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leurs compagnons, ils refuferentde s'expofer à aucun danger, ne firent plus aucune fortie

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comme auparavant, & fe contenterent de combattre en fûreté du haut de leurs murailles & de leurs tours.

Perfée de fon côté, apprenant que les Etoliens approchoient, leva le Siége d'Amphilochie, & après avoir ravagé fon territoire, fe retira dans la Macedoine. Les Etoliens furent auffi obligés de s'en éloigner pour aller défendre leurs côtes maritimes que Pleuratus Roi des Illyriens defoloit, étant entré dans le Golphe de Corinthe avec foixante Brigantins aufquels il avoit joint les Vaiffeaux des Achéens qui étoient à † Patras. On envoya contre eux mille Etoliens, qui prenant les chemins les plus courts, s'oppofoient à leur defcente à tous les endroits du rivage où ils vouloient débarquer. Pour revenir aux Romains, quoiqu'ils euffent renversé à coups de belier une grande partie des murailles d'Ambracie, ils ne pouvoient cependant péne

* Amphilochie eft confidérée tantôt comme une Ville, tantôt comme le païs dont elle étoit la Capitale.

† Ville de l'Achaïs.

trer dans la Ville, parce que les Affie-
gés élevoient fur le champ un nouveau
mur à la place de celui qui étoit tombé,
& combattant bravement fur les bré- ·
ches, fervoient eux-mêmes de rempart
à leur patrie. Le Conful voyant qu'il
avançoit peu par la force ouverte, ré-
folut de creufer fous les fondemens de
la Ville une mine dont il couvrit l'ou-
verture avec des mantelets & des ga-
bions. Et pendant long-tems, quoique
les Soldats travaillaffent jour & nuit
ils le firent avec tant de fecret, qu'ils
déroberent aux ennemis la connoiffan-
ce, non-feulement de l'ouvrage qu'ils
pouffoient fous terre, mais même des
immondices qu'ils tiroient au-dehors.
A la fin il s'en éleva un tas fi confide
rable, que les Ambraciens qui l'ap-
perçûrent ne douterent plus du péril
auquel ils étoient expofés. Ainfi crai-
gnant que la muraille venant à s'écrou-
ler, les ennemis n'entraffent dans la
Ville, ils ouvrirent une tranchée en
dedans des murs, vis-à-vis l'endroit
qu'ils voyoient couvert de clayes &
de gabions: & quand ils l'eurent creu-
fée jufqu'à la profondeur ordinaire des
mines, gardant un grand filence
approchant leurs oreilles de la terre en

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&

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plufieurs endroits, ils oüirent le bruit des travailleurs. Alors ils tirerent un fentier qui alloit de leur tranchée droit à la mine. Ils ne furent pas long-tems fans rencontrer le vuide, & les poteaux dont les ennemis avoient foutenu les fondemens de la Ville. Là les travailleurs des deux partis premierement en vinrent aux mains avec les outils & ferremens dont ils faifoient usage; puis les Soldats qui accoururent de part & d'autre, fe livrerent un combat sous terrain avec les armes ordinaires. Mais cette ardeur fe rallentit peu de tems áprès, les Affiegés s'étant mis en de-* voir de fermer la mine ou avec des facs remplis de terre, ou avec des portes qu'ils oppofoient aux ennemis le mieux qu'ils pouvoient. Ils imaginerent encore contre les mineurs une autre machine qui ne fut pas d'un grand travail. Ils firent un tonneau dont ils percerent en plufieurs endroits le couvercle qui étoit de fer. Par le trou du milieu paffoit d'une extrêmité à l'autre, un petit tuyau auffi de fer. Dans les autres trous ils enfoncerent de longues javelines dont les pointes fortant par dehors, étoient destinées à empêcher les ennemis d'approcher. Après avoir rempli

ce tonneau de duvet, ils en tournerent le fond du côté de la mine : puis mettant le feu au duvet avec une méche & l'allumant avec un foufflet, dont le bout entroit dans la tête du tuyau, ils firent fortir une fi grande quantité de fumée, que la mine en étoit toute remplie, & une odeur fi infupportable, que les mineurs n'en étoient pas moins incommodés que de la fumée.

Les affaires étoient en cet état à Ambracie, lorfque Pheneas & Damoteles Ambaffadeurs des Etoliens, vinrent trouver le Conful, en vertu d'un decret qui leur donnoit tout pouvoir de traiter avec lui de la paix. Car leur Préteur voyant d'un côté Ambracie vivement preffée, de l'autre, leurs côtes maritimes ravagées par les ennemis, l'Amphilochie & la Dolopie en proye aux Macedoniens, & les Etoliens hors d'état de foutenir la Guerre en trois endroits dans le même-tems, il affembla les Principaux de la Nation

,

&

leur demanda ce qu'ils lui confeilloient

paix.

de faire. «Tous furent d'avis qu'il « Les Etoliens. falloit demander la paix, & la con- « demandent la clure à des conditions avantageuses, s'il étoit poffible, ou au moins tolé- « rables, fi l'on ne pouvoit faire autre- «

сс

ment. Qu'ils avoient entrepris la.... » Guerre dans l'efperance d'être ap» puyés des forces d'Antiochus. Mais comment la pourroient-ils continuer, après que ce Prince avoit été vaincu par mer & par terre, & chaffé prefque hors de l'univers au-delà des » fommets du Mont Taurus? Que Pheneas & Damoteles fiffent donc, » fuivant leurs lumieres & leur zéle » tout ce que dans les conjonctures prefentes, ils jugeroient le plus con» venable à la patrie, puifque la for» tune avoit réduit les Etoliens à la » necessité de recevoir la Loi. Les Am

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baffadeurs étant arrivés avec ces "pouvoirs, prierent le Conful d'é» pargner Ambracie, & d'avoir pitié » d'une Nation autrefois leur Alliée » & qui depuis avoit été portée à de »folles entreprises, finon par les injuftices qu'on lui avoit faites, au » moins par les calamités aufquelles on » l'avoit réduite. Que les Romains n'a"voient pas plus à fe plaindre des in»jures qu'ils avoient reçûës des Eto» liens dans la Guerre d'Antiochus, » qu'à fe loüer des fervices qu'ils leur » avoient rendus dans celle de Philippe: & que comme après la premie

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