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nus, & L. Valerius Tappus, allerent, en vertu d'un Arrêt du Sénat, établir une Colonie de trois mille Latins à Boulogne, & diftribuerent à chaque cavalier foixante & dix arpens de ter-. re, & cinquante à tous les autres. Le. territoire qu'on leur partagea avoit été pris fur les Gaulois qui en avoient

chaffé les Toscans.

La cenfure fut briguée cette année par un grand nombre de perfonnages des plus illuftres de la République. Et comme fi cette dignité n'eût pas été par elle-même un affez grand fujet de difpute, elle donna lieu à un démêlé qui fut encore plus vif & pouffé beaucoup plus loin. Ceux qui s'étoient mis fur les rangs étoient T. Quintius Fla-; mininus, Pub. Cornelius Scipion fils de Cn. Valerius Flaccus, M. Porcius Caton, M. Claudius Marcellus, & Manius Acilius Glabrion, qui avoit vaincu Antiochus & les Etoliens aux Thermopyles. Le peuple inclinoit beaucoup pour ce dernier, parce qu'il avoit fait de grandes largeffes qui a-, voient mis la plupart des Citoyens dans fes intérêts. Les Nobles indignés de la préférence qu'on donnoit fur eux à un homme nouveau, lui fufciterent

deux ennemis, Pub. Sempronius Grac chus, & C. Sempronius Rutilus Tribuns du Peuple, qui l'appellerent en jugement, & l'accuferent de n'avoir ni expofé dans fon triomphe, ni fait mettre dans le tréfor, une grande partie de l'argent du Roi, & des autres dépouilles qu'on avoit trouvées dans fon camp. Les Lieutenans & les Tribuns des Soldats qui avoient fervi fous lui, varioient dans leurs dépofitions. On remarquoit entre ceux qui rendoient témoignage contre lui, M. Porcius Caton, à qui la Robe de Candidat faifoit beaucoup perdre de cette grande autorité qu'il avoit acquife par une vie jufque-là irréprochable. Il difoit qu'il n'avoit point apperçû dans le triomphe avec le refte du butin, les vafes d'or & d'argent qu'il foutenoit avoir été trouvés entre les autres dépoüilles dans le camp d'Antiochus lorfqu'on s'en étoit rendu maître. Enfin Glabrion indigné de cette chicanne, & dans le deffein de rendre Caton odieux, déclara qu'il fe défiftoit de fa demande, puifqu'un compétiteur aussi nouveau que lui, tâchoit d'obtenir par un parjure détestable, une dignité que les Nobles étoient feulement fachés

qu'on leur difputât, fans ouvrir la bouche pour s'en plaindre. On avoit demandé contre l'accufé une amende de cent mille* As. L'affaire fut plaidée par deux fois à la troifiéme, le peuple voyant qu'il fe défiftoit de fa demande, ne voulut point opiner fur l'amende, & les Tribuns cefferent de le poursuivre. On éleva à la cenfure T. Quintius Flamininus, & M. Claudius Marcellus.

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Pendant ces mêmes jours le Sénat donna Audience hors de la Ville dans le temple d'Apollon, à L. Emilius Regillus, qui avoit battu fur mer Polyxenidas Lieutenant d'Antiochus. Lorfqu'il eût expofé la grandeur de la Flotte ennemie qu'il avoit vaincuë, le nombre des Vaiffeaux qu'il avoit pris ou coulés à fond, les Sénateurs d'un commun confentement lui décernerent le triomphe naval. Il en fit la cérémonie aux Calendes de Février. On fit. paroître aux yeux du Peuple quarante-cinq couronnes d'or, mais une quantité d'argent très-modique pour une victoire auffi importante. Il n'y avoit que trente-quatre mille fept cens Environ 5ooo liv.

* tetradrachmes Attiques : cent trente-un mille trois cens † Ciftophores. Le Sénat ordonna enfuite par un Arrêt que les Dieux feroient remerciés de la victoire que L. Emilius Paulus avoit remportée dans l'Espagne. Peu de tems après L. Scipion arriva, & pour s'égaler à fon frere par un furnom glorieux, il fe fit appeller l'Afiatique, il rendit compte au Sénat & au Peuple des avantages qu'il avoit remportés en Afie. Quelques-uns prétendoient qu'on exageroit exceffivement une Guerre fr promptement & fi facilement terminée. par le fort d'un feul combat; outre que la victoire d'Acilius auprès des Thermopyles ôtoit à celle de Scipion une grande partie de fon mérite. Mais à dire le vrai, ce furent les Etoliens qui furent vaincus dans ces détroits, plûtôt qu'Antiochus qui n'avoit - la que la moindre partie de fes troupes, au lieu qu'il oppofa à L. Scipion toutes les forces de l'Afie, qu'il avoit ti

* Trente-quatre mille fept cens tetradrachmes Attiques, qui vàlant quatre drachnies chacun, comme le mot le porte, faifoient 13S800 drachmes, qui pouvoient reve

nir à la fomme de 69400 liv.

† On a marqué plus haut ce que c'etoit que le Ciftophore, moindre de la moitié que la drachme, qui équivaloit au denier Romain.

rées des extrêmités de l'Orient, dont il avoit obligé les Peuples de venir à fon fecours. C'est donc avec raifon que les Romains rendirent aux Dieux les actions de graces & les honneurs dont ils étoient dignes, pour leur avoir facilité le gain d'une victoire fi illuftre & fi importante, & qu'ils accorderent à leur Général un honneur qu'il avoit fi bien mérité. Il triompha aux Calandes Triomphe de Mars dans le mois * Intercalaire. Ce de L. Scipion l'Afiatique. triomphe, par le fpectacle qu'il offrit aux yeux, furpassa celui de l'Africain. Mais du côté du péril & de la difficulté de la Guerre, il lui étoit autant inférieur, que L. Scipion l'étoit à fon frere, ou Antiochus à Annibal. Il expofa deux cens trente-quatre étendards, l'image de cent trente-quatre Villes : douze cens vingt dents d'Elephan : deux cens vingt-quatre couronnes d'or: cent trente-fept mille quatre cens vingt livres d'argent en maffe: deux cens vingt-quatre mille tetradrachmes Attiques trois cens trente-un mille foixante & dix Ciftophores; cent quarante mille Philippes † d'or: quatorze

*On a dit ce que c'étoit que les mois intercalaires, au chap. 19. du premier Livre

Les Philippes valoient fuivant la plus commune opinion autour de vingt-cinq f yfols.

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