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dont les bords efcarpés lui fervoient de rempart. Il y mit cependant à telle fin que de raifon quatre efcadrons de cavalerie. Voilà les troupes dont étoit compofée l'armée dur Conful. A l'égard de deux mille tant Thraces que Macédoniens qui avoient volontairement fuivi ce Général, il les employa à la garde du camp. Il n'avoit que feize éléphans qu'il plaça à la queuë derrie re les Triariens. Car outre qu'ils ne paroiffoient pas pouvoir réfifter à ceux. d'Antiochus qui en avoit cinquantequatre, quand ils auroient été en nombre égal, ils leur auroient toujours été inférieurs, les éléphans Indiens furpaffant de beaucoup les Africains en grandeur, en force & en courage.

Il y avoit bien plus de variété dans la bataille du Roi, tant pour la difference des Nations, que pour celle des fecours & des armes. Il avoit feize mille hommes de pied armés de la même maniere que la phalange Macédonienne qu'il plaça les premiers dans le centre, partagés en dix bataillons mettant deux éléphans dans chacun des efpaces qu'il laiffa de l'un à l'autre. Toutes les files de ces bataillons avoient chacune trente- deux Soldats

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dans la profondeur. C'étoit-là l'élite, la fleur & la force de l'armée du Roi; c'étoit l'objet le plus capable de donner de la frayeur, tant par la fierté des Soldats mêmes, que par la taille énorme des éléphans qui s'élevoient au milieu d'eux, & que leurs frontieres leurs aigrettes, & les tours qu'ils portoient fur leurs dos, remplies de quatre Soldats armés outre le Gouverneur, rendoient encore plus redoutables. Il mit à la droite de cette phalange quinze cens cavaliers Gallo-Grecs, aufquels il en joignit trois mille armés de cuiraffes, appellés Cataphractes; & mille autres de ceux qu'ils nomment † Agema, choifis parmi les Medes & autres peuples de cette contrée. Il plaça de fuite à quelque diftance d'eux une troupe de feize éléphans pour les fou tenir. Dans la même partie, un peu plus avant, étoit la cohorte du Roi, compofée de ceux à qui leurs Boucliersd'argent ont donné le nom § d'Argyrafpides, & les cavaliers Daces, armés

* Ornemens qu'on mettoit au front de ces animaux.

En Grec aynua, apparemment du verbe Εγώ.

§ äerungs argent, & avis Bouclier

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de fléches, au nombre de douze cens puis les Soldats armés à la legere des Tralliens & des Crétois, quinze cens de chaque Nation, & deux mille cinq cens Archers Myfiens: tout à l'extrémité étoient rangés les frondeurs Cyrtéens, & les Archers Elyméens. A la gauche des Phalangites, il mit comme à la droite, quinze cens cavaliers Gallo-Grecs; & deux mille Cappadociens armés de la même façon, qui avoient été envoyés par le Roi Ariarathes : enfuite deux mille fept cens Soldats de troupes auxiliaires de diverfes Nations, & trois mille cavaliers cuiraffés ou cataphractes; & mille autres à peu près femblables, finon qu'ils étoient plus legerement armés, & leurs chevaux moins caparaçonnés : ces derniers formoient la cohorte du Roi compofée de Syriens, de Phrygiens, & de Lydiens. Devant cette cavalerie étoient rangés les chars à quatre chevaux, hériffés de faux, & les chameaux qu'on nomme Dromadaires, montés par des Archers Arabes qui portoient des épées étroites, mais longues de quatre coudées, afin de pouvoir atteindre l'ennemi de toute la hauteur de ces animaux. Enfuite étoit une autre multitude, à peu

de chose près, femblable à celle qui étoit à l'aîle droite, compofée de Tarentins premierement, puis deux mille cinq cens cavaliers Gallo-Grecs, de mille Néocretois, de quinze cens Cariens ou Ciliciens armés de même forte, d'autant de Tralliens, & de trois mille Soldats portans boucliers, tirés de la Pamphylie, de la Pifidie, & de la Lycie; des troupes auxiliaires des Cyrthéens & des Elyméens, en même nombre qu'à l'aîle droite ; & enfin, à quelque diftance de là de feize éléphans. Le Roi lui-même commandoiť l'aîle droite; Seleucus menoit la gauche avec Antipater. Il avoit mis à la tête du corps de bataille, trois Chefs; fçavoir, Minion, Zeuxis, & Philippe le chef & le maître des éléphans. †

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Un brouillard qui s'étoit élevé le matin, après avoir couvert les deux armées d'épaiffes ténébres, les inonda vers le midi d'une pluye abondante. Ces deux inconvéniens ne nuifirent pas beaucoup aux Romains, mais furent

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très-incommodes & très-contraires aux
troupes du Roi. Car les premiers n'oc
cupant qu'une médiocre étendue de
païs, ne laiffoient pas de fe voir les uns
les autres; & leurs armes la plûpart
folides & pefantes, ne furent nulle-
ment endommagées par les eaux qui
tomberent deffus. Mais les differentes
parties de l'armée d'Antiochus étoient
fi éloignées les unes des autres, que
bien loin que les deux extrêmités fe
puffent entrevoir, ceux du centre ne
pouvoient pas même diftinguer ce qui
fe paffoit aux deux aîles : & la pluye
amollit tellement les cordes de leurs
arcs & de leurs frondes, & les cour-
royes de leurs javelots, qu'il ne leur
fut pas poffible d'en faire ufage; & les
chars armés de faux, dont le Roi avoit Chars armés
efperé de fe fervir pour mettre les Ro- de faux,
mains en defordre tournerent toute
leur terreur contre les Syriens mêmes.
Voici quelle étoit la figure de ces
chars. Deux lances de fer longues d'u-
ne coudée fortoient du milieu du ti-
mon, en forme de cornes, deftinées à
enfoncer tout ce qui fe prefenteroit de
front. A chaque côté du joug.ou du
fiége, il y en avoit deux autres ; l'une
de niveau avec le joug même ; & l'au-

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