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» troupes d'Antiochus. Je ne crains » pas que nous n'ayons trop d'enne» mis à combattre, mais que nous

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n'acquerions trop peu de gloire à » les vaincre. Combien de fois Attale » les a-t'il défaits & mis en fuite ? Si » les bêtes féroces nouvellement prifes, après avoir gardé quelque-tems » leur fureur naturelle, la dépoüillent » infenfiblement entre les mains des >> hommes qui les nourriffent, perfua» dez-vous que le même changement »fe fait dans les hommes. Croyez» vous que les Gallo - Grecs reffem» blent à leurs peres & à leurs ayeux ? » Chaffés de leur patrie par le défaut » d'habitations & de vivres

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ils ont

» traversé les côtes âpres & incultes » de l'Illyrie, paffé la Peonie & la >> Thrace, en combattant contre les » Nations Guerrieres qui leur dispu» toient le paffage ; & enfin fe font em» parés de ce païs malgré les Peuples qu'ils y ont trouvés. Après avoir » fouffert tant de maux qui les ont en» core rendus plus farouches » terre les a reçûs dans fon fein, où » ils se font engraiffés des biens qu'elle >> produit en abondance. Mais la ferti»lité de ces campagnes, la beauté de

cette

» ces

ces climats, l'humeur douce & paci- «< fique des habitans, ont peu à peu «< amolli cette dureté farouche qui les «< avoit amenés. C'eft à vous qui êtes << les defcendans de Mars, c'eft à vous «< à fuir au plûtôt les délices de l'A-« fie, tant ces voluptés étrangeres « ont de force pour éteindre toute la «< vigueur des courages les plus fermes; <<< tant les mœurs effeminées de ces Peu- << ples font capables de ruïner la disci- « pline de nos armées. Ce qu'il y a d'a-« vantageux pour vous, c'eft qu'enco- << re que les Gallo-Grecs ne foient pas «< capables de vous réfifter, ils confer- «< vent pourtant entre les Grecs toute «< la réputation de leurs peres: enforte << que la victoire que vous remporterés << fur eux ne vous fera pas moins d'hon- «< neur dans l'efprit de vos Alliés, que «< fi vous aviez vaincu ceux des Gaulois << qui n'ont point encore dégénéré. » Après ce difcours des Manlius en il envoya des Ambassadeurs à Epoffognat, qui feul tre dans la des petits Rois du païs, étoit demeuré uni avec Eumenes, & avoit refufé de fecourir Antiochus ; & auffi-tôt il fe mit en marche. Le premier jour il campa près de la riviere d'Alandre, & le lendemain au Bourg appellé Tyfcon. Tom. II.

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Galatie,

Il y étoit encore lorfque les députés des Oroandes le vinrent trouver pour lui demander une amitié qu'il leur voulut vendre deux cens talens, leur accordant la permission d'aller propofer ce marché à ceux de la part de qui ils étoient venus. Il conduifit de-là fon armée à Plitandre, d'où il alla camper fur les terres des Alyattes. Ce fut-là que le trouverent à leur retour ceux qu'il avoit envoyés à Epoffognat. Ils étoient accompagnés des députés de ce petit Prince, qui venoient le prier de fa part de ne point attaquer les Toliftoboiens qu'il iroit lui-même trouver les Chefs de ce Peuple, & leur perfuaderoit de fe foumettre. Le Conful y confentit, & entra de-là avec fon armée dans la contrée, à qui la nature de fon terrein a fait donner le nom d'Axyle. Car non-feulement il ne produit point d'arbres, mais on n'y trouve pas même des épines, ni la moindre plante qui puiffe fervir d'aliment au feu. Les habitans fe fervent de fumier de bœuf au lieu de bois. Pendant que les Romains étoient campés auprès d'un Fort de la Gallo-Grece appellé Cuballe,

*De l'Alpha privatif & de quor lignum c'eft-à-dire, qui ne produit point de bois,

la

cavalerie des ennemis vint tout d'un coup fondre fur eux avec un grand fracas. Comme Manlius ne s'y attendoit point, ils mirent d'abord quelque defordre dans les troupes qui faifoient garde, & tuerent même quelques Soldats. Mais l'allarme ayant été portée dans le camp, la cavalerie Romaine en fortit par toutes les portes, mit les Gaulois en fuite, & en tua un affez grand nombre. Cet effai ayant fait connoître au Conful qu'il étoit fur les terres des ennemis, il commença à fe tenir davantage fur fes gardes ne fel mettant point en marche qu'il n'eût envoyé reconnoître le païs. Etant arrivé fans s'arrêter nulle part fur les bords du Fleuve Sangarius, & ne trouvant point de gué pour le paffer, il y fit faire un pont. Ce Fleuve prend fa fource dans le Mont Ador, & après avoir traversé la Phrygie, entre dans la Bithynie où le Thymbert fe jette dans fon lit; devenu plus fort par cette jonction, il va tomber dans la mer de Pont au fortir de la Bithynie. Ce Fleuve après tout eft moins mémorable par la quantité de fes eaux, que par celle des poiffons qu'il fournit abondamment pour la nourriture des Peuples

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voifins, Le Pont étant achevé, Man lius paffa à l'autre bord, & tandis qu'il le côtoyoit, les Prêtres Gaulois de la Mere Cybelle vinrent de Peffinonte au-devant de lui, revétus de leurs habits Sacerdotaux, & prononçant avec enthousiasme des vers prophetiques dont le fens étoit que la Déeffe accordoit aux Romains le paffage fur ces terres, la victoire fur leurs ennemis & l'empire de tout le païs. Le Conful répondit qu'il en acceptoit l'augure, & campa dans le même lieu. Il arriva le lendemain à Gordes, Ville peu confidérable par fa grandeur, mais trèscélébre par fon commerce, pour être éloignée de la mer comme elle eft. Car elle a trois mers à peu près à la même distance d'elle, l'Hellefpont, & celles qui baignent les Côtes de Synope, & de la Cilicie. Elle confine de plus à plufieurs Nations confidérables qui y apportent leurs denrées & leurs marchandifes. Les Romains trouverent cette Ville vuide d'habitans mais remplie de toute forte de biens. Dans le tems qu'ils y féjournoient, les députés d'Epoffognat vinrent apprendre au Conful que leur Maître étoit allé trou-, ver les Commandans des Gaulois, mais

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