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des Thermopyles. C'eft une longue chaîne de montagnes qui partage la Gréce par le milieu, comme l'Apennin fait l'Italie; ayant pardevant au feptentrion l'Epire, la Perrhebie, la Magnefie, la Theffalie, la Phtiotide d'Achaïe, & le Golphe de Maliac: au midi vers le milieu la plus grande partie de l'Etolie, l'Acarnanie, la Phocide & la Locride, la Beotie avec l'Eubée, & par derriere, l'Attique étenduë vers la mer en forme de Promontoire, & le Peloponnefe, Ces fommets depuis Leucate & la mer d'occident jusqu'à celle d'orient, en traverfant l'Etolie, font coupés de chemins fi rudes, & de rochers fi efcarpés, que non-feulement des armées, mais même de fimples voyageurs ont peine à y trouver des fentiers par où ils puiffent paffer. A l'extrémité de ces montagnes vers P'orient eft le mont Oeta, dont le fommet le plus élevé eft appellé Callidrome, au bas duquel, dans la vallée qui aboutit au Golphe de Maliac, eft un chemin qui n'a pas plus de 60 pas de large. C'eft là la feule route par où une armée puiffe paffer, fuppofé même qu'elle ne trouve aucun obftacle. Voilà la raifon pourquoi ces

détroits font appellés Pyles, c'est-àdire portes ; & par d'autres Thermopyles, à caufe des bains chauds qui fe trouvent dès l'embouchure. Ce lieu eft célébre par la mort qu'y fouffrirent les Lacédémoniens, mort plus mémorable encore que le combat qu'ils livrerent à l'armée des Perfes.

y

Antiochus qui n'avoit pas à beau→ coup près autant de courage & de refolution que ces Républicains, s'étant campé à l'entrée même de ce détroit, l'avoit encore fortifié par divers ouvra ges, & en avoit fermé l'entrée d'un double foffé, d'une double paliffade, & même, en quelques endroits, d'un mur que la quantité de pierres qu'il trouvoit fous fa main lui donna la facilité d'élever. Dans cette fituation comptant que les Romains ne pou roient jamais le forcer, il envoya de plus quatre mille Etoliens (c'étoit tout ce qu'il avoit pu raffembler,) moitié pour garder Heraclée, fituée à l'em bouchure même du détroit, moitié à Hypate, ne doutant nullement que les Romains n'attaquaffent la premiere de ces Places, & étant averti de plufieurs endroits, qu'ils ravageoient tout le Païs aux environs de l'autre. Le

Conful ayant défolé toutes les campagnes d'Hypate d'abord, puis celles d'Heraclée, fans que les Etoliens fecouruffent ni les unes ni les autres, fe campa à l'embouchure même de ces montagnes, vis-à-vis d'Antiochus auprès des fources d'eaux chaudes dont on a parlé. Les Etoliens s'étant tous raffemblés s'enfermerent dans Heraclée. Antiochus qui, avant de voir les Romains, s'étoit cru en fureté contre toutes leurs tentatives, commença alors à craindre qu'ils ne s'ouvriffent fur ces hauteurs quelques fentiers pour venir jufqu'à lui. Car il fe fouvenoit que les Perfes y avoient autrefois fait périr les Lacédémoniens & que tout récemment, de femblables défilés n'avoient pas empêché les Romains d'aller attaquer Philippe auprès du Fleuve Aous, & de défaire fon armée. C'est pourquoi il envoya un Courrier à Heraclée, pour prier les Etoliens de lui faire au moins le plaifir de s'emparer des fommets de ces montagnes, & de les garder de façon que les Romains ne puffent y trouver aucun paffage. Ce meffage jetta la diffenfion parmi les Etoliens; car les uns vouloient qu'on obéît au Roi, & qu'on allât à

fon fecours. Les autres au contraire étoient d'avis qu'on demeurât à Heraclée, d'où ils feroient en état, fi le Roi étoit vaincu par le Consul, d'aller avec toutes leurs forces défendre les Villes qu'ils avoient dans le voisinage: ou de poursuivre les Romains dans leur fuite, fi Antiochus étoit affés heureux pour les vaincre. Les uns & les autres perfifterent dans leurs fentimens, fi bien que deux mille Etoliens refterent à Heraclée, tandis que les autres partagés en trois bandes, allerent s'emparer des trois fommets appellés Callidrome Rhodontie & Tichionte.

Quand le Conful vit que les Etoliens avoient gagné le haut des montagnes, il détacha M. Porcius Caton, & L. Valerius Flaccus *, Lieutenans Confulaires, avec chacun deux mille hommes choifis, pour aller, le premier à Callidrome, & l'autre à Rhodontie & à Tichionte, contre les Etoliens qui s'y étoient poftés. Pour lui, avant d'aller aux ennemis, il assembla fes Soldats, & leur parla en ces termes : Je m'apperçois que la plupart de« exhorte fes vous, tant Officiers que Soldats,« foldats à bien

* D'autres avec plus de vraisemblance ne leur donment que la qualité de Tribuns Militaires.

Le Conful

faire.

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» avez déja fervi dans cette Province, >> fous les aufpices de T. Quintius : & >>par conféquent vous fçavez que dans »la Guerre de Macedoine les paffages »qu'il vous fallut forcer auprès du » Fleuve Aous, étoient plus inacceffi»bles que ceux-ci. On donne à ces dé>>troits le nom de portes; & c'eft en >> effet le feul chemin que la nature ait laiffé pour aller d'une mer à l'autre, Philippe s'étoit alors campé dans » un pofte plus commode que n'eft » celui d'Antiochus, & y avoit ajoûté » des ouvrages beaucoup plus confi»derables. L'armée qu'il y comman» doit étoit & plus nombreuse, & com» pofée de foldats plus braves & plus » expérimentés, tels que font les Ma» cédoniens, les Thraces & les Illy»riens, toutes Nations féroces & guer» rieres au lieu que nous ne voyons »>ici que des Syriens & des Grecs d'Afie , peuples amollis par le luxe, & nés pour la fervitude. Philippe eft le » Roi le plus belliqueux de fon tems, » accoutumé dès fa jeuneffe à com» battre contre les Thraces, les Illy» riens, & les autres Nations belli

queufes dont il eft environné. Pour » Antiochus, fans parler du reste de

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