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met en état de foutenir & même c d'augmenter votre réputation, fans « manquer aux devoirs de la reconnoiffance. Car par la bonté des Dieux « la victoire que vous avez remportée « eft non-feulement illuftre, mais en- «. core opulente, & peut aisément vous « acquitter de cette efpece de dette. «< Car vous pouvez difpofer de la Ly- « caonie, des deux Phrygies, de toute « la Pifidie, de la Cherfonnese, & des « païs de l'Europe qui font voifins de « ces Provinces. La moindre de ces « contrées aggrandira le Royaume.c d'Eumenes, & toutes enfemble l'é- ce galeront aux plus grands Rois. Vous « pouvez donc enrichir vos amis, fans c faire tort à votre réputation ; & vous & fouvenant du titre glorieux de libé- « rateurs que vous avez pris dans la « Guerre de Philippe, & depuis dans « celle d'Antiochus, vous devez vous « perfuader que, ce que vous avez fait « après avoir vaincu le premier on « l'attend encore de vous après la dé- « faite de l'autre, non parce que vous « l'avez déja fait, mais parce qu'il eft « de votre honneur de le faire. Car à tous les motifs de faire la Guerre ne <<< paroiffent pas également honnêtes à «

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» tous ceux qui s'y engagent. Les uns >> l'entreprennent par l'ambition de >>>s'emparer de quelque territoire, de » quelque Ville, de quelque Port, ou » de quelque côte maritime.Pour vous, » vous n'avez jamais defiré ces avan»tages avant de les avoir acquis, & ❞ vous ne pouvez même les defirer au>> jourd'hui que vous êtes les maîtres

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de la terre. Vous n'avez combattu "que pour acquerir de la gloire, & » avoir la prééminence fur tous les au» tres peuples, qui depuis long-tems » n'ont pas moins de vénération pour » votre nom & pour votre empire, que » pour les Dieux immortels. Vous ne » vous êtes élevés à ce haut degré de puiffance qu'avec des peines infi»nies; & je ne fçai fi vous n'en au»rez pas encore davantage à vous y » maintenir. Vous avez entrepris de » tirer de la fervitude la Nation la plus » ancienne & la plus célébre, foit par "l'éclat de fes hauts faits foit par » l'humanité, la politeffe, & l'amour >> des Arts & des Sciences, qui l'ont fi » fort diftinguée de toutes les autres. » Rien ne peut vous faire plus d'honneur que de lui conferver éternelle»ment cette protection que vous lui.

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avez promife, & de l'étendre à tou- « tes les parties de ce peuple, en quelque lieu de l'univers qu'elles fe foient établies. Car ce ne font pas feulement « ceux qui font reftés jufqu'à ce jour dans leur premiere patrie qu'on doit « comprendre fous le nom de Grecs, « mais encore ceux qui en font fortis, « pour aller fonder des Colonies dans « l'Afie, le changement de climat « n'ayant point changé leurs moeurs ni «. leurs maximes. Tout tant que nous « fommes de Villes ou de Républiques qui avons établi notre domicile en « païs étranger, avons toujours difputé de l'honneur & de la vertu avec « nos peres & nos fondateurs. La plû «e part de vous avez vifité les Villes de « la Grece & celles de l'Afie, & vous. «. n'avez point trouvé d'autre differen- « ce entre les unes & les autres, que ce celle qu'y met l'éloignement ou la « proximité de Rome. Si le changement de terrein avoit été capable de « gâter la bonté naturelle des Marfeil- « lois, il y a long-tems que le commer- </ ce de tant de peuples féroces dont ils « font environnés les auroit corrom- « pus. Mais ils ont fi bien confervé, « non-feulement le langage & les hace

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» billemens de leurs peres, » core plus leurs mœurs leurs loix: » & leur génie, fans que la barbarie » des Gaulois ait en rien alteré la » pureté de leur premiere origine » que, comme nous l'entendons dire » Vous n'avez pas moins d'affection & » d'eftime pour eux, que s'ils habi » toient encore dans le fein de la Gre»ce. Le Mont Taurus fert maintenant » de bornes à votre Empire. Tous les » peuples qui font en deça de ce terme »ne doivent point vous paroître étrangers, ni leur païs trop éloigné. Il faut que les Nations qui ont é» prouvé la force de vos armes,éprou-vent auffi la juftice & la bonté de Votre gouvernement qui réfide ici » comme dans fon centre. Que les bar>> bares qui n'ont jamais reconnu d'au

tres loix que la volonté de leurs » maîtres, obéïffent en efclaves à leurs. » Rois, puifque telle eft leur inclina

tion. Les Grecs font contens de leur » fort; & quoiqu'ils ayent eu autrefois » affez de courage & de force pour » afpirer à l'Empire, ils fon ravis de » le voir aujourd'hui où les Dieux » l'ont placé, & ils les prient de l'y conferver toujours, Il leur fuffit de

défendre leur liberté avec vos armes, « puifqu'ils ne le peuvent faire avec« les leurs. On me dira peut-être que « des Villes dont je parle, les unes ont «< été dans le parti d'Antiochus, les « autres auparavant dans celui de Phi- « lippe, & que les Tarentins ont ap- « pellé Pyrrhus en Italie. Mais pour ne « point parler des autres peuples à qui on peut faire le même reproche, Car- « thage votre plus grande ennemie « jouit encore de fa liberté & fe gou- « verne par fes loix. Voyez à quoi vous engage cet exemple. Accorderez- « vous à la cupidité d'Eumenes, ce « que vous avez refufé à votre jufte « reffentiment? Jugez par la fidélité « avec laquelle nous vous avons fervi « pendant la Guerre, du confeil que c nous vous donnons pendant la paix: « & foyez perfuadés que fi vous le fui- « vez, l'ufage de la victoire vous ren- « dra plus grands & vous fera plus d'honneur que la victoire même. » Ce ̈ difcours des Rhodiens parut convenir à la grandeur & à la générosité dont fe piquoient les Romains.

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Après les Rhodiens, on appella less Ambassadeurs d'Antiochus, qui fuivant la pratique de ceux qui deman

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