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de l'Europe, ils l'avoient obligé de fe renfermer dans l'Afie au-delà du Mont Taurus. A l'égard de fes fervices, il ajoûta qu'il aimoit mieux que le Sénat les apprit de la bouche des Généraux & des Lieutenants Romains que de la fienne. « Tous les Sénateurs ayant « loüé fa modeftie, l'exhorterent à dire « hardiment lui-même,ce qu'il croyoit « que le Sénat & le Peuple Romain « dûffent faire pour reconnoître fes « bons offices. Que leur deffein étoit « d'aller au-delà de fes fouhaits, &, « s'il étoit poffible, de fes fervices. Le « Roi répondit à un compliment fi gra, « cieux, que fi ç'eût été tout autre qui lui eût donné le choix des récompen- « fes qu'il croyoit mériter, il auroit « volontiers. confulté une affemblée fi « fage & fi augufte, pour apprendre « d'elle comment il auroit dû répon- « dre, pour ne point paffer les bornes << de la raifon & de la modestie. Mais « puifque c'étoit d'eux-mêmes qu'il at- « tendoit cette récompenfe, il étoit « juste qu'il remit à leur difcretion & « à leur bonné volonté, la libéralité « dont ils voudroient user à l'égard de «< lui & de fes freres. » Le Sénat ne fe rendit point à ces raifons, & vouloit

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d'Eumenes contre les Khodiens.

abfolument qu'Eumenes dit lui-même ce qu'il demandoit : & après qu'ils eurent long-tems difputé de civilité, fe déférant mutuellement le choix dont il étoit question, fans que le Sénat ni le Roi voulussent s'expliquer, Eumenes fortit du* Temple. Le Sénat s'opiniâtra dans fon fentiment, jufqu'à dire qu'il étoit ridicule que le Roi ignorât ce qu'il étoit venu demander à Rome. » Perfonne pouvoit-il mieux >> fçavoir que lui, ce qui convenoit à »fes Etats? Ne connoiffoit-il pas l'A» fie beaucoup plus parfaitement que >> le Sénat? » On conclut qu'il falloit le rappeller, & le contraindre de déclarer ce qu'il fouhaitoit qu'on fit pour

lui.

Le Préteur le ramena donc dans le Sénat, & ayant été preffé de parler : Difcours »J'aurois continué à me taire, dit-il, >> Meffieurs, fi je ne fçavois que vous >> allez donner audience aux Rhodiens, »>& que je ferai toujours dans la né» ceffité de leur répondre. Ce qui me >> fera d'autant plus difficile, que dans » tout ce qu'ils vous demanderont, il

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On a deja averti qu'on donnoit ce nom à la Salle où le tenoit le Sénat, parce qu'il ne pouvoit s'affembler que dans un lieu confacré par les augures.

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ne paroîtra pas qu'il y ait rien qui « me foit contraire, ou qui puiffe tour- << ner à leur avantage. Car ils plaideront la caufe des Villes Grecques, & prétendront qu'elles doivent être «< mifes en liberté. Et s'ils obtiennent <<< ce point, qui doute qu'ils ne me faf- « fent perdre non-feulement les Villes «< qui feront délivrées mais encore « celles qui ont été de tout tems foumi- « fes à ma puiffance; tandis qu'eux-«< mêmes tiendront dans une véritable « fervitude, fous le nom fpécieux d'Al- « liés, les peuples à qui ils paroîtront avoir rendu un fi grand fervice? Et « s'il vous plaît, dans le tems qu'ils » afpireront à une domination fi éten- « duë, ils affecteront un grand defin- «<< téreffement, & tâcheront de vous << perfuader qu'ils ne parlent que pour « votre gloire, qui demande que vous « fouteniez vos premiers engagemens. « C'est à vous, Meffieurs, à vous dé- « fier d'un difcours artificieux & fédui- «< fant:c'eft à vous à prendre garde qu'en «< élevant trop quelques-uns de vos Al- « liés, vous n'abaiffiés trop les autres, « & que ceux qui ont porté les armes « ne foient mieux trai- «<< tés, que ceux qui ont toujours été «

contre vous,

>> vos amis & vos Alliés. Pour ce qui » me regarde, Meffieurs, en toute au>> tre matiere, j'aimerai toujours mieux >> paroître me relâcher de mes droits, »que de les foutenir avec trop d'opi»niâtreté. Mais quand il fera queftion » de l'amitié, de la bienveillance, & >> des diftinctions, qu'on peut mériter >> par les fervices qu'on vous rend, je >>ne fouffrirai pas volontiers que quel» qu'un l'emporte fur moi de ce côté»là. C'eft-là le plus grand des biens » que j'ai hérité de mon pere, qui de >>tous ceux qui habitent la Grece & » l'Afie a fait avec vous une amitié » qu'il a cultivée conftamment jufqu'à

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la fin de fa vie ; qui non content de »vous demeurer fidéle, s'eft trouvé >> dans toutes les Guerres que vous avez » faites dans la Grece, tant par mer, »que par terre, qui vous a fourni plus » qu'aucun de vos autres Alliés, toutes » les provifions dont vous avez eu be»foin, & qui enfin parlant avec une » véhémence extraordinaire pour por»ter les Boëtiens à faire alliance avec » vous tomba de foibleffe & d'épui» fement, au milieu de fon discours, & > expira peu de tems après. En mar>>>chant fur fes traces, il ne m'a pas été >> poffi

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poffible de le furpaffer du côté du « zéle & de l'affection qu'il vous a té- « moignée, & qu'il avoit portée au « dernier degré mais la fortune, les « conjonctures du tems, & la Guerre « que vous avez faite contre Antio- « chus jufque dans l'Afie, m'ont don- « né occafion de vous rendre des fer- « vices plus confidérables & plus réels. «< Ce Roi de l'Afie & d'une partie de « l'Europe m'offroit fa fille en maria- « ge; il me rendoit fur le champ les « Villes qui avoient quitté mon parti ; « il me promettoit que dans la fuite il augmenteroit confidérablement mes << Etats, pourvû que je vouluffe m'u- « nir avec lui pour vous faire la Guer- «< re. Je ne dois pas me faire valoir, « pour n'avoir point fait de fautes con- « tre vous. J'aime mieux rapporter les « faits qui font dignes de l'ancienne <<< amitié qui eft entre notre famille & « votre République. J'ai fecouru vos < Généraux de mes Flottes & de mes « armées, de façon que vous n'avez « point d'Alliés qui m'ayent égalé en « ce point. Je leur ai fourni des vivres « fur mer & fur terre : Je me fuis trou- « vé en perfonne à tous les combats << qui fe font fouvent donnés fur mer, « Tome 11. L

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