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tre qui les Romains ont tant de fois combattu en Italie, auffi fouvent «<< vaincus que vainqueurs, il fut reve- « nu un feul de nos Soldats nous ap- « porter la nouvelle de la défaite à la- « quelle les avoit expofés leur Géné- «< ral? Il les a combattus deux fois : « deux fois il s'eft campé dans une « Vallée profonde, mettant les enne- « mis au-deffus de fa tête; enforte que « i les Gaulois, fans fe fervir de leurs armes, fe fuffent feulement laiffés « tomber de haut en bas fur les Ro- «<< mains, ils les pouvoient écrafer par la « chute de leurs vaftes corps. Qu'eft-« il donc arrivé? Il faut affûrément que « He bonheur du PeupleRomain foit bien -grand, ou que fon nom foit bien re- « doutable.La chûte récente d'Annibal,« de Philippe & d'Antiochus avoit ren-« dus les Gaulois tellement interdits, " que les Romains n'ont eu befoin que « de leurs fléches & de leurs frondes <<< pour abattre ces maffes énormes &« que dans toute cette Guerre ils n'ont « -point rougi leurs épées du fang des « Gaulois. Comme des effains d'A- « beilles, ils fe font envolés au pre- «< mier fon des traits qu'on leur a déco- «< chés. Mais depuis, comme fi la for- «

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» tune eût voulu nous faire fentir ce qui nous feroit arrivé, fi nous avions » eu affaire à des ennemis, nos troupes » ont été défaites, mifes en fuite, & dépouillées de leurs bagages, par quelques brigands de Thrace qui les >>> attendoient au paffage. C'eft en cette >>> rencontre que Q. Minucius Ther» mus a perdu la vie avec beaucoup » de braves gens : en quoi la Républi» que a fait une perte beaucoup plus » grande, que fi Manlius lui-même » eût péri dans le précipice où l'avoit »jetté fon imprudence. Cette armée qui » portoit les dépouilles d'Antiochus » féparée en trois corps dont l'un étoit »refté derriere, pendant que l'autre a» voit pris les devants, & que le troifié» me gardoit les bagages, à paffé une >> nuit entiere cachée dans les cavernes » des bêtes fauves. Voilà, Meffieurs, »les expéditions pour lefquelles on vous » demande le triomphe. Quand vous » n'auriez pas reçû dans la Thrace le

honteux échec dont je viens de parler, »quels font les ennemis de qui vous pré» tendriez triompher? Sans doute de » ceux à qui le Peuple Romáin vous a chargé de faire la Guerre. Car c'est-là » la raifon pour laquelle cet honneur a été accordé à L. Scipion ici prefent,

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& avant lui à Manius Acilius,quitous « deux avoient défait Antiochus; & en » remontant plus haut, à. T. Quintius, & à Pub. Scipion l'Africain, dont le « premier avoit vaincuPhilippe,&l'au- « tre foumis Syphax, Annibal & les « Carthaginois. Et quoique le Sénat « eût ordonné ces Guerres & qu'on « pût fe contenter de fon autorité pour « agir, on n'a pas laiffé avant de les commencer, d'en envoyer faire la « déclaration ou aux Rois en perfon- « ne, ou aux Officiers de leurs armées. « Voulez-vous, Meffieurs, violer des « régles fi fages? Voulez-vous abolir « des formalités obfervées de tout tems c par les Féciaux, & les Féciaux eux- œ mêmes? Et quand vous pourriez-«. vous réfoudre à étouffer dans vos « cœurs tous les fentimens de Religion, & tout le refpect que nous de- « vons aux Dieux, ce que vous êtes « bien éloignez de faire, ôteriez-vous « encore au Sénat & au Peuple, le Pri- « vilege dont ces deux ordres font en « poffeffion, d'ordonner de la Guerre « ou de la Paix, foit avec les Gaulois, c foit avec quelqu'autre Nation que «. ce foit? Tout, récemment les nou- «. veaux Confuls briguoient les dépar

» temens de Grèce & d'Afie. Mais » comme vous avez perfévéré à leur, » décerner la Province de Ligurie, ils » ont pris le parti d'obéir. C'eft pour» quoi, s'ils réüffiffent dans la Guerre » dont vous les chargés, ils feront en » droit de vous demander le triomphe » pour récompenfe.

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Manlius ré- prétentions de Manlius

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ennemis.

Telles furent les raifons qu'employerent Furius & Emilius contre les & voich vectives de fes comme ce dernier leur répondit. » Juf→ qu'ici, Meffieurs, on a quelquefois » vu les Tribuns du Peuple s'oppofer » aux triomphes qui vous ont été de» mandés par vos Généraux. C'eft ce » qui fait que je rends graces à ceux » d'aujourd'hui, de ce que, par con » fidération ou pour ma perfonne » ou pour mes actions, non-feulement » ils ont tacitement confenti à mon » triomphe, mais encore ont été dans » la difpofition de le propofer eux-mê» mes, s'il en étoit befoin. Ce qu'il y »a de plus injufte & de plus indigne,

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c'est que je trouve mes adverfaires. » parmi ces députés que nos ancêtres. » ont donnés à leurs Généraux pour leur fervir de confeil, pour honorer leur victoire, & en régler les fuites

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avec prudence & avec juftice. C'est « L. Furius, c'eft L. Emilius, qui me «<< repouffent du char de triomphe où « je fuis prêt de monter, & qui m'ar- « rachent de deffus la tête la couronne « de laurier que mes exploits ont mé- « ritée, eux que je vous aurois don- « nez pour témoins de mes victoires, « fi les Tribuns du Peuple s'étoient dé- «e clarés mes ennemis. Je n'envie à au- «‹ cun Citoyen les honneurs & les ré- «compenfes qu'il a reçûës. Mais vousmêmes, Meffieurs, arrêtâtes il y a quelque-tems par votre autorité de « braves Tribuns du Peuple qui s'op-c. pofoient au triomphe de Q. Fabius «<< Labeo: & ce Général à qui fes ad- ce verfaires foutenoient, non qu'il avoit « entrepris une Guerre injufte, mais « qu'il n'avoit pas feulement vu l'en- « vû nemi, remporta l'honneur du triomphe. Moi qui ai tant de fois combat- «e tu Enfeignes déployées contre cent ce mille ennemis des plus féroces & des «e plus barbares, qui en ai tué ou pris « plus de quarante mille, qui ai deux «<? fois forcé leur camp, qui ai laiffé « tout le païs en deça du Mont Taurus « plus tranquille que n'eft l'Italie mế- «me, non-feulement je fuis privé de

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