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d'ouvertures, afin de courir fur les Romains par un plus grand nombre d'endroits en même tems. Les premiers jours du fiége, & dans le tems qu'ils avoient encore toutes leurs forces, ils. repoufferent les efforts des Romains avec beaucoup de vigueur & de courage. Mais comme il n'y avoit point de jour qu'ils ne perdiffent du monde leur défense se rallentit infenfiblement. Car de tous les maux qui les preffoient à la fois, le plus infupportable étoit la néceffité où les mit leur petit nombre d'être toujours fur pié, fans. reprendre haleine, ni le jour ni la nuit pendant vingt-quatre jours entiers qu'ils firent face contre un ennemi qui attaquoit la Place par quatre côtés en même tems au lieu que les Romains étoient en état par leur multitude de partager entre eux les heures du travail & du repos. Quand le Conful jugea par la durée du fiége, & qu'il fçur par le rapport même des transfuges, les Etoliens commençoient à perdre courage, voici comme il s'y prit pour achever de les matter. Il fit fonner la retraite à minuit, & retirant tous fes foldats du travail, il les tint en repos dans le camp jufqu'à neuf heures

que

du matin. Enfuite l'attaque recommença; & ayant été continuée jufqu'à minuit, fut interrompuë, comme la veille jufqu'à neuf heures. Cette manœuvre qui dura plufieurs jours, fit croire aux Etoliens que c'étoit la laffitude & l'épuifement qui obligeoit les Romains d'interrompre des travaux dont ils fentoient eux-mêmes tout le poids. Ainfi ils n'entendoient pas plutôt fonner la retraite dans leur camp, que prenant ce fignal pour eux-mêmes, ils fortoient tous de leurs poftes pour aller fe repofer, & ne fe remontroient fur les murailles avec leurs armes, que le lendemain fur les neuf heures.

Enfin le Conful à fon ordinaire fit ceffer l'attaque à minuit; mais dès la quatriéme veille il la fit reprendre à trois endroits avec plus de vigueur que jamais; ayant ordonné à Ti. Sempronius de demeurer en repos dans fa partie, & de tenir feulement fes Soldats fous les armes, en attendant qu'on leur donnât le fignal. Car il étoit perfuadé que dans le tumulte de la nuit, les ennemis ne manqueroient pas de courir où les cris des affiégeans les appelleroient. En effet ceux des Etoliens qui veillent encore, courent au plus

vîte où ils entendent le bruit des com→ battans, tandis que les autres arrachent. à peine au fommeil leurs membres accablés de fatigues & de veilles. Cependant les Romains s'efforcent, les uns d'entrer dans la Place par les breches, d'autres d'efcalader les murailles qui font encore debout. Les Etoliens de leur côté fe raffemblent tous pour défendre les parties de la Ville qui font menacées. A l'égard de celle qui eft hors des murailles, ceux qui la doivent attaquer n'attendent que le fignal, au lieu que perfonne ne fonge à la défendre. Le jour commençoit à paroître, lorfque Sempronius, au fignal que lui donna le Conful, ordonna à fes. Soldats d'attaquer. Alors fans trouver aucune réfiftance, les uns entrent par breches les autres gagnent avec leurs échelles le haut des murs qui fubfiftoient encore. Dès que les Etoliens jugerent par les cris qu'ils entendoient que la Ville étoit prife, ils abandonnerent tous leurs poftes, & fe refugierent dans la Citadelle. Le Conful permit aux Soldats de piller Heraclée, non pas tant par un mouvement de colere & de haine, que pour leur faire goûter, au moins en quelques endroits,

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le fruit de leurs victoires, après les avoir privés des dépouilles de tant de Villes qu'il avoit déja reprises fur les ennemis. Vers le midi il les fit rappeller, & les ayant partagés en deux corps, il ordonna à l'un de faire le tour de la montagne, & d'aller s'emparer par derriere d'un rocher féparé de la Fortereffe vers le milieu & jufqu'en bas, par un vallon qu'il fembloit qu'on avoit creufé exprès ; mais qui s'en rapprochoit tellement par le haut, que de fon fommet on pouvoit lancer des traits - jufque dans la place. Avec la moitié de fes troupes le Conful lui-même pour marcher de la Ville contre la Fortereffe, n'attendoit que le signal que lui devoient donner les autres quand ils auroient gagné le rocher. Les Etoliens qui étoient dans cette place déja effrayés des cris des Romains qui s'étoient emparés du rocher, n'attendirent pas que le Conful les attaquât du côté de la Ville. Car outre qu'ils avoient déja le courage abattu, ils n'avoient ni les machines ni les provisions qui leur étoient néceffaires pour foutenir un long fiége dans une Citadelle, qui bien loin de pouvoir défendre & nourrir une multitude infinie de fem

mes, de vieillards & d'enfans qui s'y étoient refugiés, étoit à peine capable de les contenir. C'est pourquoi à la feule approche du Conful, ils mirent les armes bas, & fe rendirent. On livra à ce Général, entr'autres prifonniers, le plus confidérable des Etoliens, ce Damocrite, qui dès le commencement de la guerre avoit répondu à Quintius, qui lui demandoit le decret par lequel les Etoliens appelloient Antiochus qu'il te lui communiqueroit en Italie, lorfque les Etoliens fe feroient campés fur les bords du Tibre. Les Romains qui fe sou- . venoient de cette réponse infolente, en reffentirent davantage la joie de leur victoire.

Dans le tems que le Conful revenoit de la Beotie, Philippe l'étoit allé joindre auprès des Thermopyles, pour le féliciter, lui & le Peuple Romain, de la victoire qu'ils avoient remportée fur Antiochus, & s'excufer de ce que la maladie l'avoit empêché de fe trouver à cette bataille. Après cette entrevûë, ils s'étoient féparés de concert, pour aller affiéger, l'un Heraclée, & l'autre Lamie. Ces deux Villes ne font qu'à fept milles l'une de l'autre : & comme la derniere eft fituée fur une

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