Obrazy na stronie
PDF
ePub

doient point leurs rangs, il partit comme un éclair à la tête de fa cavalerie: après avoir ordonné aux gens de pied de le fuivre promptement, & vint fondre avec une impétuofité fans égale, accompagnée des cris menaçans de tout fon monde, fur le Corps-de-Garde des ennemis qui ne s'attendoient à rien moins. Une attaque fi brufque effraya non-feulement les hommes, mais encore les chevaux, qui rompant leurs licols, augmenterent encore par leur fuite le défordre & la confufion des affiégeans. Il ne leur fut pas même aifé de feller, de brider & de monter ceux que la peur n'avoit pas emportés, les Achéens caufant parmi eux un tumulte qu'on n'eut jamais attendu d'un fi petit nombre. L'Infanterie de Diophanes s'étant jettée à fon tour fur les ennemis épars de côté & d'autre, & à moitié endormis, en fit un grand carnage, & mit en déroute ceux qui pûrent échapper à fes coups. Diophanes les ayant pourfuivis tant qu'il le pût fans s'expofer, rentra triomphant dans la Ville, après avoir fignalé la valeur de la Nation Achéenne & mérité l'eftime de tous les habitans de Pergame, fant hommes que femmes, qui avoient

,

vú fon action de leurs murailles.

Le lendemain les troupes de Seleucus fe pofterent à cinq cens pas plus loin de la Ville, mais dans un meilleur ordre, & avec plus de circonfpection. Les Achéens de leur côté s'avancerent dans le même-tems & dans le même lieu que la veille. Pendant plufieurs heures, les deux partis fe tinrent l'un & l'autre en refpect, comme s'ils euffent attendu l'affaut de l'ennemi de moment à autre. Un peu devant le coucher du Soleil, dans le tems qu'on a coutume de rentrer dans le camp, les affiégeans commencerent à raffembler leurs Enfeignes & à battre la retraite. Diophanes ne quitta point fon pofte, tant qu'il fut à portée d'être apperçu: d'eux. Mais dès qu'ils l'eurent perdu de vûë, il vint attaquer leur arrieregarde avec la même vigueur & dans le même ordre que le premier jour; & leur caufa encore une telle épouvante, qu'ils laifferent tuer ceux qui étoient à la queue, fans qu'aucun fe retournât pour faire tête aux Achéens; & fe retirerent dans leur camp avec une extrême confufion, & gardant à peine l'ordre de leur marche. Cette audace des

Seleucus le

ve le Siége de

Achéens força enfin Seleucus de re- pergame.

noncer au Siége de Pergame, & d'abandonner le païs. Antiochus ayant appris que les Romains étoient arrivés avec Eumenes pour fecourir Adramytte, s'éloigna de cette Ville, mais ravagea tout le païs d'alentour. Il prit enfuite de force * Perée qui étoit une Colonie de Metelin; puis Cotton Corylene, Aphrodifie, & Crene, toutes du premier affaut. De-là il s'en retourna à Sardes en paffant par Thyatire. Pour Seleucus, il refta fur les côtes maritimes, d'où il donnoit de la crainte à quelques Villes, pendant qu'il raffuroit les autres. Les Romains, Eumenes & les Rhodiens allerent d'abord à Metelin, & de-là, en rebrouffant chemin ramenerent la Flotte à Elée d'où elle étoit partie. Ils aborderent enfuite dans l'Ifle appellée Bachie, qui commande Phocée où ils avoient deffein d'aller; & après avoir pillé les Temples qu'ils avoient refpectés d'abord, & en avoir enlevé les ftatuës qui étoient très-belles & en grand nombre dans cette Ifle, ils s'approcherent de la Ville même dans le deffein de lui donner l'affaut. Mais jugeant que

[ocr errors]
[ocr errors]

,

* Le nom de ces Villes eft peu connu dans la Géographic.

[ocr errors]
[ocr errors]

fans le fecours des ouvrages & des travaux il leur feroit impoffible de l'emporter avec leurs feules armes & leurs échelles, furtout depuis qu'un renfort de trois mille hommes envoyé par Antiochus y étoit entré, ils abandonnerent auffi-tôt ce projet, & ramenerent leurs Vaiffeaux dans l'Ifle bornant toute leur expédition au pillage des terres qui font autour de la Ville.

Alors Eumenes fut renvoyé chez lui pour préparer au Conful & à fon armée, toutes les chofes dont il avoit befoin pour paffer l'Hellefpont. La Flotte des Romains retourna à Samos. avec les Vaiffeaux des Rhodiens, où elle se tint à la rade, pour être à portée de s'opposer aux mouvemens que Polyxenidas pourroit faire du côté d'Ephefe. Pendant le féjour qu'elle y fit M. Emilius frere du Préteur mourut. Les Rhodiens, après avoir célébré fes funerailles, en partirent avec treize de leurs Galeres une Quinquereme de Cos, & une de Cnide; & allerent fe mettre à la rade auprès de Rhodes pour empêcher le paffage de la Flotte, qu'on difoit être partie de Syrie. Deux jours avant qu'Eudamus vint de Sa-.

[ocr errors]
[ocr errors]

mos avec fa Flotte, Pamphilidas qu'on avoit déja envoyé au-devant de cette Flotte avec treize Vaiffeaux Rhodiens, y ayant encore joint en paffant quatre Galeres qui gardoient la Carie, delivra Dedale, & quelques autres petits Forts que les Syriens étoient fur le Les Rho- point de forcer. Eudamus eut ordre diens vont de fe remettre fur le champ en mer la Flotte de après avoir ajoûté fix Brigantins à la Syrie,

au-devant de

[ocr errors]

Flotte qu'il avoit amenée. Il fit tant de diligence qu'il joignit les Vaiffeaux de Pamphilidas au Port de Megifte, malgré l'avance qu'ils avoient fur lui. Tous ensemble ils vinrent à Phafelis, où ils crûrent qu'il étoit à propos d'attendre les ennemis.

Phafelis eft fituée fur les confins de la Lycie & de la Pamphilie. Elle s'étend fort avant dans la mer ; & c'est la premiere terre qu'apperçoivent ceux qui vont de la Cilicie à Rhodes. La raifon qu'ils eurent de choifir ce pofte, c'eft qu'il n'y en avoit point où ils pûffent découvrir de plus loin la Flotte des ennemis. Mais ce qu'ils n'avoient pas prévû, le mauvais air qu'on y refpire, principalement en Eté caufa dans la Flotte des maladies qui attaquerent furtout les rameurs. En

[ocr errors]
« PoprzedniaDalej »