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» dans le befoin, & les maintenir dans la poffeffion de leur liberté, & non » pour favorifer la tyrannie des Con»fuls. Qu'il ne faifoit pas même réfle>xion que la pofterité apprendroit à » fa confufion, que de deux Tribuns » du Peuple de la même année, l'un » avoit facrifié fes inimitiés particu» lieres au bien général de la Republi» que, & que l'autre avoit vengé celles d'autrui fans autre motif que d'o

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béir baffement à celui qui le lui avoit » commandé. « Le Tribun fe rendit à ces remontrances ; & lorfqu'il fut forti du Temple, on décerna le triomphe à M. Fulvius à la réquifition du Préteur Ser. Sulpicius. Il remercia auffi-tôt les Sénateurs de la juftice qu'ils lui rendoient; » & ajoûta » que le jour même de la prise d'Ambracie, il avoit fait vœu de reprefen→ »ter les grands jeux en l'honneur de Jupiter. Que les Villes de Grece lui » avoient donné cent dix livres d'or » pour en faire les frais. Qu'il demandoit qu'on retranchât cette fomme de la quantité d'argent & d'or qu'il » expoferoit dans fon triomphe, avant » de la faire porter dans le tréfor. » Le Sénat ordonna qu'on confultât là-def

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fus le Collége des Pontifes, pour fçavoir fi c'étoit une neceffité d'employer tout cet or à la célébration des jeux : & ces Prêtres ayant répondu qu'il étoit indifferent pour la Religion qu'on employât aux jeux une fomme plus ou moins grande, le Sénat permît à Fulvius de dépenser autant qu'il le jugeroit à propos, pourvû qu'il ne paffat pas * la fomme de quatre-vingt mille as. Il avoit réfolu de triompher au mois de Janvier. Mais ayant appris que le Conful Emilius, à qui le Tribun avoit mandé qu'il s'étoit défifté, après être parti pour venir en perfonne s'opposer à cette cérémonie étoit refté malade en chemin; pour ne pas éprouver plus d'obstacles de la part de ce Général qu'il n'en avoit trouvé dans les ennemis de la Republique, il prévint fon arrivée, & triompha le dixneuviéme de Février, des Etoliens & de la Cephallenie. Il fit paroître devant fon char cent couronnes d'or du poids de douze livres chacune, quatre-vingttrois mille livres d'argent, deux cens quarante-trois livres d'or, cent dix-huit

Qui font autour de quatre mille livres.

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mille Tetradrachmes * Attiques, douze mille quatre cens vingt-deux Philippes d'or deux cens quatre-vingt-cinq Statues de cuivre, deux cens trente de marbre, une grande quantité d'armes tant offenfives que défenfives prifes fur les ennemis ; des Catapultes, des t Balliftes & autres machines de Guerre de toute efpece; & environ vingt-sept Capitaines Etoliens, Cephalleniens ou de ceux qu'Antiochus y avoit laiffés dans leur pais. Le jour même, ayant d'entrer dans la Ville, il diftribua un grand nombre de dons militaires aux Tribuns, aux Préfets, aux Cavaliers & aux Centurions, tant Romains qu'Alliés, & fit diftribuer vingt-cinq deniers à chacun des Soldats, pour leur part du butin, le double aux Centurions, le triple aux Cavaliers.

Comme le tems des Affemblées approchoit, & que M. Emilius à qui le fort avoit donné la commiffion d'y préfider, n'étoit pas en état de venir à Rome, C. Flaminius s'y rendit, &

*On a dit plus haut que le Tetradrachme Attique pouvoit valoir autour de quarante fols, & le Philippe d'or la moitié.

† Machines à lancer des pierres & autres corps d'us ne groffeur confiderable.

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créa Confuls Sp. Poftumius Albinus & Q. Marcius Philippus. On nomma enfuite Préteurs T. Manius, P. Cornelius Sulla, F. Calpurnius Pifo, M. Licinius Lucullus, C. Aurelius Scaurus, & L. Quintius Crifpinus. Sur la fin de l'année, & après la création des Magiftrats Cn. Manlius Vulfo triompha, des Gaulois qui habitent l'Asie, le troifiéme des Nones de Mars. Ce qui avoit fait differer fon triomphe, c'étoit la crainte qu'il avoit eûë d'être appellé en jugement en vertu de la Loi Petilienne pendant la Préture de Q. Terentius Culleon, & d'être envelopé dans le même incendie que L. Scipion, d'autant plus qu'il fçavoit que les Juges étoient encore plus irrités contre lui, que contre le frere de l'Africain; parce que lui ayant fuccedé dans le commandement de l'armée, il avoit laiffé vivre les Soldats dans une licence générale qui avoit abfolument ruïné la difcipline militaire que Scipion leur avoit fait obferver avec beaucoup de févérité. Et ce n'étoit pas feulement le récit des excès aufquels ils s'étoient portés dans la Province, & loin des yeux des Citoyens, qui les rendoient odieux, mais encore plus ceux auf

te à Rome

Juxe.

quels ils s'abandonnoient chaque jour

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à la vûë même du Peuple de Rome. L'armée Car ce fut Manlius & ceux qui avoient d'Alie appor- fervi fous lui qui introduifirent à Rol'origine du me le luxe & les délices de l'Afie: ce furent eux qui y apporterent les premiers des lits garnis de cuivre * des tapis précieux, des voiles & des rideaux & autres ouvrages travaillés avec art, & ce qui étoit alors regardé comme le comble du luxe, des tables foutenues fur un feul pied, & des buffets ce furent eux qui ajoûterent au plaifir de la bonne chere celui de la mufique & des inftrumens, ayant à leurs gages des joüeufes de harpes & de mufettes, & autres gens dont le métier eft de divertir les grands pendant qu'ils font à table. On commença même dès ce tems-là à préparer les mêts avec plus de foin & de délicateffe. Alors le cuifinier devint le fervi teur de la maison le plus occupé, le plus neceffaire, & le plus eftimé ; au lieu que du tems de nos ancêtres, c'étoit le plus vile de tous les efclaves:

* On doit entendre les lits fur lefquels on étoit cou ché pour prendre les repas A Rome ils étoient d'abord de fimple bois, fans étoffe, ni aucun autre ornement. On juge que c'étoient les pieds qui étoient de cuivre.

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