Obrazy na stronie
PDF
ePub
[ocr errors]
[ocr errors]

il faut maintenant parler de la manie- « re dont je l'ai faite. Et dans cette se- « conde partie, je ferois bien assuré « de gagner ma caufe, quand même je <<< la plaiderois devant le Sénat de Car- « thage, qui, fi ce qu'on dit eft vrai, « fait pendre fes Généraux, quand ils ont formé des entreprifes témeraires, « quelque heureux qu'en ait été l'éve- « nement. Mais dans une Republique qui ne conçoit &z n'execute aucun « projet, qu'après avoir imploré la « protection du Ciel; qui n'a jamais fait un crime aux Commandans, des « entreprises aufquelles les Dieux ont « donné une heureuse iffuë; qui en dé- « cernant ou des prieres aux Dieux, « ou des triomphes aux Généraux, « employe ces termes fi folemnels, pour avoir bien & heureufement fervi la République; fuppofé que par mo- «deftie je ne vouluffe pas faire valoir « mon mérite, fi au moins je deman- « dois que pour mon bonheur & celui ... de mon armée, on rendit aux Dieux « immortels les actions de graces qui « leur font dûës, & qu'on m'accor- « dât à moi-même la permiffion de ren- «

*

* Quod bene ac feliciter Rempublicam administra vit.

[ocr errors]
[ocr errors]

»trer triomphant dans le Capitole

d'où je fuis parti après avoir fait » les vœux accoûtumés, pour la prof» perité de la Republique, refuferiez» vous cet honneur aux Dieux, auffi >> bien qu'à moi ? Oui, me direz-vous, » parce que vous n'avez pas choifi un »lieu favorable pour donner bataille. Je voudrois bien que vous m'ap

[ocr errors]
[ocr errors]

priffiez où je pouvois combattre » avec plus d'avantage. Les ennemis» étant les maîtres de la Montagne & » ne voulant pas venir jufqu'à moi, il » falloit bien que j'allaffe jufqu'à eux, "fi je voulois vaincre. Eh! quoi ? » s'ils m'avoient oppofé les murailles » d'une Ville fur ces hauteurs, n'au» rois-je pas été dans la neceffité de » l'affiéger ? Et quand Manius Acilius "combattit Antiochus aux Thermopyles, avoit-il l'avantage du lieu ?? » Quand T. Quintius alla attaquer le: » Roi Philippe fur les fommets pref» que inacceffibles qui font au-deffus » du Fleuve Aous, avoit-il choifi un pofte favorable? Je ne comprens pas encore qu'elle eft l'idée qu'ils veu» lent vous donner, & qu'ils fe for»gent à eux-mêmes de l'ennemi. S'il a

[ocr errors]
[ocr errors]

fi fort dégeneré qu'ils le difent; s'il

eft amolli par les délices de l'Afie, « quel' danger y avoit-il de l'aller cher-« cher fur la montagne ? Et s'il a con- « fervé la fierté, le courage & la force « de fes ancêtres, pourquoi refufent->>ils le triomphe à ceux qui ont vaincu un ennemi fi redoutable? L'envie eft « aveugle, Meffieurs : elle ne s'attache «< qu'à décrier la vertu, pour lui faire «< perdre les honneurs & les récompen- < fes qu'elle mérite. Je vous prie de me « pardonner, Meffieurs, fi la neceffité « de me défendre, & non le defir de me << faire valoir, m'a engagé dans un fi« Fong difcours. Il en eft de même de ce « qu'ils m'ont objecté à l'occasion de la « Thrace. Pouvois-je changer en plai- « nes découvertes les défilés étroits pare où il m'a fallu paffer? Pouvois-je ap- « planir les montagnes, & faire difpa-« roître les forêts ? Pouvois-je empêeher que les brigands de cette contrée ne fe cachaffent dans les routes qui Feur étoient connuës, qu'ils n'enle- « vaffent une partie de nos bagages, & « quelques chevaux d'une fi grande ar- « mée, qu'ils ne bleffaffent quelqu'un « des miens,& que Q. Minucius Ther-« mus ne mourut de fes bleffures?Ils infi-e. ftent beaucoup fur l'accident qui nous

[ocr errors]

,

» a fait perdre un fi brave Officier;fans "vous faire obferver que l'enneminous "ayant furpris dans un défilé fi difficile » & fi dangereux, les deux corps de troupes que j'avois placés à quelque diftance l'un de l'autre à la tête & à la. queue,venant à fe rapprocher,ont in» vesti l'armée des Barbares qui ne fon>geoit qu'à piller les bagages que j'a>>vois mis dans le milieu;qu'ils en défi» rent ce jour-là même un grand nom>> bre, & que les jours fuivans ils » tuerent ou en prirent encore davanta»ge. Mais ils ont beau taire ces faits:ils »ne doivent pas compter que vous les puiffiés ignorer, toute l'armée étant prête d'en rendre témoignage. Quand »je n'aurois pas tiré l'épée dans l'Afie; quand je n'y aurois pas vû les enne»mis, les deux combats que j'ai livrés » dans la Thrace', méritoient feuls le triomphe.Je n'en dirai pas davantage, » Meffieurs je crains même de vous » avoir ennuyés,& je vous prie encore » un coup de me pardonner, fi je vous » ai entretenus beaucoup plus long»tems, que je ne me l'étois propofé.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

L'accufation l'auroit emporté ce jour-là fur l'Apologie, fi la difpute n'avoit confumé le jour entier, fans

6

être décidée. Car les Senateurs fe retirerent dans le fentiment de refufer le triomphe à Manlius. Mais le lendemain les parens & les amis de ce Général firent tant qu'ils engagerent dans leurs intérêts les plus anciens de l'ordre dont l'autorité fit pancher la balance en faveur de Manlius. Ils foûtenoient qu'il n'y avoit point d'exemple qu'un Général, après avoir vaincu fes enne-, mis, laiffé fa Province en paix, & ramené fes troupes victorieuses à Rome, eût été privé de l'honneur du triom-. phe, & fut rentré dans cette Ville comme un fimple particulier, fans honneur & fans diftinction. Enfin la jalou... fie de fes ennemis céda à la honte d'une telle injure, & tous les Sénateurs lui. On décerne décernerent le triomphe d'un confen- le triomphe tement prefqu'unanime. Les Romains lius, malgré oublierent auffi-tôt ce démêlé pour les ennemis. donner toute leur attention à une accufation beaucoup plus intéreffante, & qui attaquoit un perfonnage bien plus illuftre, & d'une plus grande confidération. Les deux Tribuns portant l'un & l'autre les noms de Q. Petilius s'aviferent d'appeller en jugement Pub. Scipion l'AScipion l'Africain, au moins à ce que fricain aprapporte Valerius. Chacun jugea de

à Cn. Man

gement.

« PoprzedniaDalej »