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avoit avec lui foixante & dix mille hommes de pied, & plus de douze mille chevaux. Mais quoique des forces fi confidérables le miffent en état, & lui donnaffent la confiance de hafarder la bataille, cependant retenu par l'autorité de ce grand homme en qui il efperoit de trouver une reffource affurée contre les accidens de la fortune il paffa le Fleuve Phrygien, & fe campa autour de Magnefie près de Sipyle; & craignant que les Romains n'entrepriffent de le forcer dans fon camp, pendant qu'il temporifoit, il fit creufer un foffé large de douze coudées, & profond de fix, qu'il munit par-dehors d'une double palliffade, & en dedans, d'un mur flanqué de plufieurs tours du haut defquelles il lui étoit aifé de repouffer les Romains s'ils s'avifoient de vouloir paffer le foffé.

Le Conful qui croyoit le Roi campé près de Thyatire, marcha en diligence pour l'aller chercher, & au bout de cinq jours it defcendit dans la plaine d'Hyrcanie. Mais apprenant qu'il en étoit délogé, il le fuivit à la piste, &

Le Fleuve Hyllus, felon Strabon.

alla camper en deçà du Fleuve Phrygien, à quatre milles de l'armée ennemie. Alors environ mille cavaliers, la plûpart Gallo-Grecs, à qui s'étoient joints quelques Daces & quelques Archers d'autres Nations, ayant paffé le Fleuve à la hâte, vinrent attaquer le Corps-de-Garde avancé du Conful. D'abord ils le mirent en defordre; mais comme les Romains fe défendirent affez long-tems, & que la proximité de leur camp les mettoit à portée de recevoir du renfort: les gens d'Antiochus Fas ne pouvant plus réfifter à tous ceux qui leur tomboient fur les bras firent retraite, laiffant fur les bords du Fleuve, quelques-uns des leurs que les Romains tuerent, avant qu'ils entraffent dans l'eau. Les armées pafferent les deux jours fuivans dans le filence, fans faire aucun mouvement. Mais le troifiéme, tous les Romains pafferent le Fleuve, & fe camperent à deux mille cinq cens pas des ennemis. Pendant qu'ils étoient occupés à fe retrancher, trois mille hommes choifis tant Infanterie, que Cavalerie, vinrerst de l'armée du Roi fondre fur eux avec beaucoup de tumulte & de fracas. Quoique ceux des Romains qui étoient

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au Corps-de-Garde ne fuffent qu'au nombre de deux mille, ils fe défendirent cependant par eux-mêmes, fans appeller perfonne du camp à leur fecours; & d'abord ils les arrêterenţ tout court; puis le combat s'étant échauffé, les mirent en fuite, après leur avoir tué cent hommes, & en avoir fait autant de prifonniers. Les. quatre jours fuivans, les deux armées fe tinrent en bataille devant leurs retranchemens, fans cependant engager aucune action. Mais le cinquiéme, les Romains s'avancerent au milieu de la plaine, Antiochus reftant dans fa place; enforte que les plus avancés: des Romains n'étoient pas à plus de mille pas de fes retranchemens.

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Quand le Conful vit que les ennemis refufoient la bataille, il affembla fon confeil, pour examiner ce qu'il lui conviendroit de faire, fi Antiochus continuoit à fe tenir renfermé dans fon camp. « Il faifoit réfléxion que la Campagne étant prête à finir, il leur >> faudroit ou tenir les Soldats renfer» més dans des Barraques, ou, fi on >> vouloit fe retirer dans des quartiers »d'hyver, remettre la Guerre à l'année fuivante. Les Romains n'avoient

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jamais eu tant de mépris pour aucun «< ennemi. Ainfi ils s'écrierent tous <<< qu'il les menât au camp d'Antiochus, << & profitât de l'ardeur & de la bonne « volonté de fes Soldats. » Il est vrai que fans fe mettre en peine de la multitude des ennemis les confidérant plûtôt comme un troupeau de moutons qui fe laifferoient égorger, que comme des Soldats qu'il leur faudroit combattre, ils étoient difpofés, s'ils ne vouloient pas fortir de leurs lignes, de franchir leurs foffés, d'arracher leurs paliffades, & de les aller chercher juf que dans leur Fort. Cn. Domitius envoyé pour reconnoître les lieux, & examiner par où on pourroit attaquer les retranchemens d'Antiochus, ayant rendu un compte exact de fa commiffion, il fut réfolu que le lendemain on s'approcheroit encore de fon camp. Le troifiéme jour, le Conful commença à étendre fes troupes au milieu de la plaine, & à les ranger en bataille. Le Les deux Roi qui vit que fes retardemens ne fer- Partis fe ranviroient qu'à abattre le courage de fes gent en baSoldats, & à relever celui des Romains, fortit auffi de fon camp, & s'en éloigna affez , pour faire juger aux Romains qu'il avoit pris le parti de

taille.

Dénombre- combattre. La bataille des Romains étoit d'une même forme dans toutes fes

ment des

troupes, dont

les deux ar- parties, les Soldats, non plus que mées étoient leurs armes, n'ayant aucune difference entre eux. Elle étoit compofée de

zompofées.

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quatre Légions, deux de Romains, & deux de Latins, contenant chacune cinq mille quatre cens hommes. Les Romains occupoient le centre, les Latins étoient aux deux aîles; les + Haftats rangés à la tête immédiatement devant les Princes, & les Triariens à l'arriere-garde. Le Conful plaça à la droite, en quelque façon hors de ce corps de bataille régulier & compler par lui-même, les troupes auxiliaires d'Eumenes avec les Achéens armés de Boucliers, tous de front: audelà de ces troupes, il mit un peu moins de trois mille cavaliers tous Romains à l'exception de huit cens qu'Eumenes ayoit amenés ; & plus loin encore cinq cens Tralliens & autant de Crétois. Il ne jugea pas que l'aîle gauche eut befoin d'un pareil fecours, étant rangée le long du Fleuve,

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* Le terme de Légion ne fe difoit proprement que des Romains. Chez les Latins on fe fervoit du terme d'Aîle, ala,

On a d ja averti que c'étoient differences espe ces de Soldats dans l'armée des Romains.

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