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tre ayant la pointe tournée vers la terre; la premiere pour trancher obliquement; & l'autre pour percer de haut en bas ceux qui étant tombés tâcheroient de fe relever. Enfin à chaque roue, deux autres étoient attachées à l'effieu, dans la même fituation, & pour le même effet. Antiochus conce vant que s'il plaçoit ces chars à l'ar riere-garde, ou au centre, ceux qui devoient les conduire, feroient obligés de les faire paffer à travers de ses trou pes, il les avoit mis au premier rang, comme on a déja dit. Eumenes qui connoiffoit ce genre de combat, & qui fçavoit combien ce fecours étoit équivoque, fi on prenoit foin d'effrayer les chevaux qui tiroient les chars, plûtôt que de les attaquer de près,ordonna aux Archers de Créte, aux Frondeurs, & à ceux des cavaliers qui étoient armés de javelots, de courir tout autour, non ferrés ensemble, mais écartés le plus qu'ils pourroient, & d'accabler les chevaux de traits lancés de plufieurs côtés en même-tems. Cette grêle de fléches, dont ces animaux fe fentoient percés, accompagnée des cris divers qu'on pouffoit de tous côtés, les confterna tellement, qu'ils fe mi

rent à courir au hafard & comme forcenés, dans l'efpace qui reftoit vuide entre les deux armées, fans que le frein pût les arrêter, les Soldats legerement armés, les Frondeurs & les Crétois par leur agilité, évitant aifément leur rencontre; pendant que les cavaliers en les pourfuivant vivement, augmentoient encore leur épouvante auffibien que celle des chameaux qui n'éto ent pas moins éperdus, ni moins effrayés, par les clameurs qu'ils entendoient de toutes parts autour d'eux. Après que les Romains eurent écarté ce vain épouventail, les deux Partis au fignal qui leur fut donné, se livrerent un combat véritable.

Au reste cet attirail inutile caufa réellement la perte des Syriens. Car les troupes auxiliaires qu'on avoit placées près de ces chars, effrayées du defordre & de la confternation des chevaux, prirent elles-mêmes la fuite, & laifferent toute cette partie découverte jufqu'à l'endroit où étoient les cavaliers cuiraffés ou cataphractes. Alors la cavalerie des Romains les voyant abandonnés de ceux qui pou- che du Roien voient les foutenir, fondit fur eux avec tant de vigueur, qu'ils ne foutinrent

L'aile gau

defordro

de

pas même fon premier effort. Les uns furent mis en déroute, & les autres opprimés fur la place, la pefanteur de leur armure ne leur permettant pas fuir. Dés ce moment toute l'aîle gauche s'ébranla ; & par la défaite des secours qu'on avoit rangés entre la cavalerie & la phalange, la terreur paffa jufqu'au corps de bataille. Ceux dont il étoit compofé, fe mirent eux-mêmes en defordre, & ceux des leurs qui venoient fe jetter parmi eux, les empêchant de faire ufage de leurs longues picques appellées Sariffes par les Macédoniens, les Légions Romaines accoururent & les attaquerent à grands coups de dards; fans que les éléphans qu'on avoit placés entre leurs bataillons, étonnaffent les Soldats Romains accoutumés dès le tems qu'ils avoient fait la Guerre en Afrique, à éviter l'impétuofité de ces bêtes, foit en les perçant obliquement à coups de javelots, foit même en leur coupant les jarrets, quand ils pouvoient s'en Le centre approcher davantage. Déja les Rode la bataille mains avoient rompu le corps de ba

renverse.

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taille des Syriens par-devant, & tailloient en piéce l'arriere-garde qu'ils avoient inveftie; lorfque dans une au

tre partie, ils oüirent les cris des leurs qu'on avoit mis en fuite & pouffés jufqu'auprès de leur camp. Car comme le Conful perfuadé que fa gauche. feroit affez défendue par les bords efcarpés du Fleuve, ne l'avoit appuyée d'aucun fecours, finon de quatre efcadrons, qui même s'étoient éloignés de l'eau, pour fe joindre au refte de l'armée; Antiochus, qui de la droite où il commandoit, apperçût ce vuide vint attaquer de ce côté-là avec fes troupes auxiliaires & fa cavalerie cuiraffée; & non-feulement il preffoit les Romains de front, mais passant à côté de la riviere, il commençoit à les battre en flanc; enforte que les cavaliers d'abord, puis les gens de pied les plus voifins, prirent ouvertement la fuite & ne s'arrêterent point, qu'ils ne fuffent arrivés à la vue de leur camp.

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M. Emilius Tribun des Soldats qui y commandoit, & qui étoit fils de M. Lepidus qu'on éleva à la dignité de Grand Pontife quelques années après, n'eût pas plutôt apperçû la fuite & la confternation des fiens, qu'il vint audevant d'eux avec toute fa troupe ; & leur reprochant leur crainte & leur lâchuté, leur ordonna de retourner fur la

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champ au combat: & fur ce qu'ils hế-
fitoient, il les menaça de les charger,
s'ils n'obéïfoient promptement; & en
effet, il commanda aux fiens de tuer
les premiers, & de forcer les autres à
grands coups d'épée à retourner con-
tre les ennemis. La crainte de périr de
la main de leurs concitoyens l'emporta
fur celle qui leur avoit fait éviter les
armes des Syriens. Ils retournerent
donc au combat ; & Emilius avec fon
escorte compofée de deux mille hom-
mes choifis, arrêta d'abord la fougue
impétueufe du Roi, puis le preffa vi-
vement à fon tour : & dans le même-
tems Attalus frere d'Eumenes ayant vâ
de l'aîle droite, qui du premier choc
avoit renversé la gauche d'Antiochus
que les Romains fuyoient à la gauche,
& qu'on les avoit rembarrés jufqu'à
leur camp, accourut fort à propos à la
tête de deux cens cavaliers. Alors le
Roi voyant que ceux qu'il pourfuivoit
un moment auparavant, revenoient à
la charge, & que d'autres fe déta-
choient de la bataille pour venir fon-
dre fur lui tourna le dos à fon tour
& s'enfuit avec précipitation. Ainfi
les Romains vainqueurs à la droite &
à la gauche, paffant fur les corps

morts

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