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deux Sci

pions.

ne

fidérable fut M. Porcius Caton, qui, du vivant même de ce Général ceffa prefque jamais de crier contre lui, & de fe déclarer contre fa puissance & fon crédit qui lui paroiffoit trop grand. On croit que ce fut à fa follicitation que les Petiliens entreprirent de l'accufer de fon vivant, & qu'après fa mort ils propoferent au Peuple une Loi qui n'étoit que la fuite de cette animofité, dans les termes que je vas rapLoi propo- porter. » Voulez-vous & ordonnezfée contre les vous, Meffieurs, que Ser. Sulpicius » Préteur de la Ville, propofe au Sé» nat de faire faire les informations ne» ceffaires, pour fçavoir ce qu'eft de» venu l'argent qui a été tiré d'Antio»chus & de fes fujets, & qui n'a point » été porté dans le tréfor public? Et » que le Sénat nomme celui des Pré» teurs qui font en charge, qu'il jugera à propos, pour faire ces infor»mations? » Les deux Mummius Q. & L. s'oppofoient d'abord à cette Loi; convenant au reste qu'il étoit jufte que le Sénat informât contre ceux qui retenoient les deniers publics, mais fuivant la coûtume ufitée dans tous les tems. Les Petiliens reprochoient aux Scipions le rang qu'ils tenoient dans le

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Sénat, ou pour mieux dire, la tyrannie qu'ils y exerçoient. L. Furius Purpureo, homme Confulaire, l'un des dix députés qu'on avoit envoyés en Afie, donnoit plus d'étendue à l'information, & vouloit qu'elle roulât fur l'argent qu'on avoit enlevé, nonfeulement à Antiochus, mais encore aux autres Rois & Peuples de ces con+ trées, attaquant indirectement par-là Cn. Manlius fon ennemi. D'un autre côté L. Scipion prit la parole, tant pour s'oppofer à la Loi, que pour fe défendre lui-même. Il fe plaignoit qu'on eût propofé cette Loi précisément après la mort de fon frere l'Afri cain le plus illuftre & le plus brave perfonnage de la Republique : « qu'on «< ne s'étoit pas contenté de le priver « de l'Oraifon funébre dont fa mort au-a roit dû être fuivie, qu'on attaquoit «< fa vie par des accufations calomnieufes. Que les Carthaginois appaifés « par l'exil d'Annibal ne pouffoient << pas plus loin leur reffentiment; au« lieu que le Peuple Romain pouffoit << La cruauté contre Scipion jufqu'à dé- « chirer fa réputation après fa mort, & «< à vouloir immoler son frere à la jalou- « fie de fes ennemis. » Ce fut M. Caton

,

qui prononça en faveur de la Loi um difcours qui s'eft confervé jufqu'à ce tems, & qui par fon autorité obligea les Mummius à fe défifter de leur op, pofition, après quoi toutes les Tributs donnerent leurs fuffrages conformé ment à l'intention des Petiliens.

Ce fut Q. Terentius Culleon que le Sénat nomma pour faire les informations dont on a parlé, fur la réquifition que le Préteur Sulpicius lui en avoit faite. Il falloit que ce Préteur fut ou fort ami de la famille Cornelienne puifqu'on rapporte que dans les fune nerailles de l'Africain, (car quelquesuns ont écrit qu'il étoit mort à Rome.) H préceda le lit qui portoit fon corps, ayant le chapeau fur fa tête, de la même maniere qu'il avoit précedé fon char de triomphe ; & qu'à la porte Car pene il fit diftribuer de † l'hypocras à ceux qui avoient accompagné le con→ voi; le tout par reconnoiffance de ce que ce Général l'avoit tiré entre plufieurs autres des mains des ennemis qui l'avoient tenu long-tems prifonnier

* Pileus efpece de chapeau ou de bonnet qui étoit chez les Romains le symbole de l'affranchissement.

J'ai traduit par ce mot celui de Mulfum qui fignifie une boiffon délicieufe que les Anciens faifoient de vin & de miel.

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ou qu'il fut bien déclaré contr'elle puifque la faction ennemie des Scipions le choifit préférablement à tous fes Collegues, pour faire des recherches dont elle efperoit tirer des preu ves de leur péculat. Quoiqu'il en foit, L. Scipion fut auffi-tôt appellé en jugement devant ce Juge trop favorable ou trop contraire, & avec lui fes deux Lieutenans Aulus & Lucius Hoftilius, portant le furnom de Caton & fon Quefteur C. Furius Aculeon : & pour infinuer que toute fa cohorte avoit part au péculat, on y joignit fes deux Greffiers & fon Sergent. Mais Lucius Hoftilius & les bas Officiers que je viens de nommer furent envoyés absous, avant qu'on prononçât le jugement de Scipion lui-même. Enfin ce Général & fon Lieutenant A. Hoftilius furent condamnés fous prétexte qu'Antio- de péculat, chus, pour obtenir des conditions de paix plus avantageufes, avoit donné à L. Scipion* fix mille livres d'or, & † quatre cens quatre-vingt livres d'argent, de plus qu'il n'en avoit remis dans le tréfor; & à L. Hoftilius qua

,

*Neuf mille marcs.

L. Scipion condamné

pour crime

fauffement comme il y a

lieu de le

croire.

Sept cens vingt marcs.

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tre-vingt livres d'or, & quatre cens trois livres d'argent ; & au Questeur Furius cent trente livres d'or, & deux cent livres d'argent. Telles font les fommes que j'ai trouvées dans Valerius Antias. A l'égard de celle qu'on dit que reçût L. Scipion en or & en argent, comme elle eft peu vrai-femblable, j'aime mieux croire que c'est une * erreur du Copifte, qu'un menfonge de l'Hiftorien. Car il y a apparence que le poids de l'argent devoit excéder celui de l'or, & que l'amende à laquelle il fut condamné étoit de † quatre, & non de vingt § quatre millions de Sefterces d'autant plus qu'on rapporte que la même fomme fut redemandée à Pub. Scipion dans le Sénat; & que ce Général ayant ordonné à fon frere Lucius de lui apporter le décret qui portoit cette fomme, il le déchira

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