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l'occafion. Qu'en ce cas il avoit befoin d'un nombre extraordinaire de Vaiffeaux, pour être en état de tenir tête aux ennemis. C'eft pourquoi il avoit envoyé Annibal en Syrie, pour en faire venir les Vaiffeaux des Pheniciens; & avoit ordonné à Polyxenidas de radouber les anciens qu'il avoit déja, & d'en faire conftruire de nouveaux, perfuadé que le fouvenir de fa défaite le rendroit plus foigneux & plus attentif à bien s'acquitter de cette commiffion. Pour lui il paffa l'hyver dans la Phrygie où il ramaffoit les fe cours de toutes les Provinces. Il avoit envoyé jufque dans la Gallo-Grece, dont les habitans les plus belliqueux de toute l'Afie, n'avoient pas encore dégénéré de la valeur des Gaulois leurs ancêtres qui étoient venus s'établir dans ce païs. Il avoit laiffé fon fils Seleucus dans l'Éolide avec une armée pour contenir les Villes maritimes dans le devoir. Car elles étoient follicitées du côté de Pergame par Eumenes, & par les Romains de celui de Phocée & d'Erythrée. La Flotte Romaine hyvernoit à Canes, comme on l'a déja dit. Ce fut-là qu'il vint trouver Livius au milieu de l'hyver avec deux mille

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hommes de pied & cent cavaliers ; & lui ayant fait entendre qu'on pouvoit faire un butin confidérable dans un territoire des ennemis qui étoit fitué aux environs de Thyatire, à force de le preffer, il l'engagea à l'envoyer de ce côté-là avec cinq mille hommes. Et en effet, en très-peu de jours il en enleva de très-riches dépouilles.

Il s'étoit cependant élevé une fédition à Phocée par les intrigues de ceux qui vouloient engager les habitans dans le parti d'Antiochus. Les quartiers d'hyver de la Flotte Romaine leur étoient à charge auffi-bien que le tribut qu'ils étoient obligés de payer, & les cinq cens robes & autant de tuniques qu'ils devoient fournir; fans parler de la difette des bleds, fi grande que la Flotte & la Garnifon furent même obligées de fe retirer: ce qui donna aux partisans du Roi une liberté entiere de foulever la Ville en fa faveur, par les harangues qu'ils faifoient contre les Romains dans toutes les affemblées. Il est vrai que le Sénat & les Grands tenoient autant qu'ils pouvoient pour eux ; mais les auteurs de la révolte avoient plus de crédit fur l'efprit de la multitude. Les Rho

Romaine va

leipont.

diens,

pour réparer la faute qu'ils avoient faite la campagne précédente, envoyerent dès l'équinoxe du Printems, le même Paufiftrat au fecours des Romains, à la tête d'une Flotte compofée de trente-fix Bâtimens. Déja Livius étoit parti de Canes avec trente La Flotte Vaiffeaux, & les fept Quadriremes dans l'Hel- que le Roi Eumenes lui avoit amenées, & s'avançoit vers l'Hellefpont, pour préparer tout ce qui étoit neceffaire au paffage de l'armée qu'il croyoit devoir venir par terre. Il aborda d'abord au Port appellé des Achéens. De-là il monta à Ilion où il fit un facrifice à Minerve, & reçût avec beaucoup de bienveillance les députés d'Eleonte, de Dardane & de Rhetée, qui venoient lui livrer leurs Villes. De-là il s'avança jufqu'au détroit de l'Hellefpont; & ayant laiffé devant Abyde dix Vaiffeaux pour garder ce paffage, il alla avec le refte de la Flotte affiéger Sefte qui eft vis-à-vis dans l'Europe. Les Soldats les armes à la main attaquoient déja les murailles, lorfque les Gaulois, revêtus de leurs habits facerdotaux, & tranfportés de leur enthoufiafme accoutumé fe prefenterent aux portes, criant qu'ils étoient les Miniftres de

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Cybele, & qu'ils venoient par ordre de cette Déeffe prier les Romains d'épargner cette Ville qui étoit fous fa protection. On ne leur fit aucun outrage; & un moment après le Sénat à la tête de tous les Magiftrats vint rendre la Ville à Livius. La Flotte paffa de-là à Abyde. Livius fit d'abord fonder l'efprit des habitans, tâchant de les engager à fe rendre de bonne grace: mais les voyant déterminés à se défendre, il réfolut d'employer la force. Pendant que ces chofes fe paffoient dans l'Hellefpont, Polyxenidas Ami- Polyxenidas ral de la Flotte Royale, qui étoit un dreffe à Pauexilé de Rhodes, apprit que celle de ge dans lefes compatriotes étoit partie de l'Ifle, quel il le ' prend & le que Paufiftrat qui la commandoit, fait périr. en haranguant le peuple, avoit parlé de lui avec beaucoup de hauteur & de mépris. Picqué de cette injure, & animé d'une haine particuliere contre ce concitoyen,il n'étoit occupé jour & nuit qu'à chercher les moyens de répondre à fes paroles par des effets. Voici comme il s'y prit. Il lui envoya un homme qui étoit connu de l'un & de l'autre, avec ordre de lui dire que Polyxenidas étoit en état de lui rêndre, s'il y confentoit, un grand fervi

&

fiftrat un pié

ce à lui & à toute l'Ifle de Rhodes : & que Paufiftrat à fon tour pouvoit rétablir Polyxenidas dans fa patrie. Paufiftrat étonné demanda à l'Envoyé dequoi il étoit queftion; lui faifant ferment, comme il l'avoit exigé, ou qu'il executeroit la chofe de concert avec Polyxenidas, ou qu'il l'enfeveliroit

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dans un éternel oubli. Alors le confident lui dit que Polyxenidas lui livreroit la Flotte du Roi toute entiere, ou au moins la plus grande partie ; & que pour un fervice fi important, il ne demandoit d'autre récompenfe, que la permiffion de revenir à Rhodes. Paufiftrat jugea l'affaire trop importante pour la rejetter avec mépris, ou la croire avec legereté. Il s'en alla à Panorme, Ville fituée fur la partie de la côte d'Ephese qui appartient aux Samiens, & s'y arrêta pour examiner à loifir le projet qu'on lui propofoit. Les courriers vont & viennent de l'un à l'autre, fans que Paufiftrat fe laiffe perfuader, jufqu'à ce que Polyxenidas, en prefence de l'entremetteur Rhodien, ait écrit, figné & cacheté de fon Sceau une Lettre qu'il lui confie, & par laquelle il affure Paufiftrat, qu'il executera ce qu'il lui a promis.

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