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étant auffi-tôt partis pour s'éloigner de cette contagion, lorfqu'ils eurent doublé le Golphe de Pamphilie, ils aborderent à l'embouchure de l'Eurymedon, où ils apprirent des Afpendiens que les ennemis étoient déja arrivés à Sida. Les vents Etefiens qui fouffloient alors & qui leur étoient contraires, avoient retardé leur Navigation. La Flotte des Rhodiens étoit compofée de trente-deux Quadriremes, & de quatre Triremes. Dans celle d'Antiochus, il y avoit trentefept gros Bâtimens, entre lefquels étoient trois Galeres à fept rangs, & quatre à fix, fans compter dix Triremes. Les Syriens avoient auffi découvert les Vaiffeaux Rhodiens d'un lieu élevé. Dès le lendemain les deux Flottes fortirent du Port dès le matin dans le deffein de combattre ce jour-là même : & dès que les Rhodiens eurent. doublé le promontoire qui s'avance de Sida dans la mer, ils apperçûrent les ennemis, & furent apperçûs d'eux. Annibal commandoit l'aîle gauche de la Flotte Royale du côté de la haute.

*Ce terme eft dérive dy mot Grec eros année. On appelle ainfi ces vents, parce qu'ils s'élevent & regnent toujours dans le même-tems, chaque année.

mer; & Apollonius, l'un des confidens d'Antiochus, la droite ; & l'un & l'autre avoient déja rangé leurs Vaiffeaux de front. Les Rhodiens venoient au-devant d'eux fur une longue file Eudamus étant à leur tête dans fa Galere Amirale. Chariclitus conduifoit l'arriere-garde, & Pamphilidas le centre. Quand Eudamus vit les ennemis rangés en bataille, & prêts à charger, il alla le premier au-devant d'eux, ordonnant à ceux qui venoient après lui, de s'avancer de front, & de bien garder leurs rangs. C'eft ce qui caufa d'abord quelque confufion. Car il n'étoit pas affez avancé dans la pleine mer. pour laiffer aux autres Galeres l'efpace dont elles avoient befoin pour se ranger toutes de front du côté de la terre : & lui-même fe hâta un peu trop d'aller à la rencontre d'Annibal n'ayant encore que cinq Vaiffeaux avec lui, ceux à qui il avoit commandé de fe mettre de front, n'étant pas en état de le fuivre. Ceux de l'arriere-garde, par la même raison étoient comme immobiles vers la terre; & tandis qu'ils s'agitoient inutilement, déja les premiers arrivés combattoient à l'aîle droite contre Annibal,

Mais

Mais en un moment la bonté des Vaiffeaux, & la grande expérience de ceux qui les faifoient mouvoir, délivrerent les Rhodiens de tout embarras. Car les plus avancés ayant promptement pris leurs places, laifferent à ceux qui venoient après, la liberté de fe mettre en bataille. Alors les Galeres qui heurtoient celles d'Antiochus de front, ou enfonçoient leurs prouës, ou brifoient leurs rames; ou paffant librement dans les rangs, faifoient le tour pour les aller prendre en poupe. Ce qui caufa le plus de frayeur à la Flotte des Syriens, c'eft que leur Galere à fept rangs fut percée & mife hors de combat par le premier effort d'un Bâtiment Rhodien beaucoup plus petit. Et dèslors l'aîle droite des ennemis prit la fuite. Mais du côté de la mer, Annibal avec la multitude de fes Vaiffeaux, diens battent preffoit extrêmement Eudamus, quoi- d'Antiochus qu'il lui fut inférieur en tout le refte: commandée & il l'auroit infailliblement opprimé par Annibal, fi au fignal de ralliement qu'on donna fuivant la coutume, du haut de la Galere Amirale, tous les Vaiffeaux qui avoient vaincu à la gauche, ne fuffent accourus à fon fecours. Alors Annibal & tous les Navires qu'il avoit autour Tome 11.

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la Flotte

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de lui, prirent la fuite. Les Rhodiens, dont les rameurs la plûpart malades avoient été bien-tôt las, n'eûrent pas affez de force pour les poursuivre. Mais pendant qu'ils faifoient alte en pleine mer & que pour fe remettre de leur épuisement, ils prenoient de la nourriture, Eudamus apperçût de fon bord les ennemis qui remorquoient avec leurs Brigantins celles de leurs Galeres qui avoient été rompuës ou démâtées & en emmenoient environ vingt enco re faines & entieres. Alors faisant faire filence aux fiens du haut de la pouppe, levez-vous, leur dit-il, & venez joüir d'un fpectacle qui vous donnera du plaifir. Ils fe leverent tous, & ayant contemplé la fuite & la confternation des ennemis ils demanderent tout d'une voix la permiffion de les poursui vre. La Galere d'Eudamus étoit percée de plufieurs chocs qu'elle avoit effuyez dans le combat. Ainfi ne pouvant aller lui-même après les vaincus, il ordonna à Chariclitus & à Pamphilidas de les poursuivre tant qu'ils le pourroient faire fans fe commettre. Ils leur donnerent la chaffe pendant affez longtems. Mais quand ils virent qu'Annibal étoit prêt de gagner le rivage, crai

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gnant que le vent ne les pouffât fur les côtes ennemies, & ne les y retint malgré eux, ils fe faifirent de la Galere à sept rangs qui avoit été percée dès le commencement du combat, & la traînerent avec peine jufqu'à Phafelis où les attendoit Eudamus. Ils s'en retournerent de-là à Rhodes moins joyeux de leur victoire, qu'affligés de la faute qu'ils fe reprochoient les uns aux autres, de n'avoir pas fubmergé ou pris toute la Flotte ennemie, comme ils l'avoient pû. Après la perte de cette Bataille, Annibal entreprit de paffer autour de la Lycie, & d'aller au plûtôt joindre l'ancienne Flotte d'Antiochus. Mais les Rhodiens, pour l'empêcher d'executer ce deffein, envoyerent Chariclitus dans le Port de Megifte du côté de Patares avec vingt Vaiffeaux à prouë; & ordonnerent à Eudamus d'aller retrouver les Romains à Samos, avec les fept plus gros Bâtimens de la Flotte qu'il avoit commandée, & d'employer auprès d'eux tout ce qu'il avoit d'autorité, avec les raifons les plus perfuafives,pour les porter à attaquer Patares.

* C'est affürément là la pensée de Tite-Live, malgré la difference des termes de cette phrafe, qui, rendus à la leure, feroient un fens ridicule.

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