la mort. Son deffein étoit d'employer la fraude pour le faire périr; non qu'il craignit rien de lui perfonnellement mais pour ne point découvrir par fon fupplice les deffeins qu'il avoit formés contre les Romains. S'étant mis en chemin pour aller de Theffalonique à Démetriade, il envoya Démetrius à Aftrée Ville de Péonie, ordonnant au même Didas de l'accompagner ; & Perfée à Amphipolis, pour recevoir les ôtages des Thraces. Quelques-uns affûrent qu'il chargea Didas, lorfqu'il prit congé de lui, de le défaire de fon fils. Ce perfide fit faire les préparatifs d'un facrifice ou déja inftitué, ou de fon invention ; & invita Démetrius à venir d'Aftrée à Heraclée, pour y af fifter, auffi-bien qu'au festin dont il devoit être fuivi. On dit que ce fut dans ce repas qu'on lui donna du poifon. Dès qu'il eût avalé la coupe fatale, il en fentit l'effet : & les tourmens dont il fut déchiré un moment après,

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