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la Grece, dit-il, on m'avoit conful- « té, quand il a été queftion de l'Eu- « bée, des Achéens, & de la Beotie, « je vous aurois donné le même con- «< feil à l'égard de ces Peuples, que je « vais vous donner aujourd'hui à « l'égard des Theffaliens: qu'avant «< toutes chofes, il faut à quelques << conditions que ce foit, attirer Phi- «< lippe & les Macedoniens dans «< notre parti. Car pour les peuples « de l'Eubée, de la Beotie & de la «< Theffalie, peut-on douter, que foi- « bles comme ils font par eux-mêmes, «< & toujours prêts à flatter ceux qui « font préfens, la même timidité qu'ils «< font paroître dans les délibérations «< re les porte à demander grace aux «< Romains, & à leur témoigner leur « foumiffion accoutumée dès qu'ils verront leur armée dans la Grece; « fans que les Romains puiffent leur « faire un crime, ni les punir, de ce « qu'ils ont cedé à votre puiffance, « tandis qu'ils étoient hors d'état par « leur éloignement de les fecourir con- « tre vos troupes qui étoient actuelle- « ment fur leurs terres. Combien eft- «< il donc plus avantageux pour nous, «< d'engager Philippe dans notre allian- «

» ce, lui qui s'étant une fois déclaré; » ne pourra plus reculer; & qui ap» portera avec lui des forces, qu'on » ne pourra pas regarder comme un »foible acceffoire, tels que font les » fecours de ces petits Peuples, mais << qui ont été capables de foutenir elles »feules toute la puiffance des Romains? » Qu'on n'attribuë pas à une vaine » préfomption ce que je vais dire : mais »je fuis bien affuré que fi Philippe fe »joint à nous, les Romains ne feront » pas en état de réfifter, tandis que »nous leur oppoferons les mêmes for»ces qui leur ont donné la victoire >> fur ce Prince ; tandis que les Eto» liens qui, comme perfonne n'en » doute, ont vaincu Philippe, com»battront pour lui contre les Ro

mains; & que nous aurons pour »nous Amynander & lesAthamaniens,

qui après les Etoliens, ont le plus » contribué à la défaite de Philippe. » Ce Prince foutenoit alors feul tout » le poids de la guerre, tandis que » vous étiez tranquiles dans vos Etats. » Au lieu qu'aujourd'hui les deux plus » grands Rois de l'univers, avec tou»tes les forces de l'Afie & de l'Euro»pe, combattront contre un feul Peu

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ple, qui du tems de nos peres étoit à « peine en état de tenir tête au feul « Roi d'Epire: & vous favez ce que « c'étoit que la puiffance de Pyrrhus « comparée à la vôtre. Car je ne parle « point des divers fuccès de la guerre << que je leur ai faite moi-même fi «< long-tems: vous les favez. Mais qui « me répondra que Philippe foit d'hu- « meur à entrer dans notre ligue? Deux « chofes premierement, fon interêt « qu'il ne peut féparer des nôtres. Ce « motif eft le lien le plus ferme des « focietés & des alliances. Seconde- « ment vos difcours, Meffieurs les « Etoliens, car Thoas votre Ambaf- « fadeur qui eft ici préfent, nous a « fouvent affuré qu'entre les raifons « dont il s'étoit fervi,pour attirer An- « tiochus en Europe,il lui avoit repré- « fenté que Philippe frémiffoit de cour- << roux de ce que les Romains, fous l'ap- « parence d'une fauffe paix, lui avoient << impofé le joug d'une veritable fervi- « tude : & que femblable à une bête « farouche qu'on tient enchaînée dans « une prifon, il ne cherchoit que les «

*Dans le Livre précédent au Chap. 18. Alexandre d'Acarnanie a déja employé cette comparaison en par lant de Philippe.

» moyens de rompre les barrieres dans » lefquelles ils l'avoient enfermé. Si » ce Prince est dans les fentimens que » vous dites, c'est à nous de brifer fes chaînes & de le dégager, afin qu'il » puiffe faire fentir à nos ennemis communs tout le poids d'une colere & d'une indignation qu'il retient de» puis fi long-tems. Que fi-nous ne » pouvons pas lui perfuader de pren

dre les armes avec nous, prenons ≫au moins des précautions pour l'em» pêcher de s'unir avec nos ennemis. » Votre fils Seleucus eft à Lyfimachie. »Ordonnez-lui de traverser la Thrace, »& d'aller avec les troupes qu'il a, ra»vager les confins de la Macedoine. » La néceffité de défendre fon bien ne » lui permettra pas de marcher au fe» cours des Romains. Voilà, Seigneur, » ce que je pense à l'égard de Philippe. » Je vous ai fait connoître dès le com»mencement quels étoient mes fenti

mens fur toutes les parties de la guer"re. Si j'avois été cru dès-lors, les » Romains n'apprendroient pas au»jourd'hui de loin la prife de Chal»cis dans l'Eubée,& du Fort de l'Eu» ripe; mais ils verroient de leurs yeux » le feu de la guerre allumé dans l'E

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rurie, dans la Ligurie, & fur toutes « les côtés de la Gaule Cifalpine; & « ce qui leur a déja caufé, & leur cau- « feroit tout de nouveau la plus grande des frayeurs, ils verroient Annibal «. dans le cœur de l'Italie. Je fuis en- « core d'avis que vous faffiez venir « toutes vos troupes tant de mer que « de terre; que votre flotte foit fuivie « d'un grand nombre de barques char- « gées de vivres. Car quoique nous « Toyons ici en petit nombre par rap- « port à la guerre que nous entrepre- « nons, nous ne fommes cependant « que trop pour le peu de provifions que le païs peut fournir. Quand « vous aurez réuni ici toutes vos for- c ces, vous enverrez une partie de « votre flotte à Corfou, afin que de-là « elle empêche les Romains de paffer librement la mer. Vous en ferez paf- « fer une autre fur les côtes de l'Italie « qui regardent la Sardaigne & l'Afri- « que. Vous vous avancerez vous-mê- « me jufques dans le territoire de Byl- « line, d'où vous garderez la Gréce menaçant continuellement les Roc mains de paffer en Italie, comme « vous y pafferez en effet, fi la néceffi- « té le demande. Voilà les fentimens

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