hommes de pied & quatre cens cavaliers Latins, & qu'avec ces forces il continueroit la Guerre contre Antiochus. On deftina à l'autre l'Etolie pour Province, avec l'armée qui y étoit déja, qu'il recruteroit d'un nombre de Citoyens & d'Alliés égal à celui qu'on accordoit à fon collégue. Ce der nier devoit auffi équiper les mêmes Vaiffeaux qui avoient été préparés l'année précédente, & les mener avec lui; & non-feulement faire la Guerre contre les Etoliens, mais encore paffer dans l'Ifle de Cephallenie. On lui recommanda encore de revenir à Rome, pour y préfider aux Affemblées, finon de faire fçavoir au Sénat que le bien de la République ne lui permettoit pas de quitter fa Province. Car outre les Magiftrats annuels qu'il falloit nommer, on vouloit encore créer des Cenfeurs. Les Confuls tirérent au fort qui donna P'Etolie à M. Fulvius, & à Cn. Manlius l'Afie, pour Provinces. Les Préteurs enfuite en firent autant ; & S. Poftumius Albinus eut la commiffion de rendre la juftice tant aux Citoyens qu'aux Etrangers. M. Sempronius Tuditanus fut envoyé en Sicile, Q. Fa térieure, bius Pictor Prêtre de Romulus en Sardaigne, L. Plautius Hypfoeus dans l'Efpagne citérieure, & L. Bebius Dives dans l'ultérieure. Q. Fabius Labéon eut le commandement de la Flotte. On décérna au Préteur de Sicile une légion, & le commandement de la Flotte qui étoit dans la Province, avec or dre d'y lever deux dixmes, dont il en feroit tranfporter une en Etolie, & l'autre en Afie. Le Préteur de Sardai- Préteur de gne fut chargé de tirer de fon Gouver- PEfpage ulnement la même quantité de bleds, & d'en faire le même ufage. On donna à Q. Bebius, outre la légion de fa Province, un fupplément de mille hommes de pied & de cinquante cavaliers Romains, avec fix mille hommes de pied & deux cens cavaliers Latins ; & à Hypfœus pour l'Efpagne citérieure avec fa légion, mille Fantaflins Romains, & le double de Latins avec deux cens cavaliers. A l'égard des Magistrats de l'année précédente, on continua pour un an à C. Lelius le commandement de fon armée, au Propréteur Pub. Junius le Gouvernement de l'Etrurie & des troupes qu'il y commandoit, & au Préteur M. Tuccius celui de l'Abruzze & de l'Apoüille. Avant que les Préteurs partiffent pour leurs Provinces, il s'éleva entre Pub. Licinius Souverain Pontife, & Q. Fabius Pictor Prêtre de Romulus une difpute femblable à celle qu'avoient eûë autrefois L. Metellus & Poftumius Albinus. Le dernier, qui étoit Prêtre de Mars, s'étoit mis en devoir de partir pour aller commander l'armée navale en Sicile avec C. Lutatius fon Collégue dans le Confulat: mais Metellus, alors grand Pontife, l'avoit forcé de refter à Rome, pour s'y acquitter de fon Miniftere. A fon exemple Licinius y retint Fabius Pictor, & l'empêcha d'aller dans la Sardaigne fa Province. Mais avant qu'il en vint à bout, l'affaire fut debattue avec beaucoup de chaleur & dans le Sénat, & devant le peuple. Les deux adverfaires employerent l'un contre l'autre les voyes de fait; ils fe firent condamner réciproquement à l'amende : l'un & l'autre fut obligé de donner des cautions: on implora le fecours des Tribuns, & on porta l'affaire au Tribunal du Peuple. Enfin après bien des conteftations, la Religion l'emporta, & le Prêtre fut contraint d'obéïr au grand Pontife. A l'égard des amendes, le peuple les remit à l'un & à l'autre. Mais Fabius irrité d'avoir perdu fa Province, vouloit fe démettre de la Préture, fi les Sénateurs, par leur autorité, ne l'euffent à la fin déterminé à la conferver, & à l'employer à rendre la juftice aux Etrangers. Cette affaire étant affoupie, on fit les levées en très-peu de jours, parce qu'on n'avoit pas befoin de beaucoup de troupes, & les Confuls auffi bien que les Préteurs s'en allerent dans leurs départe→ mens. Il fe répandit alors un bruit vague & fans auteur de ce qui s'étoit paffé en Afie. Mais quelques jours. après, il fut fuivi de nouvelles plus certaines, & des Lettres mêmes du Conful qui répandirent la joye parmi tous les Citoyens; non qu'actuellement ils appréhendaffent beaucoup Antiochus qui avoit déja été vaincu dans l'Etolie; mais parce qu'ils n'avoient pas encore oublié combien cet ennemi leur avoit femblé redoutable au commencement de la Guerre, tant par fes propres forces, que par l'avantage qu'il avoit de voir Annibal à la tête de fon Confeil & de fes armées. Ils ne crurent pas cependant devoir rien changer à la réfolution qu'ils avoient prife d'en , Le Sénat donne Au dience au Roi Eumenes. voyer le nouveau Conful en Afie, ni diminuer les troupes qu'ils avoient deftinées pour cette expédition, parce qu'ils avoient lieu de craindre qu'ils ne fuffent obligés de faire la Guerre contre les Gaulois. Bien-tôt après arriverent à Rome M. Aurelius Cotta Lieutenant de L. Scipion avec les Ambaffadeurs d'Antiochus, le Roi Eumenes, & les Ambaffadeurs des Rhodiens. Cotta expofa tout ce qui s'étoit paffé en Afie premierement dans le Sénat, puis dans l'affemblée du Peuple. On ordonna trois jours de Proceffions pour de fi heureux fuccès, & on immola quarante grandes victimes. Alors on donna audience à Eumenes le premier. Ce Prince remercia les Sénateurs de la bonté qu'ils avoient eûë de le délivrer lui & fon frere, lorfqu'ils étoient affié gés dans Pergame, & de mettre fes Etats à couvert des injures & des hoftilités d'Antiochus : puis les félicita eux-mêmes de ce qu'ils avoient vaincu ce Roi par mer & par terre, de ce qu'ils avoient pris & pillé fon camp, & de ce qu'après l'avoir entierement chaffé * Il faut entendre par-là les Gallo-Grecs établis en |