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côté fur une hauteur. Sur le champ les Préteurs le firent paffer à leurs troupes par deux endroits où il étoit guéable, Calpurnius à la droite & Quintius à la gauche; fans que les ennemis fiffent aucun mouvement, étonnés qu'ils étoient de l'arrivée imprévûë des Romains & délibérant fur le parti qu'ils devoient prendre, au lieu de fondre fur eux, pour les mettre en defordre, comme ils le pouvoient, tandis qu'ils paffoient la riviere. Pendant cette inaction des Efpagnols, les Romains ayant auffi fait paffer leurs bagages, les ramafferent dans un même lieu; & comme ils virent que l'ennemi commençoit à s'ébranler & qu'ils n'auroient pas le tems de fe retrancher, ils prirent le parti de fe mettre en bataille. Ils placerent dans le centre les deux Légions, dont Calpurnius commandoit la cinquiéme, & Quintius la huitiéme. C'étoit toute la force de leur armée. L'efpace qu'ils avoient devant eux jufqu'au camp des ennemis, étoit entierement découvert, & ne leur laiffoit appréhender aucune furprise.

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Dès que les Efpagnols s'apperçurent que les deux armées des Confuls avoient paffé, pour ne pas leur donner

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le tems de fe joindre, & d'achever de
fe mettre en bataille, ils fortirent bruf-
quement de leur camp, & coururent
au combat avec beaucoup d'ardeur &
de promptitude. L'action commença
avec une extrême animofité entre deux
armées, dont l'une étoit encore toute
fiere de fon premier fuccès, & l'autre
cherchoit à laver dans le fang des Ef-
pagnols, une honte à laquelle elle n'é-
toit point accoutumée. Mais comme
c'étoit au corps de bataille, que les
deux vaillantes Légions des Confuls
portoient les plus grands coups, les
ennemis, après avoir fait de vains ef-
forts pour les enfoncer,
les enfoncer, formerent un
bataillon pointu avec lequel ils les
preffoient vivement, envoyant fans
ceffe de nouveaux Soldats pour le for-
tifier & prendre la place de ceux qui
étoient las. Alors le Préteur Calpur-
nius les voyant fur le point de plier
envoya promptement T. Quintilius
Varus, & L. Juventius Thalna deux
de fes Lieutenans, chacun de leur cô-
té, pour les exhorter à tenir ferme, &
leur reprefenter « que c'étoit de leur <<
valeur que dépendoit la victoire & la «
confervation de l'Efpagne. Que fi«
elles lâchoient pied, aucun Soldat de a

,

>> toute cette armée ne reverroit l'autre >> rive du Tage, bien loin de retourner » jamais en Italie. » Pour lui, avec la Cavalerie des deux Légions, il fit un petit circuit, & vint prendre en flanc le bataillon Espagnol qui continuoit à mal mener les deux Légions. Dans le même-tems Quintius avec fes * Cavaliers attaqua les ennemis par l'autre côté. Mais ceux de Calpurnius combattoient avec bien plus de vigueur, ayant à leur tête le Préteur qui leur donnoit l'exemple. Car ce fut lui qui le premier frappa l'ennemi, & qui fe jetta de façon dans la mêlée, qu'on diftinguoit à peine de quel parti il étoit. Ainfi comme la valeur du Général avoit ranimé les Cavaliers, celle des Cavaliers ranima l'Infanterie. Les premiers Centurions eurent honte de voir le Préteur au milieu des armes enne→ mies, & de n'y pas courir fur fes pas. A l'envi les uns des autres ils preffent les Enfeignes d'avancer, & les Soldats de les fuivre. Tous enfemble jettent de nouveaux cris, & fondent fur l'ennemi

* On ne voit pas quels pouvoient être ces Cavaliers de Quintius fon Collégue ayant mene avec lui ceux sies deux Légions; à moins que ce ne fut la Cavalerie des Alliés, au lieu que les premiers étoient Ro

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comme d'un lieu élevé. Semblables à
un torrent impétueux, ils le pouffent,
ils le renverfent & le mettent en dé-
route, fans qu'il faffe la moindre ré-
fiftance. La Cavalerie le poursuivit
jufqu'à fes retranchemens, & péné-
tra dans le camp pêle-mêle avec les
fuyards. Là elle fut obligée de mettre
pied à terre, pour recommencer un
nouveau combat contre ceux qu'on
avoit laissez pour le garder. Ils en
étoient aux mains, quand la cinquié-
me Légion furvint, puis infenfible-
ment tous les autres. On fit un grand Grande de-
carnage des Espagnols dans toutes les faite des El-
parties du camp. Il ne s'en fauva pas
plus de quatre mille, dont trois mille
qui avoient confervé leurs armes,s'em-
parerent de la montagne voifine, & les
mille autres, ayant la plupart jetté
leurs armes, fe difperferent dans les
plaines d'alentour. Ce fut tout ce qui
échappa de plus de trente-cinq mille
Efpagnols qui s'étoient trouvés dans
l'action. Les vainqueurs prirent cent
trente-trois étendards. Les Préteurs ne
perdirent gueres plus de fix cens hom-
mes, tant Romains, qu'Alliés, avec
autour de cent cinquante, des troupes
auxiliaires de la Province. La mort de

pagnols.

cinq Tribuns des Soldats, & de quelques Cavaliers Romains, auroit pû faire juger la victoire plus fanglante. Le vainqueur refta dans le camp des ennemis, n'ayant pas eu le tems de fortifier le fien. Le lendemain Calpurnius fit en pleine Assemblée l'éloge des Cavaliers, leur fit prefent de plufieurs riches harnois, & déclara que c'étoit furtout par leur courage que les ennemis avoient été vaincus, & leur camp forcé & pris. L'autre Préteur donna à fes Cavaliers des agraffes, & des chaînes qui leur fervoient de colliers. Plufieurs Centurions , tant de l'une que de l'autre armée, eurent auffi leur récompenfe, furtout ceux qui avoient combattu dans le centre.

Les Confuls ayant achevé les levées & les autres affaires qui les retenoient à Rome, conduifirent leur armée dans la Ligurie leur Province. Sempronius étant paffé de Pifes dans le païs des Liguriens Apuans, fit un ravage affreux dans leurs campagnes, brûla on abattit leurs Châteaux, & traverfant leurs bois & leurs défilés, pénétra jusqu'au Fleuve Macra & au Port de la Lune. Les ennemis fe réfugierent fur la Montagne qui avoit fervi de retraite & d'a

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